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L'unanimité est-elle un critère de vérité ?

Publié le 09/04/2004

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L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon les moments (le monde ne m'apparaît pas de la même façon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectives d'observation (une tour vue carrée de près paraît ronde de loin). Pour les sceptiques il n'y a pas de vérités objectives mais seulement des opinions subjectives toutes différentes. Que faut-il penser du scepticisme ? A l'exemple de ceux qui « prouvaient le mouvement en marchant « nous pourrions alléguer le fait que la science moderne a réfuté le scepticisme en affirmant des « vérités « qui font aujourd'hui l'accord de tous les esprits compétents. Mais plus fondamentalement on peut remarquer que le scepticisme se contredit en s'énonçant : car il se donne pour la vraie théorie de la connaissance. Poser comme vérité que la vérité est inaccessible, c'est au moins reconnaître une vérité et par là démentir sa propre thèse. Toute pensée qui s'énonce vise une vérité, se reconnaît faite pour la Vérité, et tend à poser implicitement sa propre valeur. La vérité, en art et en science, fait l'unanimité Toute loi scientifique est tenue pour vraie à partir du moment où l'ensemble de la communauté scientifique en reconnaît la validité. En art, ainsi que le dit Kant,  «« Est beau ce qui plaît universellement sans concept « (Critique de la faculté de juger). Le fait que la satisfaction esthétique soit universelle, valable pour tous découle de la première définition.

  • Introduction

Il faut tout d’abord correctement définir les termes du sujet afin d’en faire surgir la problématique.

  • Unanimité

Conformité d’opinion ou d’intention entre tous les membres d’un groupe.

  • Critère

Caractère, signe qui permet de distinguer une chose, une notion; de porter sur un objet un jugement.

  • Vérité

1- Ce à quoi l’esprit peut et doit donner son assentiment (par suite d’un rapport de conformité avec l’objet de pensée, d’une cohérence interne de la pensée); connaissance à laquelle on attribue la plus grande valeur. 2- Connaissance conforme au réel; son expression; les faits qui lui correspondent en tant qu’ils sont exprimés, connus ou à connaître (opposé à erreur, ignorance ou à invention, mensonge).

« Le sophiste Protagoras , écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cette méthode ». Selon Protagoras , « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humain universel, semblable en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sens individuel du mot homme,« ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote , « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, tellespour toi elles existent » (Platon , « Théétète », 152,a). Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité des opinions individuellesportant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient à poser que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » ( Aristote ).

C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction., selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ».

Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.

En effet, d'une part, s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitement le rejet duprincipe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition deprincipe ; et d'autre part, réclamer la démonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une« grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ». C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme. Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement quelque chose ».

Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur.

Or, précisément, affirmerl'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage.

Si dire « ceci est blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.

Le négateur du principe de contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même ».

En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non pas seulement les opposés, mais toutes choses, et les sonsqu'il émet, n'ayant plus de sens définis, ne sont que des bruits.

« Un tel homme, en tant que tel, est dès lors semblable à un végétal. " Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par le langage, elle détruit aussicorrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers.

Si le blanc est aussi non-blanc, l'homme non-homme, alors iln'existe plus aucune différence entre les êtres ; toutes choses sot confondues et « par suite rien n'existe réellement ». Aucune chose n'est ce qu'elle est, puisque rien ne possède une nature définie, et « de toute façon, le mot être est à éliminer » (Platon ). La réfutation des philosophes qui, comme Protagoras , nient le principe de contradiction a donc permis la mise en évidence du substrat requis par l'idée de vérité.

Celle-ci suppose qu'il existe des êtres possédant une nature définie ; et c'est cettestabilité ontologique qui fonde en définitive le principe de contradiction dans la sphère de la pensée.

C'est donc l'être qui estmesure et condition du vrai, et non l'opinion singulière.

« Ce n'est pas parce que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc qu'en disant que tu l'es nous disons la vérité » (Aristote ). Puisque, s'il est vrai que tout est vrai, le contraire de cette affirmation ne saurait être faux, le relativisme trouve sa véritédans le scepticisme.

Dire que tout est vrai, c'est dire tout aussi bien que tout est incertain et que rien ne peut être dit vrai. Il apparaît que le scepticisme comme le relativisme est une position intenable.

Dès qu'il se dit il se contredit. La vérité, en art et en science, fait l'unanimitéToute loi scientifique est tenue pour vraie à partir du moment où l'ensemble de la communauté scientifique en reconnaît lavalidité.

En art, ainsi que le dit Kant, «« Est beau ce qui plaît universellement sans concept » (Critique de la faculté de juger).

Lefait que la satisfaction esthétique soit universelle, valable pour tous découle de la première définition.

En effet être sensible à labeauté relève d'une sensibilité purifiée de la convoitise, de la crainte, du désir, du confort ...

bref de tous les intérêts particuliers.Ce plaisir éprouvé n'est donc pas celui d'un sujet enfermé dans sa particularité et ce dernier peut à juste titre dire: « c'est beau »,comme si la beauté était dans l'objet.

Il peut légitimement s'attendre à ce que tout autre éprouve la même satisfaction.

Même sije n'aime pas la musique de Mozart ou la peinture de Picasso, je dois reconnaître qu'elle est unanimement tenue pour belle.De même, en science, une idée ne peut être tenue pour vraie que si elle est partagée de toutes la communauté scientifique.

Parexemple, l'énoncé "l'eau bout à 100 degrés" peut être tenue pour certaine car les scientifiques du monde entier partagent cetteassertion. [La plupart du temps, l'unanimité ne se fonde pas sur la raison, mais sur des croyances, de simples opinions.

Les grands découvreurs se sont heurtés à l'incrédulité voire à l'hostilité de leurs contemporains.] L'unanimité n'est pas un critère de vérité.L'opinion fait souvent de l'unanimité le critère de la vérité.

On dit: "Tout le monde est d'accord pour dire que..." comme preuve dela vérité de quelque chose.

Mais, précisément parce qu'elle est l'opinion, l'opinion ne fonde pas ses jugements en raison.

L'opinionfaisant de l'unanimité le critère de la vérité est donc sans valeur.

De fait, il ne semble pas, pour plusieurs raisons, que l'on puisseposer l'unanimité comme critère de vérité.

Il convient en effet d'abord de savoir à quelle unanimité on songe.

Il estmatériellement impossible qu'il s'agisse de l'unanimité effective de la totalité des esprits, de tous les hommes sans exception,. »

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