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La vérité n'est-elle qu'une croyance reconnue de tous ?

Publié le 27/02/2004

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Cette question est provocatrice. Elle remet en cause l'existence même de la vérité en la réduisant à une croyance particulièrement forte et répandue. Elle reflète pourtant une pratique sociale effective. Souvent, nous  pensons qu'une affirmation est vraie dans le mesure où elle est intégrée dans un cadre représentatif de l'opinion générale. Un exemple frappant en est l'expression « C'est vrai, je l'ai vu à la télé ! ». On met ainsi l'accent sur ce qui nous permet de définir ce qui a pour nous valeur de vérité, et non sur ce qui définit la vérité. On indique par là que la fonction de la vérité dépasse certainement le cadre des affirmations que chacun peut effectivement vérifier pour lui-même. La définition de la vérité peut-elle se passer d'une réflexion sur les conditions de sa reconnaissance par tous ?1.       La vérité et ce qui vaut pour vrai.

« q Descartes a ainsi rejeté les autorités pour procéder à la refondation à partir de lui-même de la vérité de toutes les connaissances.

La connaissance est un exercice à mener enson nom propre.

Il ne s'agit pas pour autant d'une croyance individuelle.Au contraire il s'agit de définir un critère de vérité et une méthode deconnaissance qui puissent être reconnus de tous.

La vérité estnécessairement universelle, mais sa généralisation n'est pas un critèrepour la reconnaître. A ~ L'épreuve de vérité. q Cette définition restrictive implique que la vérité relève exclusivement d'un face-à-face solitaire du sujet connaissant et de l'objet. q Or ce rapport suppose en réalité les médiations que sont, par exemple, les expérimentations et les mesures dans les sciences.

La connaissancevraie ne relève pas d'une révélation individuelle, mais implique toujours unecommunauté aux yeux de laquelle cette vérité est fondée. B ~ La communauté des savants. q L'établissement de la vérité nous renvoie à un ensemble de procédures de vérification reconnues par la communautés des savants. q Dans les sciences modernes, il faut que l'expérience puisse être renouvelable par n'importe quel autre savant,que le découvreur fasse connaître les conditions dans laquelle ce qu'il donne pour vrai peut être vérifié. C ~ Une production sociale de la vérité ? q Le rôle prédominant des procédures socialisées de vérification conduit à s'interroger sur la définition de la vérité : faut-il se contenter du face-à-face entre le sujet et l'objet, ou y intégrer les conditions de sareconnaissance par la communauté des hommes ? souvenons-nous des controverses entre laboratoires sur la« mémoire de l'eau ». q Certaines réflexions ont été jusqu'à parler d'une production sociale des faits scientifiques.

Derrière la questionprovocatrice qui fait de la vérité une croyance reconnue de tous, on peut lire une inquiétude sur le statut denos connaissances, alors que la spécialisation des savoirs rend impossible une vérification effective à l'échelleindividuelle. Ø La réalité désigne ce qui existe effectivement. Ø La vérité est une propriété du discours et non de la réalité sur laquelle porte ce discours.

C'est seulement par extension que l'on parle de « vrai or » ou de « vrai cuir ». « Je dus [...] abolir le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance.

» Kant, Critique de la raison pure (2e éd.), 1787. Croyance : « C'est le mot commun qui désigne toute certitude sans preuve.

» Alain, Définitions, 1953 (posth.) « Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances.

[...] Ils peuvent leur infliger les plusconstants démentis sans les affaiblir et une avalanche de malheurs et de maladies se succédant sans interruptiondans une famille ne la fera pas douter de la bonté de son Dieu ou du talent de son médecin.

» Proust, Du côté de chez Swann, 1913. « Les mots doute et croyance, comme on les emploie d'ordinaire, sont usités quand il est question de religion[...].

Je les emploie ici pour désigner la position de toute question grande ou petite et sa solution.

» Charles S. Peirce, Textes anticartésiens, 1984 (posth.). »

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