Devoir de Philosophie

La vérité est-elle toujours bonne à dire ?

Publié le 26/08/2005

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        Pour Kant, disjoindre parole et pensée, être malhonnête = se servir de son être physique « comme d'un pur moyen (Sparchmaschine) qui ne serait pas lié à une fin interne (la communication de ses pensées) « ; à l'inverse, chacun est tenu « à la condition de s'accorder avec la déclaration de celle-ci [communication de ses pensées] et il est obligé envers lui-même à la véracité «. Enjeu : la personne. La véracité (qualité de celui qui dit la vérité) est un devoir envers soi-même : la malhonnêteté est une atteinte faite à soi. Exple : Augustin : si mentir est un péché, que dois-je répondre, pour mon salut, à l'assassin venu trouver l'ami que je cache ? Réponse = « je sais où il est mais je ne vous le dirais pas «. Mon salut et la vie de mon ami sont intacts. b)    puis-je ériger en loi universelle ma maxime ? Invoquer les circonstances pour justifier qu'une vérité n'est pas bonne à dire apparaît ainsi comme une forme de faiblesse [on remarque d'emblée que la solution proposée par Augustin est audacieuse et très courageuse]. Disjoindre vérité et bien revient à se chercher des excuses, apparaît comme un prétexte pour échapper à ce devoir fondamental qui est de s'obliger à dire la vérité. Kant formule cette idée ainsi « tu dois donc tu peux « : un impératif ordonne catégoriquement, et de ce fait, on ne peut pas ne pas s'y soumettre ; pouvoir désobéir à un impératif = faire que cet impératif n'en est pas un.
Remarque sur l'intitulé du sujet :
·        Il s'agit de s'interroger sur la vérité en tant qu'elle se dit ; en d'autres termes, on présuppose que quelque chose est dit, et que ce quelque chose est une vérité. Le problème étant de savoir si ce quelque chose est, du seul fait qu'il est vrai, « bon à dire «.
·        En effet, on nous demande d'attribuer une valeur à la vérité : faut-il toujours dire ce qui est vrai ? Il s'agit de questionner la vérité dans sa dimension morale : vrai et bien coïncident-ils nécessairement ?
·        Enjeu : sincérité et l'honnêteté et plus précisément le droit de taire une vérité, voire de mentir.
·        La question relève de la casuistique (l'art de traiter les cas) : en soi, la vérité est bonne à dire, mais, de fait, une vérité, une proposition vraie donnée, l'est-elle tout autant ?
·        Pour cerner le problème, il suffit de penser à un cas concret où il est bon de taire la vérité ; [exple : ne serais-je pas obligé de taire la vérité à un assassin venu tuer mon ami si je veux sauver la vie de ce dernier ?] ensuite, de souligner en quoi, cependant, on ne pourrait ériger ce cas singulier en règle universelle, c'est-à-dire qu'on ne saurait renoncer à faire de la vérité une valeur.
 
Problématique : L'honnêteté est une valeur : on considère que dire la vérité est, sinon un devoir, au moins une bonne chose. Cependant, est-ce toujours le cas ? Si, comme le fait remarquer Aristote, le monde des « affaires humaines « ne connaît pas la nécessité et la fixité des objets physiques, ne faut-il pas admettre que certaines vérités, compte tenu des circonstances, ne sont pas bonnes à dire ? Mais, si tel est le cas, comment ne pas reconsidérer alors la valeur morale accordée à l'honnêteté ? Peut-on tolérer qu'il soit licite de taire la vérité sans pour autant mettre à mal cet idéal que constitue l'honnêteté ?
 
 

« a) le bonheur vaut plus que la vérité L'idée que l'on puisse taire la vérité, voire la cacher, légitimement, fait écho à ce que les latins appelaient Mendacium officiosum ou mensonge bienveillant.

Exple : La vie est belle de Roberto Benigni : un père fait croire à son fils, alors qu'ils sont prisonniers d'un camps de concentration, que tout ce qui s'y passe n'est qu'un jeu.

Ici onfait passer le bonheur avant la vérité.

Car, que signifie qu'une vérité soit « bonne à dire » ? - Dire quelque chose = en faire part à...Suppose un locuteur, un récepteur. - Or, communication, révélation peut être contraire à mon intérêt ou à celui de mon interlocuteur ou à un tiers, nullement engagé directement par la conversation mais impliqué par ce qui s'y dit.

Donc, une vérité est bonne à dire si elle participe à l'intérêt de celui qui la dit et/ou de celui qui l'entend et/ou d'un tiers concerné - Or, l'intérêt vise un bien et, comme le posent les philosophies hellénistiques, le bonheur = bien suprême . Bonheur est fin en soi, ce en vue de quoi tout est fait. Cependant, l'exemple donné ne pose pas problème car il s'agit d'un enfant : la vérité (qui est l'horreur des camps et la folie nazie) ne peut pas lui être compréhensible .

Dissimuler la vérité à quelqu'un en mesure de comprendre la vérité serait-il tout en autant légitime ? La vérité n'est-elle pas un droit égal pour tout être raisonnable ? b) Tout le monde n'a pas droit à la vérité Poser que toute vérité est bonne à dire = principe qui tend à faire de l'honnêteté un devoir .

Or, comme le souligne Constant, cité par Kant dans D'un prétendu droit de mentir par humanité : « Dire la vérité est un devoir. Qu'est-ce qu'un devoir ? L'idée de devoir est inséparable de celle de droits : un devoir est ce qui, dans un être, correspond aux droits d'un autre.

Là où il n'y a pas de droits, il n'y a pas de devoirs.

Dire la vérité n'est donc un devoir qu'envers ceux qui ont droit à la vérité .

» ILLUSTRATION : Les misérables , de V.

Hugo : Soeur Simplice, une nonne ( !) cache Valjean et ne dit pas la vérité à Javert venu le trouver : elle dit qu'elle est seule et qu'elle n'a vu personne.

Taire la vérité = bonne action carl'arrestation de Valjean, bien que voulue par la justice (incarnée par l'esprit borné et têtu de Javert), aurait été, auxyeux de soeur Simplice (au regard de la morale divine) la pire injustice.

Dire la vérité peut donc desservir des valeursqu'on croit justes. Une vérité n'est pas bonne à dire tant que celui qui demande à l'entendre ne la mérite pas . Transition : · J'ai le droit de taire la vérité, voire de mentir, dans la mesure où les circonstances m'y obligent.

La vérité n'est bonne à dire que si elle sert l'intérêt d'autrui .

Constant écrit : « nul homme n'a droit à la vérité qui nuit à autrui ». · Cependant, les situations évoquées (protéger un être faible d'une vérité trop brutale ou sauver la vie d'un homme bon par un mensonge) = cas extrêmes , relevant d'une stratégie de casuiste : on évoque des évènements singuliers afin d'éprouver l'applicabilité d'un principe ou d'une règle abstraite par rapport à la réalité qu'elle entendjuger.

Conséquence : on présuppose qu' en soi , la vérité est bonne à dire. · D'où le problème : Si un principe se révèle inopérant, impraticable à quoi bon l'appeler principe ? Si une règle tolère des exceptions, en quoi est-elle encore une règle ? Autrement dit, ne faut-il pas maintenir « coûte quecoûte » que toute vérité est bonne à dire ? · Enjeu : l'universalisme des principes moraux.

Ne doivent-ils pas valoir toujours et partout ? 2- LA VÉRITÉ EST TOUJOURS MORALEMENT EXIGIBLE a) taire la vérité = renoncer à sa personnalité. »

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