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La violence a-t-elle un rôle dans l'histoire ?

Publié le 03/01/2004

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histoire

En ce qui concerne Freud, la violence est moins posée comme à l'origine du monde qu'à celle de l'homme et de ses comportements : pulsion de destruction ou "libido négative qui fait luire à nouveau la notion héraclitéenne de la discorde" dit Lacan. Freud affirme avec d'autres une tendance naturelle à l'agressivité, à la destruction qui cohabite avec une tendance opposée : Eros ou pulsion de vie qui nous porte à la création, (de discours, d'enfants...de raisonnements). Cette agressivité est primaire, originelle et non pas dérivée : elle n'est pas l'agressivité réactionnelle qui se manifeste lorsque notre libido, nos désirs sont frustrés. Elle est une tendance spontanée de tout organisme vivant vers la mort, vers le degré zéro d'existence, d'information ou d'énergie. L'homme serait donc pourvu d'une tendance spontanée, innée et autopropulsée à l'agressivité, autre nom ici de la violence. Objections : Cependant, même si , ici, la violence est pensée de manière rationnelle et ses effets expliqués, repérés, la violence comme fait, comme donnée naturelle ne suffit pas à la justifier : un fait ne comporte en effet pas en lui-même sa justification, sa raison d'être. " A est A parce que A est A" est une tautologie stérile que ne justifie rien en dépit de l'apparence. (cf. cours sur l'opinion) Cela n'est pas parce que cela est que cela est bien, juste, justifié - quoique cela puisse être rationnel si le réel est rationnel ! La violence serait rationnelle mais pas encore raisonnable et juste.

D'une part, l'intitulé interroge sur l'effet de contrainte opérant sur un groupe, ainsi que sur son rôle dans le domaine de l'histoire. Or, parler du rôle de la violence, c'est supposer qu'elle remplit certaines fonctions positives. D'autre part, nous savons qu'il n'est d'avènement authentique et de création féconde du règne humain que par le dialogue, qui est l'envers de la violence, que par la reconnaissance mutuelle du discours. Seul le dialogue semble avoir une fonction positive dans le règne humain et social. Le problème surgit de l'examen de cette contradiction : comment parler de fonction positive de ce qui représente l'antithèse du dialogue, dont le rôle positif est évident ?

histoire

« comme objet peut-elle être en accord avec la raison, jugée raisonnable par elle ? Atteindre l'homme en sa qualité desujet peut-il être considéré comme juste et justifié par la raison ? Peut-on considérer comme légitime des actescommis par l'homme qui porte atteinte à l'homme dans sa dignité d'homme ? Est-il possible de trouver des raisons quijustifient le recours à la violence ? Problème :la question fait problème car violence et raison semblent s'exclurent l'une l'autre.

Il faudra donc nousprononcer sur cette exclusion : est-elle indépassable ou ne s'agit-il que d'une contradiction apparente ? L'on entenddes justifications du recours à la violence : la violence serait un mal nécessaire en vue d'instaurer justement unordre plus humain.

Est-il donc légitime et/ou nécessaire, inévitable , de recourir à la violence en vue d'instaurer unordre humain ou plus humain, conforme à la raison et à la dignité de l'homme , de lutter contre les violencesexistantes en recourant à la violence ? Ou bien la contradiction est-elle indépassable : violence et raison s'excluent-elles radicalement l'une l'autre ? Comment alors la combattre, si elle est proprement illégitime mais aussi sans rapportavec la raison et donc échappant aux prises de la raison ? NB.

On ne nous demande pas si la violence est juste mais si elle peut avoir raison : on n'a donc pas ici à envisagerla thèse selon laquelle la violence aurait une valeur en soi et se justifierait par elle-même.

Il s'agit essentiellementd'envisager la violence comme moyen en vue d'une fin qui n'est pas elle.

Aucun discours d'ailleurs, aucuneconstitution ne fait de la violence une fin souhaitable.

Il y a précisément problème parce que nous rejetons en tantque telle la violence mais que , dans le même temps, au nom de ce que nous voulons éviter, nous y avons recours.C'est dans ce cas de figure qu'il y a problème.

Il ne s'agit pas de traiter de la violence tout court, de la violence ensoi mais de l'articuler à la raison .

"C'est pour un être qui parle, qui, en parlant, poursuit le sens, pour un être qui adéjà fait un pas dans la discussion et qui sait quelque chose de la rationalité, que la violence fait problème, que laviolence advient comme problème.

Et réciproquement, la discussion, la rationalité tirent elles aussi leur unité de ceciqu'elles constituent une entreprise de réduction de la violence.

la violence qui parle, c'est déjà une violence quicherche à avoir raison; c'est une violence qui se place dans l'orbite de la raison et qui commence déjà à se niercomme raison".

Ricoeur, La violence.

C'est bien pourquoi il y a problème : comment la violence peut-elle avoir raisonsans se nier comme violence, sans disparaître alors même qu'elle cherche à se justifier et à justifier son existence. I.

VIOLENCE ET RAISON S'EXCLUENT L'UNE L'AUTRE : la violence ne saurait avoir raison, se justifierrationnellement : La violence surgit, explose, est de l'ordre de l'explosion, de la crise si l'on tient compte de la réalité de sonsurgissement.

Dans tous les cas quelque chose se défait : la violence est puissance de dissolution (cf.conceptualisation) : on porte atteinte à l'intégrité physique de l'autre, on le frappe et le destin de cette violenceest la mort, destruction totale .Tandis que la raison relie, crée.

La violence physique en particulier surgit lorsque lesraisons sont insuffisantes à convaincre l'autre : insuffisance non pas en soi des raisons mais pour nous qui ne lesécoutons pas toujours ou ne voulons pas nous y rendre : la passion l'emporte alors sur la raison et les raisons.

Laviolence ne saurait donc être raisonnable en ce sens qu'elle surgit lorsqu'il y a échec de la raison.

On ne s'en remetplus à la raison pour régler les conflits : les conditions du triomphe de la raison ne sont pas réunies; on n'a pas sudominer ses passions, ses instincts, penchants... Mais pensons aussi aux violences verbales qui surgissent dans la colère : nous sommes là à la limite même dulangage, proche du cri inarticulé.

Aristote distingue bien le cri, la voix de la bête et la parole articulée de l'homme.La violence s'annonce comme une régression de l'humain vers l'inhumain : j'en perds mon latin tellement je suisénervée et je ne parviens plus à construire quoi que ce soit; dans l'insulte, je nie l'autre comme homme en letraitant de tous les noms, en lui accordant des "noms d'oiseaux" et je me nie aussi comme être de raison capable deconstruire des discours sensés.

Dans la colère qui est une émotion qui me met "hors de moi", je mets l'autre hors del'humanité elle-même en le considérant comme autre, comme indigne même de recevoir un discours sensé et d'yrépondre par des raisons.

La raison est ce que nous partageons et constitue un terrain d'échanges ( de raisons) : laviolence nous fait quitter ce terrain : un cri voire un coup n'est pas une raison mais un acte qu'on peut et doit êtrejugé selon la raison, selon son autre.. Quand bien même le violent parlerait, il reconduirait l'opposition radicale, l'exclusion violence/raison : cf.

texte d'EricWeil, Logique de la philosophie.1967.

L'homme violent cherche à imposer son discours tandis que l'homme raisonnablecherche à constituer avec d'autres un discours universellement valable, qui relie, rassemble au lieu de dissoudre, deséparer, un discours valable en droit pour tous. TEXTE: Violence de l'homme qui n'accepte pas le discours de tel autre homme et qui cherche le contentement enluttant pour son propre discours qu'il veut unique non seulement pour lui , mais pour tout le monde et qu'il tente derendre réellement unique par la suppression réelle de tous ceux qui tiennent d'autres discours.

Violence de l'hommequi s'affirme dans son être tel qu'il est pour lui-même, qui ne veut que s'exprimer tel qu'il se sent, dans un langagequi lui permette de se comprendre, de s'exprimer, de se saisir, mais langage qui ne s'expose pas à la contradiction etcontre lequel nulle contradiction n'est imaginable, puisqu'il ne connaît pas de principes communs. L'homme de l'opinion illustre parfaitement cet homme violent : l'homme de l'opinion confond ce qu'il sait ou croîtsavoir et dit avec ce qu'il est : on ne réfute pas un homme mais seulement un discours, ce qui est de l'ordre de lareprésentation.

Ainsi, ce discours identifié à cet homme n'accepte pas la contradiction, ne lui laisse aucune place.. »

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