Devoir de Philosophie

Le travail est-il uniquement un concept économique ?

Publié le 23/01/2004

Extrait du document

travail
« Ce qui distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeille la plus experte, écrit Marx, c'est qu'il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. » * Le travail salarié constitue, selon Nietzsche, « la meilleure des polices » : « il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance ». Les deux caractéristiques qui définissent en premier lieu le travail, c'est qu'il est à la fois pénible et inévitable, qu'il est une triste nécessité. Tout au plus peut-on parfois parler d'un plaisir ou d'une joie dans le travail, mais il semble souvent que les deux éléments restent étrangers l'un à l'autre, et que la joie dans le travail ne soit pas toujours une joie du travail, mais uniquement la satisfaction liée à ce qu'il procure. Comment articuler ce qui relève des nécessités de la survie et la poursuite du bonheur, le minimum et le maximum ? On peut par ailleurs hésiter sur ce qui est travail et ce qui ne l'est pas. Ces hésitations, si elles ne signalent pas seulement une pensée prise au piège des mots, posent le problème de l'unité de ce concept. Les différents sens du mot « travail » : effort, accomplissement ou obligation, recouvrent-ils une activité unique ou n'y a-t-il là qu'une simple homonymie ? Que l'on doive travailler, c'est une réalité qui n'a pas nécessairement une signification morale, puisque cette contrainte s'impose à nous de toute façon comme une nécessité pratique, vitale, biologique. Comment relier cette nature première à la valorisation morale du travail, aux exigences de justice et d'égalité qui se manifestent pourtant à son sujet ?

Toute société humaine est fondée sur un partage du travail entre ses différents membres. La nécessité du travail est pourtant vécue comme une malédiction pénible. L'étymologie même du mot « travail « renvoie à un instrument de torture ; Dieu condamne d'ailleurs Adam au travail, qui est le châtiment du péché originel. Le travail est donc une nécessité vitale à laquelle l'homme semble condamné, car, contrairement aux animaux, il ne trouve pas dans la nature de quoi satisfaire immédiatement ses besoins : les vêtements ne se tissent pas tout seuls, la terre doit être cultivée. L'invention des machines ne résout pas le problème puisqu'il faut encore des hommes pour les concevoir et les réparer.

travail

« l'homme qui travail est également un homme économique. L'homme se distingue de l'animal de nombreuses façons : il est doté d'une conscience, a le sens de la religion, est capable depensée et de paroles, etc.

Il suffit de considérer qu'il produitses moyens d'existence pour le différencier radicalement del'animal.

Produisant ses moyens d'existence, il produit sa viematérielle.

Le travail est une relation de l'homme à la nature,par rapport à laquelle l'homme joue lui-même le rôle d'unepuissance naturelle.

Utilisant son corps pour assimiler desmatières, il leur donne une forme utile à sa propre vie.

Etmodifiant la nature extérieure, il modifie en retour sa proprenature et développe ses facultés par l'exercice du travail.

Lesanimaux, eux aussi, "travaillent" lorsqu'ils accomplissent desopérations semblables à celles des artisans : l'araignée tisse satoile comme un tisserand, et l'abeille confectionne les cellulesde sa ruche comme nul architecte ne saurait le faire.

"Mais cequi distingue dès l'abord le plus mauvais architecte de l'abeillela plus experte, c'est qu'il a construit la cellule dans sa têteavant de la construire dans la ruche." Le propre du travailhumain est d'être l'aboutissement de ce qui préexistaitidéalement en lui.

Le travail n'est pas une simpletransformation, un changement de forme dans la matièrenaturelle, c'est la réalisation d'un but ou d'un projet dont on a préalablement conscience, et quiconstitue la loi de l'action à laquelle on subordonne durablement sa volonté.

Tout travail exige uneffort, une tension constante de la volonté, d'autant plus que le travail est moins attrayant, et quel'homme ne peut y réaliser ses forces génériques. § C'et la thèse que semble défendre Foucault dans Les mots et les choses , VIII.

En effet, pour lui, le travail n'est apparu que du jour où les hommes se sont trouvés trop nombreux pour jouir des biens dela nature.

Il y avait donc menace de mort au sens où les biens de la nature étaient devenus troprares pour les hommes qui eux ne cessaient d'augmenter leur nombre.

Or, selon Foucault, l'humaniténe travaille que sous la menace de la mort, ce qui signifie que ce n'est que lorsque les biens de lanature sont devenus rares que l'homme s'est mis à travailler.

Se développe alors dans ce contexte lanécessité de trouver des ressources nouvelles, des richesses permettant la survie des hommes.

D'oùle caractère purement économique du travail, l'économie étant ce qui concerne la production derichesses dans un contexte de carences.

Ainsi ce qui rend l'économie possible est une perpétuelle etfondamentale situation de rareté.

L ' « homo oeconomicus » est celui qui travaille pour échapper à l'imminence de la mort.

Le travail est alors un concept purement économique mais l'homme égalementest un travailleur et donc un « homme économique ». § Aussi travail et consommation vont-ils de paire, e que développe Arendt, dans la Condition de l'homme moderne , dans la mesure où les processus de travail sont entretenus par la perpétuité des processus de consommation.

Or, c'est par les objets de la consommation que celle-ci peut être analysée, dansla mesure où c'est proprement leur statut particulier qui va permettre de comprendre celui de laconsommation.

En effet, si la consommation est quelque chose de durable, qui se perpétue sans cesse, entraînant avec elle la perpétuation des processus de travail, c'est parce que le statut desobjets et surtout le rapport des hommes aux objets s'est modifié avec l'apparition de la sociétémoderne.

La consommation est donc à la fois ce qui détermine le statut des objets et ce qui enmodifie le rapport aux hommes, mais elle est également ce qui est engendré par les changements desrapports entre les sujets et les objets, ce qui fait que consommation, travail et condition modernesont des processus qui s'entretiennent eux-mêmes, formant un engrenage non divisible, dont chacunedes parties influence le mouvement des autres et donc le tout.

Le travail ne peut alors s'analyser quedans la sphère économique. Mais le travail est pourtant bien un but que s'assigne l'homme.

N'est-il pas également un concept métaphysiquepermettant de définir l'homme dans son rapport à la vie ? Faire du travail un concept purement économique n'est-ilpas réducteur ? II) Le travail comme concept métaphysique : travail et liberté. § Le travail apparaît comme ce qui est nécessaire à l'homme et donc comme ce dans quoi l'hommes'épanouit.

Le travail est alors une spécificité de l'homme, ce qui le distingue des animaux et il est cequi permet à l'homme d'agir sur le monde et les choses et ainsi d'être libre. § Dans ses Réflexions sur l'Education , Kant émet cette idée selon laquelle le travail apparaît comme ce par quoi l'homme donne un sens à sa vie.

L'homme est en effet le seul animal qui soit voué au travail.Or, il faut à l'homme des occupations, même si ce sont des contraintes.

Cela rempli l'homme d'un butprécis, ce qui permet à l'homme de ne pas se sentir lui-même.

Cette théorie se rapproche de celle de. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles