Vivons-nous dans une société autoritaire, sécuritaire et disciplinaire ?
Publié le 07/03/2004
Extrait du document
«
Là encore, pour défendre la thèse selon laquelle nous vivons dans une société disciplinaire, il faut identifier desintentions de discipliner les comportements.
Etre disciplinaire, c'est vouloir instaurer une discipline.
Mais ces intentions peuvent-elles être indirectes ; la discipline peut être involontaire ?
Par ailleurs, l'expression « notre société » a une acception large, et on peut s'efforcer de trouver en elle lesattitudes disciplinaires selon divers points de vue.
TRANSITION : Il semble toutefois que les sociétés s'organisent sans pour autant que l'ordre relatif à toute discipline s'impose à nous.
Chacun n'a t-il pas la liberté de faire ce qu'il veut, de prendre la place qu'il veut dans la société ?Pourquoi alors y voit-on une société disciplinaire ?
Deuxième partie : Les vertus de notre société.
a) La finalité de l'état.
Sans confondre la société et l'état, on développera l'idée selon laquelle ce qu'est notre société peut être solidairede la finalité de l'état.
Dans le texte qui suit, Spinoza souligne que l'état ne doit pas seulement assurer la sécurité des citoyens – dans uneprison aussi on peut être en sécurité !
SPINOZA, Traité théologico-politique .
« Ce n'est pas pour tenir l'homme par la crainte et faire qu'il appartienne à un autre que l'état est institué ;au contraire c'est pour libérer l'individu de la crainte, pour qu'il vive autant que possible en sécurité, c'est-à-direconserve, aussi bien qu'il se pourra, sans dommage pour autrui, son droit naturel d'exister et d'agir.
Non, je lerépète, la fin de l'état n'est pas de faire passer les hommes de la condition d'êtres raisonnables à celle de bêtesbrutes ou d'automates, mais au contraire il est institué pour que leur âme et leur corps s'acquittent en sûreté detoutes leurs fonctions, pour qu'eux-mêmes usent d'une Raison libre, pour qu'ils ne luttent point de haine, de colèreou de ruse, pour qu'ils se supportent sans malveillance les uns les autres.
La fin de l'état est donc en réalité laliberté.
»
Spinoza oppose les automates aux individus libres.
L'automate peut plutôt être apparenté à l'être excessivementdiscipliné ; ainsi, une société se sera-t-elle pas le contraire d'une société disciplinaire si l'état qui l'organise vise laliberté des citoyens ? En opposant la liberté à la discipline, et en faisant de la liberté des hommes la finalité de l'état, ne peut-on pas direqu'une société régie par un tel état n'est pas disciplinaire ? b) Une société libre. Il reste à se demander si « notre » société est régie par un état qui vise à déployer notre liberté. Pour se faire, on peut interroger les moyens mis en oeuvre pour permettre aux individus composant la société d'êtrelibres. L'école et l'éducation nationale, qui sont des instruments de l'état, sont sensés nous permettre de construire notreavenir. Ainsi, nous sommes sensés pouvoir construire notre place dans la société. Le fait est que chacun trouve sa place dans la société sans que celle-ci dise à chacun la place à occuper. On peut développer l'idée selon laquelle la société s'organise sans discipline, mais avec éducation. Ainsi, il semble que notre société ne veuille pas être disciplinaire, et qu'elle y parvienne dans le sens où chacunrentre dans l'ordre de la société sans contrainte, mais en utilisant sa liberté. c) Les régularités dans les conduites. On a pointé en première partie des régularités dans les conduites collectives. Faut-il interpréter cela comme étant le fruit d'une société disciplinaire ? Par ailleurs, on peut identifier dans les conduites sociales beaucoup de régularités, relevant donc d'un certain« ordre », mais qui ne sont pas le fait d'une société disciplinaire, mais au contraire d'une société libre ? Si la société nous laisse libre, ne rentre-t-on pas dans des conduites ordonnées par d'autres biais que la discipline ?(l'identification, l'influence, l'éducation parentale à laquelle une certaine marge de manoeuvre et de liberté estincontestablement accordée, etc.) TRANSITION : Il ne faut toutefois pas confondre une société qui tend à être libre, et une société où chacun fait ce. »
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