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Est-il vrai qu'on ne peut pas discuter des goûts ?

Publié le 20/01/2014

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               Le jugement de goût, dès qu’énoncé, paraît réticent pour ne pas dire rebelle à toute discussion. En effet, que dire, qu’objecter à celui qui juge, déclare : « Moi j’aime «, ou encore : « Je déteste « sinon par une position brutalement contraire, et de glisser dans un profond et définitif désaccord ? Et de trouver refuge dans l’expression proverbiale : « des goûts et des couleurs, on ne discute pas … « ou encore « les goûts sont dans notre nature «. Et pourtant, on ne cesse de discuter des goûts et des couleurs. Comment comprendre qu’on ne saurait discuter des goûts et des couleurs tout en passant notre temps à en débattre ? Doit-on s’en tenir à ce règne apparent de la subjectivité la plus singulière ? 

« Peut-on définir un beau qui fasse l’unanimité ? Si l’on prend au sérieux le j ugement esthétique, si le jugement de goû t doit avoir un sens, on y consta te la présence irrémissible d’une volonté ou d’une prétention d’ universalité.

Déclarer cette toile bel le en tant qu’elle suscite en moi une émotion esthétique ne suggère -t -il pas que quiconque à ma place doit trouver cette œuvre comme b elle ? Le plaisir esthétique contemplatif n’est- il pas la seule et unique mesure de ce qui est beau ? Dire, inversement, que ce tableau ne me plaît pas ne sous -entend -il qu’ il ne devrait plaire à person ne ? C’est pourquoi Kant dans la troisième Critique de la faculté de juger, pour cerner une approche définitionnelle de ce jugement et de la beauté, reprend en charge p lus profondément la question du beau.

Le jugement esthétique est de type réfléchissant, c’est -à -dire contraire au jugement d éterminant d’ordre scientifique , qui part non du singulier pour remonter à la généralité, il est inversement ce qui part de l’u niversel — le Beau — pour retomber au particulier.

Si le jugement scientifique s’initie sur la base des faits singuliers pour remonter à la généralité de l’hypothèse à vérifier expérimentalement ; le jugement esthétique inversement s’inaug ure par l’univers alité du B eau pour rattraper l’œuvre d’art singulière.

C ’est pourquoi à Kant de définir le beau comme suit : « Le beau est ce qui plaît universellement sans concept ».

C’est –à-dire qu’il n’est nullement besoin de sav oir ce q u’est le B eau en soi pour éprouver ce qui est beau.

Kant tranche sur une distinction essentielle entre ce qu’ est le Be au et ce qui est beau.

Il n’y a pas de science possible du Beau.

Mais ignorer le concept du Beau en soi ne nous interdit pas d’éprouver les choses belles.

Dè s lors, le jugement de go ût doit apprécier l’unification , dans l’œuvre d’art, d’éléments hétérogènes : l’œuvre est appréhendée comme si elle révélait une finalité interne.

Depuis lors, son sujet apparent perd de importance au profit de sa construction.

Semblablement, lorsque Hegel , (Esthétique ), fournit de l’ œuvre d’art une définition : la manifestation s ensible d’une idée — cela indique un critère de sélection pour le go ût : ni l’idée pure ni le sensible pur ne peut le satisfaire, mais seulement leur union (selon les trois versions histo riques — symbolique, classique, romantique — proposées dans L’Esthét ique de 1829) .

À partir de quoi il apparaît que le jugement de goût, lorsqu’il est positif, équivaut à signifier que l’œuvre jugée correspond bien à ce qu’il doit être (mouvement de totalisation dans l’optique kantienne, expression du spirituel dans la vision hégélienne).

À l’inverse, dire ce tableau ne me plaît pas, c’est dire « cette surface peinte ne correspond pas à ce que j’attends d’un tableau en fonction de la délimitation que j’en ai » (qui peut être kantienne ou hégélienne, même sans le savoir — mais qui peut également être tout autre, y compris insuffisante).

Ce qui est alors en jeu dans le goût, c’est une certaine conception de l’art, en tant que telle éventuellement d iscutable : discuter des goûts, c’est donc tenter de dépasser une approche purement intuitive pour expliquer le concept de l’art.. »

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