Devoir de Philosophie

L'utopie n'est-elle que l'envers de l'histoire ?

Publié le 16/02/2011

Extrait du document

histoire

• Nouveau Vocabulaire des études philosophiques (Hachette) : Utopie : « Néologisme formé par Th. More à l'aide du grec ou (non) et topos (lieu) pour désigner la cité imaginaire qu'il décrit; d'où, par extension, description d'une société ou d'un avenir meilleur considéré comme irréalisable, chimérique. « Ne pas confondre « utopie « et « mythe «. Bien voir que l'utopie est « considérée « comme irréalisable et non nécessairement irréalisable. • L'utopie comme « appel « à la pratique. S'interroger sur ses liens avec la « futurologie « ou la « prospective « que Gaston Berger définit comme l'attitude qui consiste à « construire le présent à partir du futur au lieu de le considérer comme une sécrétion du passé «.

histoire

« comme point de vue critique.

Elle est donc déterminée et doit se lire en fonction de l'histoire d'une société danslaquelle elle se voit apparaître, c'est-à-dire du point de vue de son émergence.

En ce sens elle enseigne comme lemonde devrait être et c'est bien ce que nous dit Hegel dans la préface à sa Philosophie du droit en ajoutant que l'utopie vient toujours trop tard parce qu'elle fait une lecture à posteriori de l'histoire ce qui explique cet « envers »de l'histoire et ce « négatif photographique » qu'elle constitue : « Pour dire encore un mot du fait d'enseigner comment le monde doit être, la philosophie au reste vient toujours trop tard pour cela.

En tant que pensée du monde, elle n'apparaît qu'à l'époque où la réalité effective a achevé son processus de formation et en a fini avec lui.Ce qu'enseigne le concept, l'histoire le montre aussi nécessairement, à savoir que c'est seulement dans la maturitéde la réalité effective que l'idéal apparaît en face du réel, et qu'il conçoit pour lui-même le même monde, dans sasubstance, et l'édifie dans la figure d'un royaume intellectuel.

Quand la philosophie peint son gris sur gris, c'estqu'une figure de la vie est devenue vieille, et on ne peut seulement la connaître ; la chouette de Minerve ne prendson vol qu'à la tombée du crépuscule ». b) Or c'est bien ce que l'on peut voir avec l'utopie que développe Thomas More dans son ouvrage éponyme et donnant un nom au genre : Utopia .

En effet, on peut lire l'utopie de More comme l'instrument d'une critique sociale et politique de la société réelle notamment celle des citoyens anglais du XVIe siècle dans la mesure où les lois devertus et des mœurs des « utopiens » s'opposent aux vices de l'Angleterre du XVIe siècle.

En effet, comme le noteSimone Goyard Fabre, on peut voir dans l'Utopie de More de 1516, alors chancelier d'Angleterre « un appelpathétique pour sauver l'humanité » (dans sa présentation de l'ouvrage).

Mais bien plus qu'un « envers del'histoire », l'utopie se présente comme une transcendance de l'histoire dans la mesure où elle projette an-historiquement dans la conscience.

Et c'est en aussi qu'elle est « envers » de l'histoire puisqu'elle n'est pas l'histoire,qui suppose un processus que l'on définit paradigmatiquement comme linéaire.

L'utopie est donc au moins une triplefonction : elle est un point de vue sur l'histoire et évoque de manière critique un point de vue réaliste sur l'histoire ;elle a donc une fonction polémique, qui se solde en sa finalité c'est-à-dire un but réformiste. c) Et si elle est bien un « envers » de l'histoire c'est dire alors aussi qu'elle ne saurait s'intégrer correctement dansl'histoire elle-même.

Et c'est bien là le sens de l'Utopie de Thomas More qui se comprend dans son acception étymologique comme un « au-delà ».

Plus exactement, c'est un « hors-lieu » et un « hors-temps ».

La visée del'utopie n'est pas un projet réalisable directement et historiquement, et c'est bien pour cela que les « utopiessociales » comme les phalanstères de Fourrier sont pratiquement impossibles.

L'utopie n'a pas effectivement vocation à être un facteur réel de changement social.

Elle constitue certes une critique mais on doit plus s'eninspirer que de chercher à la réaliser.

C'est pourquoi bien souvent les utopies sont situées sur des îles et conçuescomme des micro-sociétés non exposées au temps.

Ainsi, elles refusent le temps historiques et constitue l'envers del'histoire. Transition : Ainsi l'utopie n'est bien un « envers » de l'histoire en ce qu'elle est anhistorique et qu'elle constitue un point de vuecritique sur les sociétés de son temps comme un négatif photographique en refusant le temps historique lui-même.Cependant, il faut insister sur le « que » de la question du sujet.

En effet, dans l'interrogation « l'utopie n'est-elleque l'envers de l'histoire ? » ce terme désigne véritablement une close exclusive ou restrictive.

Mais bien avantd'envisager cela il convient de poser la métaphore de l'envers de l'histoire de son point de vue critique.

Cet« envers » peut se comprendre aussi comme prendre l'histoire à rebours ou vouloir remonter l'histoire, or n'est-cepas ce que fait l'utopie en ce plaçant dans une situation idéale presque édénique ? II – De l'« envers » à « l'à l'envers » de l'histoire a) En effet, et c'est bien là l'une des critiques fondamentales de Cioran dans Histoire et Utopie .

L'utopie est bien cette conception à rebours du temps.

Elle le conçoit à l'envers ou plus exactement l'utopie cherche à atteindre unesituation idéal qui se trouve dans le phantasme édénique, c'est-à-dire avant le péché originel et la chute d'Adam etEve du Paradis comme la Genèse dans l'Ancien Testament l'explicite. b) Plus exactement, il s'agit comme le met en exergue Cioran dans Histoire et Utopie de « refaire l'histoire avec les moyens de la chute ».

Qu'est-ce que cela signifie ? Tout simplement que l'homme cherche à retourner vers cet âged'or notamment par le travail c'est-à-dire par les effets de la « malédiction divine » si l'on peut dire.

Expliquons :l'homme travaille pour sa subsistance depuis sa chute du paradis telle est sa sanction or c'est avec cela qu'il estcensé se créer un paradis terrestre à l'image du paradis divin.

En ce sens, il s'agit bien de renverser l'histoire c'est-à-dire de la mettre à « l'envers », si l'on nous excuse le jeu de mot.

L'idée est donc celle d'un retour à une périodedans l'histoire humaine révolue.

L'histoire au lieu de se poursuivre de façon linéaire doit alors revenir à sa situationpremière d'avant la chute.

C'est pourquoi on peut parler sans effet de rhétorique d'un « à l'envers » de l'histoire.

Ledéveloppement technique est alors un facteur, comme le travail, un moyen en vue de la création d'une sociétéparfaite claquée sur le modèle divin.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles