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Vous expliquerez et vous commenterez cette définition que La Bruyère nous donne de la politesse : « La politesse, écrit-il, c'e&t la manière d'agir, de parler civile et honnête, acquise par l'usage du monde. La politesse n'inspire pas toujours la bonté, l'équité, la complaisance, la gratitude; elle en donne du moins les apparences. Elle fait paraître l'homme au dehors comme il devrait être intérieurement. Il faut très peu de fond pour la politesse dans les manières; il en faut beaucoup

Publié le 22/02/2012

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Conseils On se reportera aux divers passages où La Bruyère, dans les Caractères, a parlé de la politesse : sa définition, V, 32, 33 ; la politesse dans les phrases toutes faites, XII, 18, 36; la politesse et la bonne éducation, XII, 83. On lira en particulier tout le chapitre v (De la Société et de la Conversation), d'où le texte du sujet est tiré. On y trouvera de nombreux exemples des maniaques de l'impolitesse; — on pourra lire sur l'importance des manières une belle page de Joubert (Pensées, VIII, 122); — on consultera avec profit l'ouvrage de Jean Onimus : La Morale par les Textes (Les Editions françaises nouvelles, pages 119-123); — sur les rapports de la politesse et de la justice, une bonne page de Camille Mélinand dans Sois juste (Librairie Delalain) ; — sur les rapports de la politesse et de la charité et sur sa valeur sociale, le discours de Bergson à la distribution des prix du lycée Henri IV, juillet 1892, donne des indications précieuses et toujours actuelles. Nous en donnerons plus loin quelques extraits; — si l'on veut connaître sur la vraie politesse la pensée de Rousseau, on lira les pages sur la politesse d'Emile (Émile, livre IV) et sur la politesse de Sophie (Emile, livre V). On trouvera ces pages dans le Rousseau de Daniel Mornet (Librairie Privât-Didier, p. 244"249 et 254-256) et aussi, en ce qui concerne Sophie dans le Rousseau de M. L. Flandrin (Librairie Hatier, p. 608-610).
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« oreille, s'insinuant dans l'âme et la fouillant dans ses plus secrets replis, est venu toucher cette fibre cachée qui nepeut résonner sans que toutes les puissances de l'être s'ébranlent avec elle et vibrent à l'unisson? Ne serait-ce paslà la politesse la plus haute, celle que nous avons appelée une vertu? C'est la charité s'exerçant dans la région desamours-propres, là où il est plus difficile parfois de connaître le mal que de le vouloir guérir.

Une grande bonténaturelle en est le fond.

» 2° Vertu individuelle, la politesse du cœur est aussi une vertu sociale.

Elle est une docilité envers le groupe dontnous faisons partie.

Il y a un code de la politesse qui renferme l'ensemble des manières, des comportements donttout homme bien élevé doit avoir l'habitude.

Observer les règles de ce code — ce qu'on appelle les règles de labienséance —, c'est soumettre sa volonté à la volonté collective, se conformer au bon usage du groupe.

C'est « secomporter en être social, en associé réel, qui cherche l'accord, l'union, l'harmonie, non l'isolement et l'exception ».C'est, comme on disait au XVIIe siècle, « être de bonne compagnie », « être honnête homme ».

Et ici encore lavertu sociale de politesse ne consiste pas uniquement dans un conformisme purement extérieur à un recueil deformules, à une sorte de rituel social, mais à y adhérer de toute son âme, en comprenant bien que la pratique de lacivilité consolide l'union et l'accord entre les individus.

C'est ce que montre encore Bergson : « La politesse, dit-il, est autre chose qu'un luxe; ce n'est pas seulement une élégance de la vertu.

A la grâce ellejoindrait la force, le jour où se communiquant de proche en proche, elle substituerait partout la discussion à ladispute, amortirait le choc des opinions contraires et amènerait les citoyens à mieux se connaître et à mieux s'aimerles uns les autres.

» Ainsi elle se propose à nous comme un idéal de vertu sociale. Si telle est la politesse, on conçoit que son acquisition suppose un apprentissage, un dressage.

Il faut apprendre lecode de la civilité.

C'est aux parents, aux éducateurs, à chacun qu'il appartient de l'enseigner, de l'inculquer auxjeunes et de l'exiger d'eux, comme on se doit de la pratiquer soi même.

Il y a de nos jours, à cet égard, unedémission de l'autorité qui est un abandon coupable.

Mais si l'honnêteté des manières doit être le reflet de l'âme, sila vraie politesse est la politesse profonde, intime, celle de l'esprit et du cœur, elle ne saurait se réduire à laconnaissance et à la pratique de règles purement formelles.

Ce raffinement de toute l'âme qui se révèle par ladélicatesse des manières, des pensées, de l'expression, de la tenue — encore qu'on rencontre parfois cettepolitesse dans le peuple comme le don spontané d'une bonté naïve — s'acquiert peu à peu et se nourrit de nosprogrès.

Une telle politesse suppose un exercice de l'intelligence, un élargissement de la pensée, une pénétration del'esprit, une finesse de la sensibilité, une connaissance du cœur humain, une vie intérieure qui sont le fruit de laculture et la mesure du perfectionnement individuel.

Il n'est pas étonnant qu'elle tende à disparaître d'une sociétéoù la mécanique se substitue à l'homme, où le seul idéal du rendement et du profit prime celui de la qualité, où lesouci de la culture désintéressée et le sens de l'humain s'effacent devant l'envahissement de la matière et letriomphe insolent de la vulgarité.

Mais avec elle, c'est tout le charme de la vie qui s'en va.

Il importe à tous ceux quiont charge d'âmes et qui sont en quelque manière les dépositaires et les gardiens d'un trésor sacré de s'obstiner àsauvegarder de toutes leurs forces le prestige d'une civilisation et d'une culture, dont la politesse est la fleurexquise et le fruit précieux.. »

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