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Est-il vrai de dire que l'homme a des désirs alors que l'animal a des besoins?

Publié le 28/02/2005

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Oui. L'animal semble parfois désirer, mais ce n'est pas "désirer" qu'il faut dire. Le désir est spécifiquement humain, il dépasse la simple exigence imposée par la nature (auto-conservation et reproduction) ; il est lié à la conscience qu'a l'homme de sa condition mortelle. Le désir est une fin que l'homme se propose, et qu ' il estime indispensable au sens de son existence. L'ambition, ou le désir de séduire (qu' incarne le mythe de Don Juan) sont de bons exemples. Le désir humain ne se satisfait que dans la surenchère. Ce qui n'est pas le cas du besoin (vite assouvi dans des conditions normales).

« L'homme n'est ni un ange, ni une bête « (Pascal) autrement dit il n'est ni soumis exclusivement à la satisfaction de ses besoins comme un animal, ni un pur esprit exclusivement guidée par une volonté rationnelle. Il est donc à la fois nature et esprit. En somme, l'homme est un être de désir. C'est par ailleurs toute son ambiguïté. Etymologiquement, le désir signifie la nostalgie d'une étoile. Le désir suppose donc le manque ou l'absence de quelque chose. Cependant, il n'est pas naturel d'où la distinction : besoin /désir. L'expérience du désir en effet, relève du superflue et de l'artificiel. Le besoin quant à lui est lié au corps, à la nécessité vital. Notons que ce qui est naturel dans le désir c'est que l'homme ne peut s'en passer. D'où la distinction : l'animal, être de besoin/ l'homme, être de désir.

« Dieu.

C'est également ainsi que les thomistes ont compris Dieu ; cependant, leur natura naturans était un être(comme ils l'appelaient) extérieur à toutes les substances.

Quant à la natura naturata (nature naturée) nous ladiviserons en universelle et particulière.

L'universelle est constituée par tous les modes qui dépendentimmédiatement de Dieu.

(...) La particulière se compose de toutes les choses particulières qui sont causées par lesmodes universels.

».

Et, dans l'Éthique, I, p.

29, scolie : « Par Nature Naturante, il faut entendre ce qui est en soiet est conçu par soi, autrement dit les attributs de la substance qui expriment une essence éternelle et infinie,c'est-à-dire Dieu, en tant qu'il est considéré comme cause libre.

Par Nature Naturée j'entends tout ce qui suit de lanécessité de la nature de Dieu, autrement dit de la nécessité de chacun des attributs de Dieu en tant qu'ils sontconsidérés comme des choses qui sont en Dieu et qui ne peuvent être ni être conçues sans Dieu.

» Le besoin comme prétexte Le mot besoin implique l'état d'un être vivant à l'égard de ce qui est nécessaire à sa conservation.

L'animal ades besoins, comme l'homme peut aussi en avoir.

Il réapparaît de manière cyclique ou périodique, suivantl'horloge biologique de l'organisme.

L'apparition d'un besoin appelle une réaction appropriée devant laquellel'animal ne se dérobe pas.

A l'inverse, l'homme, quand bien même il recevrait les signes avant-coureurs dubesoin, est tout à fait capable de les outrepasser ou de les négliger.

Nous n'écoutons pas nos besoins et nousles connaissons très mal.

L'animal ne s'en écarte pas.

L'homme dispose d'une liberté de choix, d'un libre-arbitre , il n'est pas esclave des besoins, il peut les contrôler, les refuser ou les accepter.

Le besoin caractérise laconscience vitale , il est par définition organique ou biologique. Le désir est entendu couramment comme la dimension de ce qui est superflu comme ce qui est artificiel et non pas naturel, il est alors opposé au nécessaire qui est la dimension du besoin.

Comment passe-t-on alors dubesoin au désir ? Dans le langage de Hegel, cela revient à différencier le moi naturel (celui du désir naturel) dumoi humain.

Tant que la conscience en reste à la seule satisfaction de ses tendances, elle est enfermée dansle narcissisme du besoin.

Elle est prisonnière du corps.

Il n'y a que la conscience de l'individualité organique.Elle s'affirme certes, mais par une simple négation de son objet corrélatif. De plus, le moi ne désire pas tout seul, le moi désire par rapport à un autre moi .

L'entrée en scène du désir est l'apparition de la conscience de l'autre et donc de la sociabilité .

Il y a dans le désir le plus simple une dimension qui est celle du désir de reconnaissance propre à l'ego.

Ce que l'ego cherche, c'est à se faire valoir devant un autre moi.

Le désir suppose une demande à l'égard de l'autre capable de nourrir le sentiment du moi.

A travers ses désirs ce que le moi désire vraiment, davantage que l'objet qu'il recherche, c'est une reconnaissance de sa propre valeur. Le désir comme but Le désir porte en lui un élan créateur, un élan positif par lequel il se veut lui-même et il porte en lui unepuissance de transformation.

Nous croyons d'ordinaire que seul l'objet est pour le désir une motivation, maisjustement, poursuivre un objet et en faire dépendre sa satisfaction c'est manquer.

Ce n'est pas là que se situela force d'affirmation du désir.

La puissance du désir ne tient pas à la visée de l'objet, mais au débordementd'un élan, d'une force, qui n'est rien d'autre que la Vie se donnant à elle-même en nous.

La véritable joiequ'offre le désir, ce n'est pas d'obtenir ce qui est attendu, c'est la joie de désirer.

Ce n'est pas seulement detrouver au bout du compte une satisfaction, ce qui ne fait que masquer une réalité, celle de l'insatisfaction.On ne peut pas renier le désir sans renier la Vie.

Nul mieux que Nietzsche n'a compris cet enjeu.

Dans Le Crépuscule des Idoles , il conduit un procès très sévère de la représentation ascétique du Désir telle qu'on la trouve dans la religion : " L'Église combat la passion par l'excision : sa pratique, son ‘traitement',c'est le castratisme, Jamais elle ne se demande comment spiritualiser , embellir , diviniser un désir ".

Nietzsche n'ignore pas ce qu'il appelle la bêtise des passions.

Il ne s'agit pas de faire l'éloge des désirs engénéral, sans regarder de près tout ce qu'il peut y avoir de mesquin, destupide, de violent dans le désir.

Seulement, dès que le désir se met enmouvement, il prend aussi nécessairement conscience de lui-même et ilne peut pas rester en l'état.

Un désir mûrit.

Un désir, cela grandit ets'affirme ou cela tombe comme une feuille morte.

S'il était possible despiritualiser le désir, de le porter consciemment, en bref de désirerdélibérément , c'est de lui-même que le désir se dépouillerait de sa négativité.

Si le désir était porté dans la flamme de la lucidité, il sedépouillerait de ses limites, il se révélerait comme une Force qui estcelle-là même par laquelle la Vie ne cesse de se vouloir elle-même, des'éprouver elle-même, de se désirer elle-même davantage et davantage.La représentation ascétique est morbide, elle fait du Désir un élémentinessentiel à la vie, elle n'y voit que la marque du péché et du mal.

Maisle désir est si essentiel, si essentiellement humain qu'il est la sève de laVie, et donc que nier le désir, c'est pour un être humain devenir. »

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