VOLTAIRE (1694-1778): vie et oeuvre

« type du monarque éclairé.

II resta trois ans auprès de lui (1750-1753), puis les deux hommes se brouillèrent avec .des torts réciproques.

Voltaire s'était aperçu que le roi l'utilisait pour son profit personnel de philosophe et de poète amateur, et le roi ne pardonnait à son hôte ni sa familiarité, ni ses vingt mille francs de pension, ni ses dissentiments avec Maupertuis, savant français, pré­ sident de l'Académie de Berlin; contre qui Voltaire écri­ vit sa fameuse Diatribe du docteur Akakia.

6.

-Voltaire alla séjourner successivement à Lau­ sanne et au domaine de Saint-Jean, qu'il baptisa < les Délices :.

, près de Genève.

Aux Délices, il a joui pour la première fois des douceurs de l'indépendance complète : il jardinait, se faisait vétérinaire, plantait avec sa nièce, Mm• Denis, < des orangers et des oignons, des tulipes· et des carottes :., mais satisfaisait aussi sa passion pour le théâtre : il fit aménager une salle de spectacle pour y jouer la tragédie avec ses bOtes, qui étaient toujours en grand nombre.

Le site était beau; Voltaire, de son lit, voyait le lac de Genève, le RhOne, les Alpes.

7.

- Enfin, au bout de quatre années, Voltaire, en froid avec la sévère République de Genève, s'installa à Ferney, non loin des Délices, mais en territoire fran­ çais.

Il avait soixante-cinq ans.

C'est à Ferney qu'il mena durant vingt années une vie de propriétaire ter­ rien et d'industriel, de grand seigneur et de patriarche, d'écrivain fécond et de propagandiste.

a) Il continua, en l'intensifiant, son activité propre­ ment rustique, dont il avait pris le goO.t aux Délices.

A la tête de plus de trente domestiques, de plus de douze chevaux, de cinquante vaches et d'une nombreuse basse­ cour ,11 planta et sema, il laboura même un champ, le < champ de M.

de Voltaire :..

b) Ce propriétaire comprenait magnifiquement son rOle social ; il monta des fabriques de soierie et d'horlo­ gerie, organisa une vaste exploitation agricole, fit la prospérité du pays et transforma en petite ville le bourg voisin de son château.

Lui-même accrut considérable­ ment la belle fortune qu'il avait réalisée par d'habiles spéculations.. »