Violence: nature et société ?
Publié le 13/01/2004
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HEGEL
On a forgé la fiction d'un état de nature où serait valide le droit naturel, et en face duquel l'état de société [...]provoquerait de lui-même une limitation de la liberté et un sacrifice des droits naturels.
Mais, en fait, le droit ettoutes ses déterminations reposent seulement sur la personnalité libre, qui est bien plutôt le con traire de ladétermination naturelle.
Par conséquent, [ ...] un état de nature est un état d'exercice actif de la violence etd'injustice, dont le plus vrai qu'on puisse dire est qu'il faut y échapper.
La société, au contraire, est bien plutôtl'état dans lequel seul le droit a son effectivité ; ce qui est à limiter et à sacrifier, c'est précisément l'arbitraire etl'exercice actif de la violence qui caractérisent l'état de nature.
FREUD
Si la culture a établi le commandement de ne pas tuer le voisin que l'on hait, qui nous fait obstacle et dont onconvoite les biens, cela fut manifestement dans l'intérêt de la vie en commun des hommes qui, autrement, seraitimpraticable.
Car le meurtrier attirerait sur lui la vengeance des proches de la victime du meurtre et la sourde enviedes autres, qui intérieurement se sentent enclins à un tel acte de violence.
Il ne jouerait donc pas longtemps de savengeance ou de son butin, il aurait bien au contraire toute chance d'être lui-même bientôt abattu.
Quand bienmême, grâce à une force et à une prudence extraordinaire, il se protégerait d'un adversaire isolé, il ne pourrait quesuccomber à une union d'adversaires plus faibles.
Si une telle union ne se constituait pas, la pratique du meurtre seprolongerait indéfiniment.
Alain
Je dis que le respect de la vie d'autrui n'est pas un devoir social, attendu qu'il existe indépendamment de l'existenceou de la nature d'une société quelconque.
Quand un homme tomberait de la lune, vous n'auriez pas le droit de letorturer ni de le tuer.
De même pour le vol ; je m'interdis de voler qui que ce soit ; j'ai la ferme volonté d'être justeet charitable envers mes semblables, et non pas seulement envers mes concitoyens ; et je rougirais d'avoiraugmenté injustement la note à payer, qu'il s'agisse d'un chinois ou d'un nègre.
La société n'a donc rien à faire ici ;elle ne doit pas être considérée.
Ou alors, si je la considère, qu'exige-t-elle de moi, au nom de la solidarité ? Elleexige que j'approuve en certains cas le vol, l'injustice, le mensonge, la violence, la vengeance, en deux mots leschâtiments et la guerre.
Oui, la société, comme telle, ne me demande que de mauvaises actions.
Elle me demanded'oublier pour un temps les devoirs de justice et de charité, seulement elle me le demande au nom du salut public, etcela vaut d'être considéré.
C'est pourquoi je veux bien que l'on traite de la morale sociale, à condition qu'ondéfinisse son objet ainsi : étude réfléchie des mauvaises actions que le Salut Public ou la Raison d'État peut nousordonner d'accomplir..
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- Le droit de la nature est […] l'existence de la force brutale et le domaine où prévaut la violence ; un état de nature est un état où règnent la brutalité et l'injustice, sur lequel on ne saurait rien dire de mieux que : il faut en sortir. La société, au contraire, est la condition où le droit se réalise ; ce qu'il faut restreindre et sacrifier c'est précisément l'arbitraire, et la violence de l'état de nature. > G. W. F. Hegel, Précis de l'Encyclopédie des sciences philosophiques. C
- « L'état de nature est l'état de rudesse, de violence et d'injustice. Il faut que les hommes sortent de cet état pour constituer une société qui soit Etat. » Hegel, Propédeutique philosophique, 1840 (posth.). Commentez cette citation.
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