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La vérité est-elle ce qui désarme les conflits ?

Publié le 20/03/2004

Extrait du document

■ Problématique

Qu'est-ce qui fait qu'une guerre s'arrête ? Les luttes cessent-elles grâce à l'émergence de la vérité ? Ou encore : la vérité permet-elle la paix ?

■ Recherche des idées

• La vérité renvoie soit au problème de la connaissance soit à un problème d'ordre moral. • Interrogez-vous ici pour déterminer de quel genre de vérité il est question. Liée au verbe « désarmer « et à la notion de « conflit «, elle renvoie sans doute davantage à la vérité d'ordre moral qu'à la notion de connaissances vraies en science. Pensez à étudier vérité —> raison. • Le terme « conflit « doit également retenir toute votre attention : en psychologie, il exprime une force d'opposition au moi (par exemple les rapports conflictuels avec les parents). Dans les rapports sociaux et politiques, il exprime la guerre. • Un conflit étant par définition violent, demandez-vous comment on peut arrêter la violence. Connaître la vérité ou la dire, est-ce suffisant pour pacifier des rapports conflictuels entre des pays, des gens ?

• Définissez les termes avec le maximum de précision :

 — La vérité: qualité du jugement ou de la parole efficaces et adaptés à ce qui est.  — désarmer: littéralement, enlever ses armes à, d'où supprimer, adoucir.  — conflit: opposition ou antagonisme violent, de nature diverse, politique, etc. Le conflit ne désigne nullement un simple accident social. Il fait partie du tissu même de la vie.  

« civilisée.

La philosophie a trop insisté sur la valeur d'« auxiliaire », c'est-à-dire d'aide, que chaque homme représente pour tous les autres.Elle a trop insisté aussi sur le fait que les hommes et les femmes, comme objets sexuels possibles, sont la condition de la reproductionde l'espèce.En réalité, la principale fonction ou signification d'autrui est d'être un objet de tentation, une cible sur laquelle je vais être tenté de «défouler » mes pulsions agressives.

C'est donc bien autrui qui me permettra d'avoir cette forme de jouissance qui naît lorsqu'un besoinest satisfait, et ce besoin particulier, Freud l'a nommé «besoin d'agression».C'est pourquoi la thèse soutenue par ce texte tient principalement en ces lignes : «l'homme est, en effet, tenté de satisfaire son besoind'agression aux dépens de son prochain».

De cet enseignement, la sagesse antique a même tiré un proverbe que le philosophe anglaisThomas Hobbes rappela au XVII siècle dans son ouvrage Du citoyen : « Homo homini lupus » (l'homme est un loup pour l'homme).

Rousseau, quant à lui, affirme que le sentiment naturel d'un homme envers son semblable est la pitié.

Mais le conflit surgit avec ladivision du travail et l'apparition de la propriété. L'homme est né libre et partout il est dans les fers (Rousseau). La formule de Rousseau est marquante en ce qu'elle énonce magistralement un paradoxe : l'homme est naturellement libre, il naît libre, mais il est toujours politiquement et socialement asservi.Saisir l'enjeu de cette phrase contraint à la replacer dans son contexte, et à comprendre qu'elle inscritRousseau dans la lignée du « droit naturel », qui s'inscrit contre les théoriciens du « droit divin ». Dire que « l'homme est né libre » est répondre à une phrase de Bossuet (1627-1704) : « Les hommes naissent tous sujets ».

Bossuet affirmait que cette sujétion de l'homme est naturelle dans un ouvrage dont le titre est un programme et un manifeste : La politique tirée des propres paroles del'Ecriture sainte ». Depuis le XVI ième, la théorie politique voit s'affronter deux courants ; la théorie du droit divin, voirede la monarchie de droit divin, dont Bossuet est un représentant, et la théorie dite du « droit naturel » à laquelle Rousseau se rallie. La théorie du droit divin se fonde sur un passage de la Bible, et plus précisément sur ce passage de l'« Epîtres aux Romains » de Saint Paul : « Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures, car il n'y a point de puissance qui nevienne de Dieu et celles qui existent ont ètè instituées par lui.

Ainsi qui résiste à la puissance, résisteà l'ordre de Dieu [...].

Il est nécessaire d'être soumis non seulement par crainte, mais encore parl'obligation de conscience ». Toute autorité politique vient de Dieu, et donc qu'il existe aucun droit de résistance face aux autorités en place, qui n'ont de compte àrendre qu'à la divinité.

Quel que soit le régime, on lui doit une obéissance inconditionnelle. Ce courant s'est vu concurrencé par un autre, (né avec la Réforme de Luther et la contestation des autorités politiques et religieuses), qui affirme, comme le fera Rousseau , que l'homme est naturellement libre, qu'il a naturellement droit de se gouverner lui-même, de décider lui-même ses actions.

La conséquence majeure est que le pouvoir, l'Etat, l'autorité, sont donc des créations volontaires, artificielles, deshommes.

Rousseau et ses prédécesseurs admettent que l'homme est naturellement libre et indépendant, et donc que les hommes décident volontairement, et dans un but précis, de se soumettre à une autorité commune qu'ils ont eux-mêmes créée. Un auteur partisan du droit divin, Ramsay (1686-1743), décrit les principes de ses adversaires et les points sur lesquels portent le désaccord des deux courants : « Rien n'est plus faux que cette idée des amateurs d'indépendance que toute autorité réside originairement dans le peuple, et qu'ellevient de la cession que chacun fait, à un ou plusieurs magistrats de son droit inhérent à se gouverner soi-même.

Cette idée n'est fondéeque sur la fausse supposition que chaque homme est né pour soi, hors de toute société, est le seul objet de ses soins et sa règle à lui-même ; qu'il naît absolument son maître, et libre de se gouverner comme il veut. » Ce qu'admet l'école du droit naturel, et que rejettent les partisans du droit divin, ce sont toutes les conséquences de « L'homme est nélibre » : chaque homme étant libre et indépendant des autres, mu par son propre intérêt, toute autorité s'exerçant sur un grouped'hommes a été créée par eux volontairement, et donc le pouvoir réside originairement en chacun de nous ; dans le peuple.

On retrouveici les fondements de notre démocratie. Mais reste à expliquer comment il peut se faire que, naturellement libre, l'homme soit « partout dans les fers ».

Rousseau poursuit : « Comment ce changement s'est-il fait ? Je l'ignore.

Qu'est-ce qui peut le rendre légitime ? Je crois pouvoir résoudre cette question.

» L'effort théorique de Rousseau et de ses prédécesseurs ne consiste pas à rechercher comment, historiquement, les hommes ont pu devenir esclaves ou asservis.

La question n'est pas une question de fait à trancher rationnellement ; qu'est-ce qu'une autorité légitime ?Qu'a-t-on le droit d'exiger de moi ? Si je suis naturellement libre, à qui ai-je promis d'obéir, dans quel but, dans quelle limite ? Si l'on arrive à ce paradoxe d'un homme libre vivant dans les fers, si l'on voit un ordre social injuste, ou des guerres civiles, c'est que lesfondements politiques ne sont pas assurés, c'est qu'on a construit des Etats sur du sable ou de la boue.

On ne peut donc s'appuyer sur lapratique des hommes pour savoir quelle est la forme légitime de l'Etat, car comme le déclare Hobbes dans le « Léviathan », un siècle avent le « Contrat social » : « De toute manière, un argument tiré de la pratique des hommes est sans valeur [...] En effet, même si en tous les endroits du mondeles hommes établissaient sur le sable les fondations de leurs maisons, on ne pourrait inférer de là qu'il doit en être ainsi.

L'art d'établir etde maintenir les républiques repose, comme l'arithmétique et la géométrie, sur des règles déterminées ; et non comme le jeu de paumesur la seule pratique. » Il s'agit de droit et non de fait. En réalité, ce que tentent Hobbes puis Locke et Rousseau dans l'ordre de la politique, est semblable à ce qu'a tenté Descartes dans l'ordre de la métaphysique : jeter les fondements d'une science, quitte à contester toute la tradition, et à récuser l'histoire. « L'homme est né libre et partout il est dans les fers », ce paradoxe exige que l'on sache comment le passage de la liberté naturelle à l'obéissance politique est légitime.

Résoudre ce problème consiste à discerner ce que veut vraiment l'homme, en vivant en société, qu'ilen ait clairement conscience ou pas.

Il faut déterminer pourquoi nous, qui avons naturellement le droit de décider de nos propres actions,acceptons d'obéir à des lois communes, à un pouvoir commun. Or, déclare Rousseau : « Les philosophes qui ont examiné les fondements de la société ont tous senti la nécessité de remonter jusqu'à l'état de nature .

» Qu'est-ce que cet état ? C'est un outil théorique destiné à répondre à la question : « que voulons-nous vraiment en vivant en société ? ». C'est un état fictif, une construction intellectuelle, et non un état historique.

On tente de déterminer comment les hommes vivraient s'ils. »

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