VIGNY (1797-1863): vie et oeuvre

« propre souffrance la souffrance des hommes, il a eu pitié d ' eux et leur a cherché un espoir de salut .

4 .

- Une des idées maîtresses de Vigny est que le grand homme, le poète, se voit condamné par sa gran­ deur même à la solitude parmi les hommes, paria sublime et !!Ublime sacrifié.

Voilà une idée bien roman­ tique , en ce sens que ni Homère, ni Virgile, ni Dante, ni Ronsard, ni aucun poète classique ne l'aurait eue ; mais pas davantage ne l'ont eue Lamartine ni Hugo .

5.

- ·La condamnation à la solitude, le malheur fatal, frappent même , selon Vigny , tout homme qui réfléchit .

L'homme, en effet , est seul dans la nature , puisque la nature, impass ible et muette , l'ignore et le méprise (La maison du Berger); · seul dans l'amour , puisqu~ la femme semble f~te pour trahir (La colère de Samson) ; seul vis-à-vis de Dieu , qui n'a pas répondu à l'appel de .Jésus suppliant dans le jardin de l'angoisse (Mont des Oliv iers) .

Enfin , la ·fatalité implacable pèse sur chacun de nous (Les Dest inées).

6.

- Gémir, à quoi bon ? La plainte est aussi absurde que lâche ; il faut souffrir sans dire mot, il faut mourir .

de même, stoïquement (La mort du loup).

n faut oppo­ ser le silence de l'homme au silence de Dieu, mépriser ce qui est éternel, n'aimer que la créature éphémère et faible , avoir pitié des souffrances humaines (La Maison du berger) .

Nous voilà maintenant bien loin de Pascal.

7.

- Vigny ose croire cependant que la èréature humaine, par la charité et l'entr'aide, améliorera son' sort, et il l'estime capable, par la pensée, par la science, donc par le · progrès, d'arriver à vaincre le destin .

D'où cet hymne à la force de l'idée qu'est la Bouteille 4 la mer, et cet autre hymne à l'avènement certain de l'es­ prit qu'est l'Espr it pur.

Ainsi Vigny, attendant tout de l'homme et tirant du mal individuel le futur bonheur social, tourne décidément le dos· à Pascal, qui attenda it tout de Dieu.

8.

- Vigny n 'exprime pas sa pensée abstraitement en propos personnels, en confidences , en plaintes ni en prières , mais sous forme épique ou dramatique, avèc. »