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La vérité est-elle différente de la réalité ?

Publié le 05/04/2005

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Toute l'histoire de la vérité témoigne de cette quête inlassable de la vérité dont l'issue balance entre les certitudes dogmatiques et le doute sceptique. Quelle définition nous faut-il donner de la vérité et surtout une telle définition est-elle possible ? La vérité est-elle différente de la réalité ? Quels liens entretiennent vérité et réalité ? La vérité est-elle une adéquation avec le réel ? La vérité fait-elle l'objet d'une réflexion, d'une démonstration qui vient à différer de la réalité ?

  • I. Les rapports entre vérité et réalité

1. Le morceau de cire: L'apparence, trompeuse par excellence, ne peut être corrigée que par un usage adéquat de l'entendement 2. Les choses réelles sont là dans mes sensations

  • II. La vérité est construite par les opérations de l'entendement

1. Vérité et doute 2. L'universel et la vérité

  • III. La vérité comme dévoilementdu réel ?

1. Alain: le double sens de la vérité formelle et matérielle 2. La réalité est une partie de l'être vrai

« Introduction De manière générale, on qualifie de « vrais » ou de « faux » aussi bien des énoncés que des choses, des événements, des situations, etc.

Dans tous lescas, ces qualifications renvoient aux idées de concordance et de non concordance, d'adéquation et de non adéquation, de conformité et de non conformité.Pourtant un énoncé ou une chose (un événement, etc.) ne sont pas vrais de la même façon.

L'énoncé « la terre tourne autour du soleil » est vrai parce qu'ilest conforme à ce que l'on sait de la réalité ; en revanche, si on parle de vraies perles, c'est pour insister que ce ne sont pas des fausses en plastique parexemple ; toutefois, elles n'en restent pas moins réelles.

Mais on ne peut dans l'état actuel de nos connaissances faire l'hypothèse que la terre ne tourneraitpas autour du soleil.

On remarque que c'est le jugement qui change sur la nature des perles par exemple (elles sont vraies ou fausses), mais leur existencen'est pas remise en cause.

Les qualifications des choses comme vraies ou fausses rejoint la définition philosophique traditionnelle de la vérité comme« adéquation de l'esprit et de la chose ».

Beaucoup de philosophes ont confondu, à l'instar du sens commun, vérité et réalité.

La réalité désigne ce quiexiste, ce qui s'impose par les sens (le monde sensible) ou par l'esprit (comme les idées mathématiques).

Mais peut-on prétendre à une vérité totale etsimplement scientifique ? I.

Vérité et réalité a. A l'origine de notre conception du monde et de nos façons de penser, la philosophie grecque pose le logos (discours ou raison) comme étant aussi bien le discours vrai que l'être révélé par ce discours.

Le récit et l'interprétation de l' Allégorie de la caverne (République , L.

V II, 514b-517c) montrent bien comment et pourquoi un philosophe comme Platon identifie la vérité et la réalité.

En effet, le réel sensible est souvent trompeur.

La connaissance sensible est donc limitée aux apparences, elle n'est pas vraie.

Il n'y a alors pour Platon de vérité qu'au-delà des apparences, dans ce qui ne change pas au rythmedes fluctuations.

Il existe ainsi deux ordres de réalité : l'un tient lieu de modèle (le monde suprasensible ou monde des Idées) et l'autre d'infidèle copie(monde sensible) ; ou encore, l'être est la vérité, tandis que les apparences sont sources d'erreurs et d'illusions.

La vérité n'est donc possible que parl'intelligence, seule capable de contempler les Idées, principes de toutes réalités.

D'où aussi les critiques fameuses de Platon adressées aux sophistes,ces marchands de savoirs, qui considéraient que la vérité n'est pas une, mais qu'elle est relative selon le point de vue de chacun : ainsi Protagoras affirmait que « l'homme est mesure de toutes choses », à la différence de Platon pour qui c'est Dieu.

b.

La réalité sensible nous informe souvent moins bien, il est vrai, que la réalité vraie.

Ainsi, nous savons bien que la distance réelle du soleil à la terre est infiniment supérieure à celle dont la vue nous informe.

Mais nul ne peut nier que si seul l'énoncé conforme à cette distance réelle dit la vérité, uneproposition non conforme à cette réalité peut être à la fois fausse et pourvue de sens.

Wittgenstein dira que « la proposition est une image de la réalité : car je connais l'état des choses qu'elle représente, si je comprends la proposition » ( Tractacus Logico-Philosophicus , 4.021).

C'est la proposition qui montre le sens.

Elle est la description d'un état de chose : « La proposition construit un monde à l'aide d'un échafaudage logique et c'est pourquoi on peut reconnaîtreà la proposition comment se comporte tout ce qui est logique, quand elle est vraie » (idem).

Pour Wittgenstein en effet toutes les propositions de logiquesont des propositions tautologiques (cela signifie qu'elles ne renvoient à rien d'autre qu'à elles-mêmes, elles ne désignent rien d'extérieur sur le planempirique).

Elles peuvent être ramenées à des représentations formelles (remplacées par des variables propositionnelles liées à l'aide de connecteurslogiques) et exprimées à l'aide de tableaux de vérité.

c.

Au XVIIe siècle, certains philosophes comme Descartes ou Leibniz fondent la possibilité de représentations vraies de la réalité sur l'existence d'une réalité divine, vraie en elle-même, qui garantit en quelque sorte la vérité du lien établi par la connaissance humaine entre les apparences et ce qui estvéritablement.

Dès lors, selon ces philosophes, le critère le moins discutable de la vérité est son évidence : « Elle se présente si distinctement et siclairement à l'esprit qu'on ne peut la mettre en doute », nous dit Descartes ; ou encore « elle est à elle-même son propre critère » selon Spinoza .

Ce dernier affirmera encore que : « Qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a une idée vraie et ne peut douter de la vérité de sa connaissance » ( Ethique , II, prop. XLIII).

II.

Le rêve de l'unité de la vérité, ou l'illusion de la raison a.

Point de vue et raison sont deux manières pour l'homme, soit de s'échapper du monde réel, soit de mettre en avant ses intérêts.

Ainsi la « décadence » est pour Nietzsche exprimée dans la morale (chrétienne ou utilitariste) et dans la religion.

Les philosophes utilisent la raison pour trouver à tous prix un sens à la vie, une vérité.

Nietzsche montre que compte tenu de la diversité des choses réelles, il est « maladif » de vouloir poser une réalité ou une vérité unique.

La religion aussi est une invention d'un « arrière monde » par l'homme.

Elle permet simplement d'affaiblir l'homme, de lui offrir une consolation (Paradis) totalement incertaine, mais aussi d'accroître le pouvoir de certains (comme les prêtres) qui assujettissent la masse, le peuple docileprêt à tout sacrifier pour ses croyances.

La science n'est elle-même qu'une foi déguisée, et concourt aussi au ramollissement des hommes (cf.

Le gai savoir , la Généalogie de la morale ).

La vie n'est constituée que de points de vue (perspectivisme) ; elle ne peut répondre à un besoin unique que serait la raison. L'universalité rassure, et Nietzsche va même jusqu'à faire de l'idée de vérité une invention née de ce besoin de sécurité, de l'accumulation d' « illusionsdont on a oublié qu'elles le sont » ( Le livre du philosophe ). b.

Peut-on conclure, comme le philosophe contemporain Paul Ricœur , que la « passion de l'unité » de la vérité est paradoxalement source de mensonges dangereux ? D'une certaine manière, oui.

Le double exemple des passions religieuse et politique l'illustre bien.

En effet, toute entreprise visant à imposerune vérité au nom de sa présumée absolue supériorité ne recule devant aucun moyen – aucun mensonge, et le « faux pas du total au totalitaire » estfacilement franchi (Ricoeur, « V érité et mensonge » in Histoire et vérité ) : « L'esprit du mensonge contamine la recherche de la vérité par le cœur, c'est-à- dire par son exigence unitaire ».

Le remède n'est sans doute pas la revendication opposée d'un « à chacun sa vérité » : la vérité est relative aux possibilitéset exigences de la raison (cf.

Kant, Critique de la raison pure ), dans certains cas peut-être à des croyances ; mais celles-ci perdraient leur qualité de croyances si on prétendait pouvoir en démontrer la vérité.

Dans bien peu de cas seulement, la vérité n'est relative qu'aux goûts et couleurs dont on nediscute pas.

Conclusion La notion de vérité est ambiguë.

On peut parler d'une proposition vraie ; mais on peut parler également de la vérité de son contenu, comme Platon a posécelle des objets hypostasiés en Idées, que vise d'après lui la connaissance.

La réflexion sur la vérité a suscité bien des spéculations philosophiques.D'abord sur sa nature.

Deux positions, l'une réaliste, l'autre idéaliste, s'opposent sur ce problème : d'un côté, la vérité se définit par l'adéquation de l'esprità la chose, avec souvent l'entendement divin comme intermédiaire entre l'entendement humain et les choses mêmes ; de l'autre, la vérité se définit soit parl'accord des esprits, soit même par un caractère plus franchement intrinsèque, chaque vérité n'étant telle que par son rapport systématique à l'ensembledes vérités.

Mais le problème de la vérité réside en ceci qu'elle tend tellement à s'instaurer arbitrairement par certains, qu'elle tend tellement à s'installercomme un absolu, qu'elle en devient aveugle de ses propres exigences.. »

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