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Le travail n'est-il que servitude ?

Publié le 29/01/2004

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travail
L'intitulé pose le travail comme une servitude. Comment pourrait-il être autre chose ? Cette qualité de servitude n'anéantit-elle pas toute fin ? L'idée de servitude renvoie à un type d'esclavage historiquement déterminé. Bien sûr, le terme dépasse ce cadre, mais il incite à se rappeler qu'il n'y avait pas de servitude sans féodalisme, pas de serfs sans seigneurs. D'où un dépassement possible : parler du travail en général et pour tous, n'est-ce pas cacher la réalité d'un travail inégalement distribué ? Le travail n'est-il pas aliénation pour certains, libre usage des facultés humaines pour d'autres, et les deux ne sont-ils pas solidaires ? Marx, Manifeste du parti communiste ; Lafargue, Le droit à la paresse.
• L'origine du mot suggère l'idée d'un assujettissement pénible. Travail vient en effet du latin populaire tripalium, qui désigne d'abord un appareil formé de trois pieux servant à maintenir les chevaux difficiles pour les ferrer, puis un instrument de torture. De même, le latin labor, d'où sont issus les mots «labeur« et «labour «, évoque tout à la fois le travail et la peine. C'est que le travail est d'abord une nécessité vitale. Il exprime le dénuement originel de l'homme, qui ne parvient à survivre dans la nature qu'au prix d'un effort douloureux. Rien de ce dont il a besoin pour vivre ne lui est donné. Pour manger, pour se chauffer, pour se vêtir, il doit se dépenser sans compter. Abandonné au sein d'une nature indifférente ou hostile, l'homme est en quelque sorte condamné à transformer sans relâche son milieu pour subvenir à ses besoins les plus impérieux. • Ainsi, dans la tradition judéo-chrétienne, le travail est un châtiment. L'Éternel punit le premier péché en chassant Adam du jardin d'Éden et en l'obligeant à cultiver désormais une terre maudite qu'envahissent les épines et les chardons. « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front «, dit Dieu à Adam (Genèse, III, 19).
  • [I — Le travail est servitude]
  • [II - Travail et besoins]
  • [III — Travail et humanisation]

travail

« présente sous un double aspect, que Marx caractérise brièvement comme suit : « 1.

Le rapport entre l'ouvrier et les produits du travail comme objet étranger et comme objet qui le domine.

Ce rapport est en même temps son lien avec le monde environnant sensible,avec les objets de la nature, monde sensible hostile à l'ouvrier. 2.

Le rapport du travail avec l'acte de production à l'intérieur du travail.

C'est la relation de l'ouvrier avec son activité propre comme avec une activité étrangère, qui ne lui appartient pas, uneactivité qui est souffrance, une force qui est impuissance, une procréation qui est castration. » C'est donc à la fois le rapport du travailleur avec le produit de son travail et son rapport avec cetravail lui-même qui portent la marque de l'aliénation.

Le premier a d'ailleurs pour corollaire unrapport aliéné à la nature. Précisons.

L'ouvrier est d'abord aliéné par rapport à son produit.

Celui- ci lui échappe.

Aussitôt qu'il est créé, l'ouvrier en est dépossédé : « L'objet que le travail produit, le produit du travail, vient s'opposer au travail commes'il s'agissait d'un être étranger, comme si le produit était une puissanceindépendante du producteur. » L'ouvrier ne perd pas seulement son produit, mais son produit se présente en face de lui comme une puissance hostile :transformé en capital, il devient l'instrument d'exploitation de sa force detravail.

Plus le capital s'accroît du fruit de son travail, et plus il se pose face àl'ouvrier en maître, plus l'ouvrier doit en passer par ses conditions, car, unefois que le capital domine le système économique tout entier ou presque toutentier, l'ouvrier ne peut plus vivre qu'en se louant à lui.

Le produit du travail devient ainsi, en face de l'ouvrier,objet, il se tient en face de lui comme une chose qui ne lui appartient pas et à laquelle il se trouve opposé commesujet. Situation contradictoire tant du capital, qui ne peut subsister comme capital qu'en accroissant la misère de l'ouvrier, que de l'ouvrier, qui ne peut subsister comme ouvrier qu'en accroissant le capital.

Richesse et misère à lafois.

Et la richesse croît dans la même proportion que la misère : « Certes, le travail produit des merveilles pour les riches, mais pour le travailleur il produit le dépouillement.

Il produit la beauté, mais pour l'ouvrier c'est l'infirmité.

Ilremplace l'ouvrier par les machines, mais il rejette une partie des ouvriers vers un travail barbare et transformel'autre moitié en machines.

Il produit l'esprit, mais pour l'ouvrier il produit l'absurdité, le crétinisme. » L'ouvrier n'est pas moins aliéné, en un second lieu, dans l'acte même de la production.

C'est même là qu'est la cause de son aliénation par rapport à son produit.

« Premièrement , dit Marx , le travail est extérieur à l'ouvrier, cad il n'appartient pas à son être ; par conséquent, il ne s'affirme pas dans son travail, bien au contraire, il s'yrenie ; loin d'y être heureux, il s'y sent malheureux ; il n'y développe aucune énergie libre, ni physique, ni morale,mais y mortifie son corps et y ruine son esprit.

Et c'est pourquoi l'ouvrier ne se sent chez lui que lorsqu'il a quittéson travail ; quand il travaille, il ne se sent pas ‘à la maison' ». Un tel travail, l'homme ne peut pas l'accomplir librement ou spontanément, il faut qu'il y soit contraint : « Son travail par conséquent n'est pas volontaire mais forcé ; c'est du travail forcé.

Il n'est donc pas la satisfaction d'unbesoin, mais un moyen pour satisfaire des besoins extérieurs à lui-même.

Que le travail soit parfaitement étranger àl'ouvrier nous est clairement démontré par le fait qu'on fuit devant le travail comme devant la peste, quand iln'existe pas de contrainte physique ou autre.

Le travail extérieur, le travail dans lequel l'homme sort de lui-même,est un sacrifice de soi, une mortification. » Finalement le travail, extérieur à l'homme, imposé à l'homme, n'est plus même son travail. Ainsi, le travail, activité proprement humaine de l'homme, assurant sa domination sur le monde naturel et sa supériorité sur le monde animal, échappe ici à l'ouvrier : celui-ci n'accomplit pas son travail, mais un travail qu'il avendu et aliéné, un travail qui ne lui appartient plus, parce qu'il a loué pour un temps donné sa force de travail. De cette aliénation d'une activité essentiellement humaine, il résulte que les autres activités de l'homme perdent en l'ouvrier tout leur caractère de « culture » humaine et sont rabaissées à l'animalité.

L'homme privé deson travail se retrouve exclusivement dans l'exercice de ses fonctions inférieures ; mais celles-ci, exercées commedes fins en elles-mêmes, sont proprement instinctives ou animales : la liberté, qui y cherchait un refuge, disparaît enréalité. A l'aliénation dans le produit et dans l'acte du travail, Marx ajoute ces deux autres caractères importants du travail aliéné : aliénation de l'homme par rapport à la nature et de l'homme par rapport à l'autre homme. ¨ L'aliénation de l'homme par rapport à son produit implique l'aliénation par rapport à la nature.

Celle-ciprend pour l'homme figure d'ennemie.

C'est sur la nature que s'exerçait le travail ; l'homme s'objectivait enelle ; il produisait en quelque sorte la nature ou plutôt la reproduisait à travers chaque produit particulierde son activité.

Mais, lorsque son produit lui est enlevé c'est la nature tout entière qui cesse d'êtresienne. ¨ L'aliénation de l'homme par rapport à l'homme, dernière caractéristique du travail aliéné pour l'ouvrir, est. »

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