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Le travail n'est-il pour l'homme qu'un moyen de subvenir à ses besoins ?

Publié le 04/01/2004

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Si le travail est un moyen de subvenir à nos besoins, et que par ailleurs, nous reconnaissons que nous avons des besoins et ne pouvons pas y échapper, n’est-il pas alors plutôt une nécessité ? Prétendre qu’il est un moyen laisse en effet entendre qu’il serait un moyen parmi d’autres. Or l’expérience quotidienne tend à montrer le contraire. Mais dira t-on du travail qu’il est encore un moyen s’il est le seul moyen ? Ce qui s’impose à nous n’est plus un moyen mais devient au contraire une nécessité.

  • I – Le travail est-il un moyen ou une nécessité ?

S’il n’est que simple nécessité, alors nous aurons répondu à la question de notre sujet. En revanche, s’il est moyen et non nécessité, c’est qu’il est moyen d’autre chose que de nos besoins. D’où cette seconde question :

  • II – De quoi est-il le moyen (s’il l’est) ?

Les philosophes se sont intéressés au travail d'un certain point de vue. En fait, la question du travail est abordée à l'intérieur d'une anthropologie, c'est-à-dire d'une étude plus générale de l'homme et ses rapports avec la nature. L'intitulé du sujet se place d'emblée dans ce cadre (« Le travail n'est-il pour l'homme qu'un moyen de subvenir à ses besoins ? «). Il s'agit, pour bien en prendre la mesure, de réfléchir sur le travail dans cette « optique « : en quoi le travail est-il propre aux hommes ? Qu'est-ce qui caractérise le travail humain? L'homme se définit-il par son travail ? La question se précise dans la suite : à quoi sert le travail ? Est-ce seulement le moyen de satisfaire des besoins? Il faut s'appuyer sur la formulation du sujet, qui invite à répondre: «non, le travail n'est pas seulement un moyen de satisfaire nos besoins « Que peut-il être d'autre ? Un moyen de se réaliser, de « s'épanouir« dans une profession que l'on a choisie, de créer, de se faire reconnaître par les autres, de s'intégrer dans la société, etc. Toutes ces réponses sont justes. Mais si l'on veut donner au sujet un tour plus philosophique, on devra aller plus loin : faire l'analyse des concepts. Ici, moyen s'oppose à fin. D'autre part, le besoin est une nécessité d'ordre naturel ; dès lors, on doit pouvoir lire en creux, dans le sujet : l'homme n'est-il qu'un être de nature? Son travail est-il aussi naturel que le travail de l'araignée tissant sa toile? Enfin, qu'est-ce qui distingue le travail d'une activité en général? Si vous faites cette analyse, vous définirez la problématique la plus conforme à ce sujet et à ses attendus.

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« II – De quoi est-il le moyen (s'il l'est) ? Proposition de plan : I – Le travail est-il un moyen ou une nécessité ? Référence : Rousseau, second discours « Je ne vois dans tout animal qu'une machine ingénieuse, à qui la nature a donné des sens pour se remonter elle-même, et pour se garantir, jusqu'à un certain point, de tout ce qui tend à la détruire, ou à la déranger.

J'aperçoisprécisément les mêmes choses dans la machine humaine, avec cette différence que la Nature seule fait tout dansles opérations de la bête, au lieu que l'homme concourt aux siennes, en qualité d'agent libre. L'une choisit ou rejette par instinct, et l'autre par un acte de liberté ; ce qui fait que la bête ne peut s'écarter de larègle qui lui est prescrite, même quand il lui serait avantageux de le faire, et que l'homme s'en écarte souvent à sonpréjudice.

C'est ainsi qu'un pigeon mourrait de faim près d'un bassin rempli des meilleures viandes, et un chat sur untas de fruits, ou de grain quoique l'un et l'autre put très bien se nourrir de l'aliment qu'il dédaigne, s'il s'était aviséd'en essayer ; c'est ainsi que les hommes dissolus se livrent à des excès, qui leur causent la fièvre et la mort ;parce que l'Esprit déprave les sens, et que la volonté parle encore quand la Nature se tait. [...] La nature commande à tout animal, et la bête obéit.

L'homme éprouve la même impression, mais il se reconnaîtlibre d'acquiescer, ou de résister; et c'est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualitéde son âme.

» L'homme et l'animal diffèrent en ce que le premier est libre et le second agît par instinct, c'est-à-dire, estcommandé par sa propre nature. En conséquence, pour notre problème, le travail apparaît chez l'homme comme un projet volontaire : l'individu choisitlibrement de s'accomplir lui-même par le travail.

Au contraire, chez l'animal, ce que nous appelons à tort travail n'estqu'une activité instinctive visant à sa propre conservation. Le travail n'est donc pas uniquement voué à satisfaire nos besoins, mais il est également la preuve répétée de notreliberté, c'est-à-dire, de se qui nous différencie de l'animal.

Le travail est donc bien un moyen et non seulement unenécessité.

Il est le moyen de notre liberté. Transition : C'est une distinction de droit qu'opère ici Rousseau.

Tant que travailler relève d'un choix de l'homme, il prouve la liberté humaine.

Mais qu'en est-il dans les faits ? Peut-on librement choisir de ne pas travailler ? La liberté, au contraire, ne doit-elle pas déjà précéder le travail pour que celui-ci la confirme ? II – Le travail peut-il être le moyen d'une libération ? Référence : Marx, Manuscrit de 1844 « Il (l'animal) produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui ou pour son petit ; il produit d'une façonunilatérale, tandis que l'homme produit d'une façon universelle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physiqueimmédiat, tandis que l'homme produit même libéré du besoin physique et ne produit vraiment que lorsqu'il en estlibéré.

[...]C'est précisément dans le fait d'élaborer le monde objectif que l'homme commence donc à faire réellement sespreuves d'être générique.

Cette production est sa vie générique active.

Grâce à cette production, la nature apparaîtcomme son oeuvre et sa réalité.

L'objet du travail est donc l'objectivation de la vie générique de l'homme : carcelui-ci ne se double pas lui-même d'une façon seulement intellectuelle, comme c'est le cas dans la conscience,mais activement, réellement, et il se contemple donc lui-même dans un monde qu'il a créé.

Donc, tandis que letravail aliéné arrache à l'homme l'objet de la production, il lui arrache sa vie générique, sa véritable objectivitégénérique, et il transforme l'avantage que l'homme a sur l'animal en ce désavantage que son corps non organique, lanature, lui est dérobé.De même, en dégradant au rang de moyen l'activité propre, la libre activité, le travail aliéné fait de la vie génériquede l'homme le moyen de son existence physique.

» Marx s'appuie comme Rousseau sur une distinction entre l'homme et l'animal.

Il y a cependant une différence detaille : Chez Rousseau, le travail est signe de la liberté, tandis que chez Marx : « l'homme produit même libéré dubesoin physique et ne produit vraiment que lorsqu'il en est libéré.

», autrement dit, on ne peut dire de l'homme qu'ilproduit que pour autant qu'il est déjà libre.

Le travail n'est donc pas une garantie de notre liberté, ni même un signe.Il n'est véritablement un travail que si l'homme est libre. Le travail n'est donc pas le moyen d'une libération.

Il n'a même pas légitimité à être un moyen.

En effet, dès qu'onl'envisage comme tel, il devient une aliénation, c'est-à-dire une négation de notre liberté qui doit toujours leprécéder.. »

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