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Que veut-on dire quand on affirme que la connaissance est relative ?

Publié le 02/01/2004

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L'objet extérieur est perçu par l'intermédiaire d'un organe (vue, ouïe, toucher, etc.). Si l'organe est modifié, l'objet restant le même, la sensation est différente. Voici par exemple une expérience bien connue : on plonge une main dans de l'eau chaude et une autre dans de l'eau froide, puis les deux ensemble dans un récipient d'eau tiède : l'une donne alors l'impression de froid, l'autre, de chaleur.Un sens peut également être plus ou moins aigu, suivant l'éducation qu'il a reçue : le toucher permet à un aveugle de connaître une foule de choses que, chez un homme normal, il est impuissant à distinguer avec précision : parce qu'il n'est pas aussi exercé à interpréter les sensations éprouvées. B. - Conditions extérieures : ambiance, perspective.D'autres conditions, plus extérieures, déforment notre connaissance : l'intensité d'une sensation dépend de l'intensité de celle qui l'a précédéeAinsi, quand on passe d'une salle violemment éclairée dans une pièce obscure, on y distingue presque rien, alors que des yeux accoutumés à cette obscurité s'y reconnaissent aisément. Certains ont même affirmé que la sensation n'est que le sentiment d'un contraste; de fait, prolongée sans changement, elle finit par n'être plus perçue. Le point de vue, la perspective, sont encore un élément tout à fait subjectif.

« II.

— LA CONNAISSANCE PAR LA RAISON Sur le plan métaphysique, le connaissons-nous tel qu'il est, notre monde P N'en avons-nous pas plutôt uneconnaissance relative, dépendante de notre constitution mentale P En d'autres termes, que peut nous donner laraison P Rares sont les philosophes qui répondent : rien.

Peu nombreux ceux qui croient atteindre, par elle, l'absolu.Entre ces deux extrêmes, les relativistes, les empiristes d'une part, KANT d'autre part, méritent surtout de retenirl'attention. A.

— Les empiristes.Sous le terme d'empiristes, on réunit souvent un certain nombre de philosophes assez différents les uns des autres,mais qui ont ceci de commun qu'ils attribuent à l'expérience seule l'origine des idées et des principes, et par suite nereconnaissent de valeur à la connaissance que dans les limites de notre monde visible.LOCKE a jeté les fondements de l'empirisme, mais n'a pas tiré de conclusions aussi poussées que ses successeurs : ilreconnaît encore la valeur des principes rationnels.

HUME et STUART MILL sont « associationnistes » :idées etprincipes ne sont que les habitudes de penser, contractées par association; ils n'ont aucune valeur pour larecherche de réalités dont nous n'avons pas l'expérience directe.

SPENCER, représentant de l'évolutionnisme,aboutit aux mêmes conclusions que STUART MILL, en se montrant toutefois un peu moins sceptique.

Pour A.COMTE, le fondateur du positivisme, n'est valable que le savoir « positif », fondé sur l'expérience sensible : lesprincipes, les données de la conscience, ne peuvent pas nous permettre de dépasser le domaine de l'expérience,d'où ils tirent toute leur valeur; la nature intime du monde, son origine, sa destination, sont inconnaissables.

« C'estun océan qui vient battre notre rive, et pour lequel nous n'avons ni barque ni voile...

» Selon DURKHEIM, chef del'école sociologique française, les principes n'ont de valeur que pour la société dans laquelle ils ont cours.A l'empirisme peut se rattacher un mouvement, amorcé au siècle dernier, qui souligne l'importance de l'histoire dansla vie et la connaissance humaines.

Hommes et choses, tout est soumis au devenir; activité et connaissance sontfonction des habitudes, des moeurs, des conceptions de chaque époque, et varient avec elles.

Ce qui explique lamultiplicité des systèmes philosophiques : chacun est l'expression de la mentalité d'une période, un simple momentde l'évolution humaine, du déroulement historique de la pensée.

Aussi les réponses données par une époque auxproblèmes philosophiques n'ont aucune valeur absolue pour tous les temps.

C'est ce que pensent, entre autres,LÉVY-BRUHL (dans, ses études sur la mentalité primitive, essentiellement différente de la nôtre), DILTHEY(l'inspiration première d'un système résulte des structures de l'esprit de l'auteur : c'est un relativisme radical), et denos jour les existentialistes. B.

— Kant.A l'opposé des empiristes, le représentant le plus marquant de relativisme faitdes concepts rationnels un moyen essentiel de connaître; ces concepts nedoivent rien à l'expérience, car ils sont à priori.

Pourtant, KANT ne leuraccorde pas une valeur absolue : résultant de notre constitution mentale, ilsne valent que pour nos esprits; ils ne livrent pas le Inonde tel qu'il est, maisseulement tel qu'il nous paraît être.KANT soumet à une critique serrée chacune de nos facultés cognitives, pourétablir leur valeur exacte.

Dans la connaissance sensible, il distingue lamatière (l'apport de l'objet) et la forme (la part du sujet, l'espace et letemps).

D'où il suit que les choses sont spatiales et temporelles pour nous,mais non pas nécessairement pour tous les êtres.

La critique del'entendement découvre aux jugements des limites analogues : ils consistentdans l'application aux « phénomènes » de « catégories » qui conditionnentnotre pensée, mais non les choses elles-mêmes.

Quant à la raison, elleapplique à la connaissance des choses en soi (du « noumène ») les principesde l'expérience, qui ne peuvent pas dépasser le phénomène, aussi elle aboutità des idées (les « idées à priori de la raison ») qui n'ont aucune valeurobjective.

Ainsi sommes-nous enfermés dans le monde des phénomènes,faute de moyens aptes à nous le faire dépasser; nous ignorerons toujours lenoumène; tout au plus pouvons-nous savoir s'il existe.

Il est vrai que la «raison pratique » arrive à atteindre ce que « la raison pure » n'avait pu établir sans aboutir d'ailleurs à des conclusions négatives : la liberté, l'immortalité de l'âme, Dieu.

Mais la critique kantienne.qui conclut à l'impossibilité de la métaphysique, fait peser encore aujourd'hui sur l'esprit des philosophes unedéfiance instinctive vis-à-vis de laraison.

Depuis KANT, la certitude inébranlable d'un DESCARTES semble avoir abandonné à jamais l'esprit dumétaphysicien. CONCLUSION. - Sur le plan de l'expérience comme sur celui du raisonnement, nos facultés cognitives sont la cause de la relativité de nos connaissances.

Autrement constituées, elles nous donneraient du monde une représentationdifférente.

Telle est, du moins, l'opinion des philosophes relativistes.

Ont-ils raison ? Quand ils parlent de laconnaissance expérimentale, certainement; quand ils refusent à la raison la possibilité d'atteindre l'absolu; c'estbeaucoup moins sûr.

Le fait même de dire qu'une connaissance est relative n'est-il pas déjà une affirmation absolue? Reconnaissons pourtant que, même si nous atteignons l'absolu et l'infini, nous n'en avons pas une connaissancetotale et immédiate, mais partielle et successive.

Seul connaît parfaitement le monde celui qui en est le créateur.. »

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