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La volonté de puissance est-elle la forme suprême de la volonté ?

Publié le 25/01/2004

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- La volonté de puissance se concrétise dans la volonté de dominer l'autre, de l'anéantir. Pour s'élever et affirmer sa puissance, l'homme souverain cherche à soumettre autrui à son autorité. La volonté de puissance engendre donc un irrespect d'autrui, qui n'est pas même considéré comme un être semblable mais objectivé, considéré avec mépris comme une chose inférieure et indigne. La volonté de puissance ne peut pas être une forme suprême dans le sens d'une forme élevée, louable et divine de la volonté. Au contraire, elle réduit l'homme à l'état de bête dénuée de tous sentiments et de toute morale. - L'individu qui exprime sa volonté de puissance se conduit comme un tyran. Il n'a aucune légitimité à agir de la sorte, et viole la liberté d'autrui en le soumettant à sa loi. En effet la volonté de puissance n'est pas guidée par la raison humaine, elle n'est pas réfléchie, mais serait plutôt de l'ordre de l'instinct. Le P. Louis Castel dans L'optique des couleurs (cité par Bachelard in La formation de l'esprit scientifique, chap.

« raison à une autre volonté, celle de Dieu l'unique Tout-puissant pour Pascal.

La volonté de puissance non seulement est un défi à Dieu, mais encore elle dénature l'homme, qui, mu par laconcupiscence, n'est pas libre, et est esclave du péché.

La forme suprême dela volonté au contraire doit exalter la liberté de l'homme.

Pascal substitue àune volonté de puissance qui prend la forme d'une volonté d'appropriation dumonde une attitude d'abandon au mystère qu'il recèle.

La volonté suprême,c'est la volonté de Dieu, et donc la volonté de s'abandonner à Dieu, de s'enremettre à lui et de vouloir ce qu'il veut.- Dans la Fondation de la métaphysique des mœurs, Kant voit également lamarque suprême de la volonté dans sa soumission même, non pas cette fois àDieu mais à la loi morale.

C'est en agissant volontairement conformément à ceque la morale universelle prescrit que l'homme exprime sa volonté libre,désintéressée.

La volonté pour Kant atteint son niveau d'excellence lorsqu'ellen'est pas déterminée par un intérêt personnel, lorsqu'elle n'est pas dirigée versune autre fin que celle de se plier à la morale.

La seule et unique volonté del'homme, celle qui fait de lui un homme libre, est celle d'agir conformément à laloi morale universelle. Conclusion : Certes, la volonté de puissance est une forme extrême de la volonté,puisqu'elle consiste en un « vouloir plus », qui conduit l'homme à se dépasser,à imposer son existence et sa présence.

Cependant, la volonté de puissance conduit les hommes à se faire du malet à se mépriser, car en voulant la puissance, ils cherchent la supériorité et la soumission des autres à leur profit.

Lavolonté de puissance prend donc une forme immorale, et excède la légitimité d'expression de la volonté.

Il sembleque la forme suprême de la volonté se trouve finalement dans la capacité de la volonté à se soumettre à une autrevolonté, qu'elle soit divine comme pour Pascal ou morale universelle comme pour Kant.

Cela signifie que la formesuprême de la volonté est celle qui exprime la liberté de la volonté.

Car seule la volonté libre est véritable, et lavolonté de puissance est toujours déterminée par une fin, un intérêt égoïste qui la tient en captivité. Le point commun le plus fort entre la Volonté schopenhauérienne et la volonté de puissance nietzschéenne tient àleur caractère d'universalité qui outrepasse largement la seule sphère humaine.

La volonté de puissance est, auxyeux de Nietzsche, la nature même des choses depuis la plus misérable forme de vie jusqu'à la plus haute.

À cetégard, la volonté de puissance humaine n'est qu'un cas particulier dans ce qui constitue une véritable loi cosmique.Mais surtout la volonté de puissance est là où on l'attend le moins, dans les idéaux les plus purs, les croyances lesplus éthérées.

Nietzsche, qui a beaucoup lu et apprécié les moralistes français comme La Rochefoucauld, sait que ledésir de n'être pasloué équivaut à celui d'être loué deux fois et qu'une action désintéressée trouve son intérêt le plus puissant dans lefait même de se nier comme intéressée.La science et la philosophie n'échappent évidemment pas à ce soupçon fatal.

La raison aime le pouvoir, aussi secache-t-elle volontiers derrière la bannière de la vérité.

Dans tes discussions, le raisonnement est un moyend'écraser l'autre, de le réduire au silence et Nietzsche y voit un masque de la volonté de puissance, masque idéalpuisque personne ne soupçonne qu'il puisse y avoir un visage derrière.Le christianisme a fait de l'immense désir de suicide qui régnait au temps de sa naissance le levier même de sapuissance: tandis qu'il interdisait de façon terrible toutes les autres formes de suicide, il n'en laissa subsister quedeux qu'il revêtit de la suprême dignité et qu'il enveloppa de suprêmes espoirs: le martyre et la lente mise à mort parsoi-même de l'ascète.

— Nietzsche. »

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