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Valeur et importance de la politique ?

Publié le 10/02/2004

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On se figure souvent des républiques et d'autres gouvernements qui n'ont jamais existé. Il y a si loin de la manière dont on vit à celle dont on devrait vivre, que celui qui tient pour réel et pour vrai ce qui devrait l'être sans doute, mais qui malheureusement ne l'est pas, court à une ruine inévitable. Aussi ne craindrai-je pas de dire que celui qui veut être tout à fait bon avec ceux qui ne le sont poins ne peut manquer de périr tôt ou tard. Un prince qui veut se maintenir doit donc apprendre à n'être pas toujours bon, pour être tel que les circonstances et l'intérêt de sa conservation pourront l'exiger. Machiavel, Le Prince, chapitre XV.   Tous les écrivains qui se sont occupés de législation (et l'histoire est remplie d'exemples qui les appuient) s'accordent à dire que quiconque veut fonder un état et lui donner des lois, doit supposer d'avance les hommes méchants, et toujours prêts à déployer ce caractère de méchanceté toutes les fois qu'ils en trouveront l'occasion. Si cette disposition vicieuse demeure cachée pour un temps, il faut l'attribuer à quelque raison qu'on ne connaît point, et croire qu'elle n'a pas eu l'occasion de se montrer ; mais le temps qui, comme on dit, est le père de toute vérité, la met ensuite au grand jour. Machiavel, Discours sur Tite-Live.     II - La politique comme moyen de défendre des valeurs   * Cependant, si la politique est le moyen d'organiser la vie collective, elle repose déjà sur une valeur : celle de la société. Défendre l'organisation collective des hommes, c'est concevoir cette communauté comme une valeur.

« • C'est dans cette perspective que se place Machiavel .

Sa conception de la politique n'est pas « machiavélique » dans le sens courant, c'est-à-dire rusé et dépourvue descrupules, mais il décrit les mécanismes du pouvoir et un ensemble detechniques pour s'en emparer et le conserver.

C'est à la pratique, courante etquotidienne, des gouvernants qu'il s'intéresse, faisant de l'exercice politiqueune science politique. Il s'agit d'une science, c'est-à-dire d'une pratique reposant sur destechniques objectives et non sur une morale ou des valeurs. • La conception de la politique comme simple technique repose aussi sur uneconception particulière de la société : l'homme est méchant et il faut toutmettre en oeuvre pour le contrôler.

C'est parce que les hommes, dans leurvie, ne s'embarrassent pas de valeurs que la politique ne peut reposer sur desvaleurs. "Il s'agit maintenant de voir comment un prince doit se conduire enversses sujets et envers ses amis.

Cette matière ayant déjà été traitéepar d'autres, je crains bien qu'on ne me taxe de présomption si j'ose laconsidérer d'une manière différente de la leur ; mais, comme mon objetest d'écrire pour ceux qui jugent sainement, je vais parler d'après cequi est, et non d'après ce que le vulgaire imagine.

On se figuresouvent des républiques et d'autres gouvernements qui n'ont jamaisexisté.

Il y a si loin de la manière dont on vit à celle dont on devraitvivre, que celui qui tient pour réel et pour vrai ce qui devrait l'être sans doute, mais qui malheureusement ne l'est pas, court à une ruine inévitable.

Aussi necraindrai-je pas de dire que celui qui veut être tout à fait bon avec ceux qui ne le sont point nepeut manquer de périr tôt ou tard.

Un prince qui veut se maintenir doit donc apprendre à n'êtrepas toujours bon, pour être tel que les circonstances et l'intérêt de sa conservation pourrontl'exiger." Machiavel, Le Prince , chapitre XV. En 1513, Machiavel , diplomate originaire de Florence, achève la rédaction du « Prince ».

Suite à un bouleversement politique à Florence, il avait été contraint d'abandonner ses fonctions et de se retirer.

Il profita de cet exil pour rédiger une sorte de traité expliquant à un chef politiquela façon de sauvegarder son pouvoir et même d'accéder à la gloire. L'idée d'un tel ouvrage, constitué par des conseils adressés à un prince, n'était pas neuve en elle-même.

Il existait déjà de nombreux « miroirs des princes » et Machiavel s'insère donc dans une tradition.

Mais il rompit avec l'usage et provoqua le scandale par la manière dont il aborda le problème.

On vit en lui une nouvelle incarnation de Satan et, aujourd'hui encore, quelques commentateurs continuent de le considérercomme un « apôtre du mal ». Le discours humaniste du temps, que récuse Machiavel , s'inspirait des moralistes latins et notamment de Cicéron .

Pour ce dernier et ceux qui se rattachaient à sa pensée au XV ième, la gloire du chef reposait sur une bonne gestion allant de pair avec une conduite vertueuse, cadconforme aux exigences de la morale. Machiavel s'inscrit en faux contre cette thèse.

Le souci premier du Prince doit être de conserver son pouvoir et même de l'accroître à l'occasion.

Si les hommes étaient bons, il pourrait le faire sans jamais s'écarter des grands principes moraux universellement admis.

Mais leshommes sont pour la plupart méchants quand on ne les force pas à être bons.

En conséquence, le Prince sera vertueux, au sens courant du terme,si le contexte le permet, et il ne le sera pas si la situation le lui impose.

En cas de nécessité, il pourra faire des entorses aux grands principes.

Il luisera loisible d'agir contre la parole donnée, contre la charité, contre l'humanité (le respect de l'homme) et même contre la religion.

La fin justifie lesmoyens. Cette idée est exprimée en plusieurs endroits du « Prince » et de « Discours sur la première décade de Tite-Live », et, en particulier, dans le chapitre XV du « Prince » : « Car qui veut entièrement faire profession d'homme de bien, il ne peut éviter sa perte parmi tant d'autres qui ne sont pas bons.

Aussi est-il nécessaire au Prince qui se veut conserver qu'il apprenne à pouvoir n'être pas bon, et d'en user ou n'user pas selon lanécessité. ». Après avoir, dans les premières pages du « Prince », envisagé les différentes formes de gouvernement, Machiavel décide de centrer son propos sur la situation qui peut paraître la plus précaire, celle d'un prince nouveau et qui a été mis en place par une armée étrangère.

Quelsprincipes doit mettre en œuvre ce prince pour se conserver et pour conserver son pouvoir ? Le « Prince » tout entier se propose de répondre à cette question. Machiavel pense que l'on peut tirer des leçons de l'histoire.

En étudiant le comportement des grands hommes, en analysant les causes de leurs échecs ou de leurs succès, il est possible de dégager les principes sur lesquels pourra se fonder une action politique.

Sa conclusion estclaire : on ne fait pas de bonne politique avec de bons sentiments. Il n'est pas important pour le « Prince » d'être bon ou de ne pas l'être.

Celui-ci doit avoir la ruse du renard « pour connaître les filets » et la force du lion « pour faire peur aux loups ».

L'exemple à suivre est celui de l'empereur Sévère qui « fut un très féroce lion et un très astucieux renard ». « Il faut donc savoir qu'il y a deux manières de combattre, l'une par des lois, l'autre par la force ; la première forme est propre aux hommes,. »

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