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Est-il vrai qu'on ne peut pas discuter des goûts ?

Publié le 10/02/2004

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On rendra alors compte de la possibilité de la discussion en faisant du plaisir esthétique la conséquence de la connaissance d'un rapport objectif. C'est parce qu'il résulte de la connaissance que le plaisir esthétique peut s'expliquer par des raisons et prétendre à la communication.

[2. Ce rapport objectif serait l'adéquation de l'objet à sa fin]

Nous trouvons un tel rapport objectif dans la notion de fin ou de fonction. La beauté serait alors la parfaite correspondance entre un objet et sa fonction. Donnons un exemple emprunté à la technique humaine : une voiture. On a tendance à dissocier l'aspect fonctionnel de la voiture (le moteur, les roues, etc., et de manière générale, tout ce qui permet d'atteindre la fin qui est de rouler), et l'aspect esthétique (certaines parties de la voiture, comme les formes de la carrosserie, moins soumises que d'autres à des contraintes techniques). Cependant, on peut objecter à cette dissociation que précisément, la belle voiture est celle qui supprime l'arbitraire de cette séparation : dans une belle voiture de sport, la beauté des lignes répond à une exigence fonctionnelle d'aérodynamisme. Ce n'est pas que ce qui est utile se trouve par ailleurs être beau, c'est que la beauté n'est rien d'autre que la nécessité de l'ensemble : tout s'y subordonne à la même fin.

« discussion est possible car le goût est conventionnel.

Il est socialement et historiquement conditionné : les canonsde la beauté changent selon les époques, les pays... [3.

Pourtant le goût appelle la discussion.]Cette interprétation qui propose de relativiser les goûts n'est pas satisfaisante car elle minimise la fonction de laparole.

Le jugement de goût appelle une véritable discussion.

Nous ne nous contentons pas d'éprouver unsentiment, mais nous cherchons à en rendre compte dans un discours et à le partager, c'est-à-dire à le faireapprouver.

Nous pensons que la beauté doit être éprouvée par tous, même si de fait tous ne l'éprouvent pas.

Celaest montré par notre prétention à distinguer un bon goût d'un mauvais goût.

L'existence d'une telle norme supposeun principe qui garantisse l'objectivité de notre sentiment.La référence même au goût alimentaire, qui paraissait condamner le goût à la subjectivité, peut être réinterprétéedans ce sens-là : tout comme il n'est pas donné à tout le monde de sentir les subtilités d'un vin, de même seull'homme de goût peut discerner la beauté.

Par ailleurs, cette prétention à l'objectivité fonde la distinction entrejugement de goût et plaisir gustatif.

Le plaisir de la sensation (l'agréable) est abandonné à sa subjectivité.

C'estseulement à propos du goût qui juge la beauté qu'il peut être question de discussion. [II.

La possibilité de la discussion sur les goûts se fonde-t-elle sur un principe objectif ?] [1.

Le plaisir ne serait que la conséquence de la connaissance d'un rapport objectif.]L'idée d'un « bon goût » paraît impliquer que seuls certains objets doivent produire le sentiment du beau.

Il est donctentant de chercher ce qui caractérise l'objet beau en tant que tel.

Mais nous avons vu que le beau exprime d'abordun état du sujet : c'est notre satisfaction qui révèle l'existence de la beauté.

Nous devons donc toujours partir denotre sentiment pour découvrir ensuite les propriétés de l'objet qui y correspond.

Mais si précisément ce sentimentpeut se produire à l'occasion d'un objet qui n'en est pas digne, comme c'est le cas dans le mauvais goût, cettedémarche est impossible.

En d'autres termes, si le critère suprême du beau c'est le plaisir, aucune norme ne peutêtre introduite.

On ne peut prouver à quelqu'un qui éprouve un plaisir que ce n'est pas vrai ou que ce plaisir nedevrait pas exister.On peut espérer lever la difficulté en disant que l'homme qui n'a pas de goût n'éprouve pas le sentiment du beau àl'occasion d'un objet qui ne l'est pas ; mais qu'il éprouve un sentiment qui n'est pas celui du beau.

Le propre dumauvais goût serait de ne pas savoir distinguer la satisfaction spécifique qui correspond au beau d'autres genres desatisfaction.

En particulier, puisque nous avons distingué le beau de l'agréable, le mauvais goût consisterait à lesconfondre.

On s'imaginerait ainsi que parce qu'une femme est attirante, elle est belle.

Cette solution ne lèvecependant pas complètement la difficulté.

En effet pour établir la possibilité d'une discussion, et corrélativement,d'un bon goût, il faut que nous éprouvions non seulement le même sentiment, mais encore à propos des mêmesobjets.

Quand bien même seuls les objets beaux provoqueraient le sentiment spécifique du beau, toutes les fautesde goût s'expliquant alors par une impureté du plaisir esthétique mélangé à l'agréable, il resterait à comprendrepourquoi il en est ainsi.

Comment se fait-il que les mêmes objets doivent produire le même sentiment chez desindividus différents?On rendra alors compte de la possibilité de la discussion en faisant du plaisir esthétique la conséquence de laconnaissance d'un rapport objectif.

C'est parce qu'il résulte de la connaissance que le plaisir esthétique peuts'expliquer par des raisons et prétendre à la communication. [2.

Ce rapport objectif serait l'adéquation de l'objet à sa fin]Nous trouvons un tel rapport objectif dans la notion de fin ou de fonction.

La beauté serait alors la parfaitecorrespondance entre un objet et sa fonction.

Donnons un exemple emprunté à la technique humaine : une voiture.On a tendance à dissocier l'aspect fonctionnel de la voiture (le moteur, les roues, etc., et de manière générale, toutce qui permet d'atteindre la fin qui est de rouler), et l'aspect esthétique (certaines parties de la voiture, comme lesformes de la carrosserie, moins soumises que d'autres à des contraintes techniques).

Cependant, on peut objecter àcette dissociation que précisément, la belle voiture est celle qui supprime l'arbitraire de cette séparation : dans unebelle voiture de sport, la beauté des lignes répond à une exigence fonctionnelle d'aérodynamisme.

Ce n'est pas quece qui est utile se trouve par ailleurs être beau, c'est que la beauté n'est rien d'autre que la nécessité de l'ensemble: tout s'y subordonne à la même fin.

Il en va alors de la belle voiture comme du beau discours dans lequell'architecture d'ensemble, comme le détail des parties, concourent à un même but.Si les objets techniques ont une fin objective qui donne au jugement sur eux un critère reconnu par tous, cettequestion de la fin paraît plus délicate à propos des beautés naturelles et des oeuvres d'art.

Nous nous contenteronsde donner des exemples qui suggèrent ce que pourrait être ici la référence à une fin, tout en en montrant lecaractère fortement problématique.— Pour Schopenhauer, la beauté de la femme répond à sa destination naturelle, qui est la maternité.

La belle femmeest donc celle dont les formes la prédisposent à cette fonction.

Peut-on cependant réduire la beauté d'une femme àcela?— On pourrait discuter, à partir de l'histoire de l'art, de l'idée d'une finalité sociale, politique ou religieuse de l'art.

Unexemple fera comprendre la chose : on peut dire, dans la perspective qui est la nôtre, que la musique militaire estbelle lorsqu'elle donne de l'ardeur au combat.

Tout art est-il cependant assujetti à une finalité extérieure à lui ? [3.

Ce rapport objectif ne doit pas faire l'objet d'une connaissance intellectuelle mais d'une perception.]La discussion sur les goûts est rendue possible par l'existence d'une fin objective à laquelle l'objet beau doitcorrespondre.

Il est tout aussi possible de discuter des goûts que de rechercher ensemble les meilleurs moyens deréaliser une fin sur laquelle on s'entend.

Mais le prix à payer pour établir cette possibilité n'est-il pas une excessive. »

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