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Y a-t-il une vérité des apparences ?

Publié le 03/03/2004

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L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible selon le mot de Paul Klee. L'apparence nous fait accéder à une vérité supérieure à celle de la science objective. Aristote dira: « De ce qui a été dit il résulte clairement que le rôle du poète est de dire non pas ce qui a réellement eu lieu mais ce à quoi on peut s'attendre, ce qui peut se produire conformément à la vraisemblance ou à la nécessité. En effet, la différence entre l'historien et le poète ne vient pas du fait que l'un s'exprime en vers ou l'autre en prose (on pourrait mettre l'oeuvre d'Hérodote en vers, et elle n'en serait pas moins de l'histoire en vers qu'en prose); mais elle vient de ce fait que l'un dit ce qui a eu lieu, l'autre ce à quoi l'on peut s'attendre. Voilà pourquoi la poésie est une chose plus philosophique et plus noble que l'histoire: la poésie dit, plutôt le général, l'histoire le particulier. Le général, c'est telle ou telle chose qu'il arrive à tel ou tel de dire ou de faire, conformément à la vraisemblance ou à la nécessité : c'est le but visé par la poésie, même si par la suite elle attribue des noms aux personnages. Le particulier, c'est ce qu'a fait Alcibiade, ou ce qui lui est arrivé. » ARISTOTE in « Poétique » (1451 b). La vérité de l'apparence n'est plus dès lors celle qui ne peut être qu'une mais celle qu'interprète, (re)compose l'artiste. Interpréter, ce n'est pas donner des choses une connaissance univoque, mais au contraire montrer en quoi leur vérité ne s'épuise pas dans une interprétation unique.

« pas « négatrices » de la vie ou dévalorisantes, mais servant l'acceptation de l'existence.

C'est l'artiste quisymbolise le mieux cette défense des apparences.

En fait, l'art est un mensonge.

Il est pourtant une illusionnécessaire car on ne peut vivre avec la vérité.

Puisque nous avons besoin d'illusion, il est nécessaire defalsifier le réel.

L'art est un mensonge qui se donne comme tel.

L'artiste ne prétend pas dire la vérité, aucontraire, car il place l'apparence plus haut que la réalité : l'apparence signifie, pour l'artiste, la réalitéaffirmée dans sa totalité.

[Les apparences et les sens sont trompeurs.

La réalité n'est pas celle que nous percevons à travers le filtre trompeur de nos sens.] La science récuse l'apparence des chosesC'est bien en s'élevant au-dessus des connaissances sensibles que les hommes sont parvenus à déjouer lespièges de l'apparence et saisir la vérité.L'apparence relève, par excellence, du domaine du sensible.

L'apparence est perçue par les sens et non parl'entendement.

Or le sensible, à la différence de l'intelligible, est soumis au changement au devenir.

Il n'y apas de permanence de l'apparence.

Ce qui m'apparaît avec telle ou telle qualité, comme le morceau de ciredonné en exemple par Descartes dans les "Méditations métaphysiques", peut la perdre et m'apparaîtreautrement.

La vérité au contraire doit me monter ce qu'est la chose même: l'apparence ne fait que m'éloignerde cette chose. "Commençons par la considération des choses les plus communes, etque nous croyons comprendre le plus distinctement, à savoir les corpsque nous touchons et que nous voyons.

Je n'entends pas parler descorps en général, car ces notions générales sont d'ordinaire plusconfuses, mais de quelqu'un en particulier.

Prenons pour exemple cemorceau de cire qui vient d'être tiré de la ruche : il n'a pas encoreperdu la douceur du miel qu'il contenait, il retient encore quelque chosede l'odeur des fleurs dont il a été recueilli; sa couleur, sa figure, sagrandeur, sont apparentes; il est dur, il est froid, on le touche, et sivous le frappez, il rendra quelque son.

Enfin toutes les choses quipeuvent distinctement faire connaître un corps, se rencontrent encelui-ci.Mais voici que, cependant que je parle, on l'approche du feu : ce qui yrestait de saveur s'exhale, l'odeur s'évanouit, sa couleur se change, safigure se perd, sa grandeur augmente, il devient liquide, il s'échauffe, àpeine le peut-on toucher, et quoiqu'on le frappe, il ne rendra plus aucunson.

La même cire demeure-t-elle après ce changement ? Il faut avouerqu'elle demeure; et personne ne le peut nier.

Qu'est-ce donc que l'onconnaissait en ce morceau de cire avec tant de distinction ? Certes cene peut être rien de tout ce que j'y ai remarqué par l'entremise dessens, puisque toutes les choses qui tombaient sous le goût, ou l'odorat,ou la vue, ou l'attouchement, ou l'ouïe, se trouvent changées, etcependant la même cire demeure.

Peut-être était-ce ce que je pense maintenant, à savoir que la cire n'étaitpas ni cette douceur du miel, ni cette agréable odeur des fleurs, ni cette blancheur, ni cette figure, ni ce son,mais seulement un corps qui un peu auparavant me paraissait sous ces formes, et qui maintenant se faitremarquer sous d'autres.

Mais qu'est-ce, précisément parlant, que j'imagine, lorsque je la conçois en cettesorte ? Considérons-le attentivement, et éloignant toutes les choses qui n'appartiennent point à la cire,voyons ce qui reste.

Certes il ne demeure rien que quelque chose d'étendu, de flexible et de muable.

Orqu'est-ce que cela : flexible et muable ? N'est-ce pas que j'imagine que cette cire étant ronde est capable dedevenir carrée, et de passer du carré en une figure triangulaire ? Non certes, ce n'est pas cela, puisque je laconçois capable de recevoir une infinité de semblables changements, et je ne saurais néanmoins parcourircette infinité par mon imagination, et par conséquent cette conception que j'ai de la cire ne s'accomplit paspar la faculté d'imaginer. Qu'est-ce maintenant que cette extension (1) ? N'est-elle pas aussi inconnue, puisque dans la cire qui se fondelle augmente, et se trouve encore plus grande quand elle est entièrement fondue, et beaucoup plus encorequand la chaleur augmente davantage ? Et je ne concevrais pas clairement et selon la vérité ce que c'est quela cire, si je ne pensais qu'elle est capable de recevoir plus de variétés selon l'extension, que je n'en ai jamaisimaginé.

Il faut donc que je tombe d'accord, que je ne saurais pas même concevoir par l'imagination ce quec'est que cette cire, et qu'il n'y a que mon entendement seul qui le conçoive; je dis ce morceau de cire enparticulier, car pour la cire en général, il est encore plus évident.

Or quelle est cette cire, qui ne peut être. »

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