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Weil: La société se confond-elle avec la communauté ?

Publié le 10/03/2005

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weil
Les valeurs historiques et le sacré d'une communauté tombent donc du côté opposé à celui de la technique et de la lutte avec la nature extérieure. On peut alors distinguer la communauté de la société, réservant le premier terme à ce qui est vécu dans une expérience directe de compréhension « humaine », dans le cadre d'institutions qui n'ont pas été créées ni « ré-organisées » par un organisateur rationaliste et calculateur, mais qui remontent aux « origines », aux temps immémoriaux. On peut opposer, pratiquement dans un sens analogue, le peuple à l'État considéré comme création récente, non comme aboutissement d'une évolution « organique ». On peut séparer, sur un autre plan, la race, donnée naturelle irréductible, de la nation, artificielle dans cette vue, du moins par rapport à la race - ou les croyants (quelle que soit la foi en question) des incroyants, des calculateurs, des déracinés, de ceux qui se sont détachés de la tradition pour se mettre du côté de l'efficacité technique et se déclarent prêts à abandonner les valeurs traditionnelles. [...] Il est vrai que parfois on oppose la communauté comme le bien à la société, incarnation du mal, l'une organique, l'autre artificielle. En fait, c'est la communauté historique qui a produit la société et, ce qui importe à présent, l'État, lequel, selon ces théories, tombe du côté du mal, du rationnel et du non-vital. Les communautés modernes sont modernes parce qu'elles s'organisent consciemment, parce que la raison n'y est pas seulement visible à qui connaît les résultats de leur évolution, mais est ce qui y veut et y est voulu. L'État moderne n'en est pas moins communauté ; mais il est forme consciente, et ce n'est qu'en lui (dans la tension entre société et communauté qu'il pense) que la communauté se voit comme communauté. La critique du concept de communauté du point de vue de la société, critique qui correspond à cette pseudo-critique de la société et de l'État du point de vue de la communauté, ne résiste pas mieux que celle-ci. [...] Reste qu'une tension existe entre société et communauté et, par conséquent, entre la société et l'État, tension non seulement entre des concepts mais entre des aspects réels de la réalité [...]. Mais une fois de plus, le problème n'est pas résolu quand on en nie l'existence, et c'est ce que l'on fait quand, choisissant entre communauté et société, on opte pour l'une à l'exclusion de l'autre.
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« d'institutions qui n'ont pas été créées ni « ré-organisées » par un organisateur rationaliste et calculateur, mais quiremontent aux « origines », aux temps immémoriaux.

On peut opposer, pratiquement dans un sens analogue, lepeuple à l'État considéré comme création récente, non comme aboutissement d'une évolution « organique ».

Onpeut séparer, sur un autre plan, la race, donnée naturelle irréductible, de la nation, artificielle dans cette vue, dumoins par rapport à la race - ou les croyants (quelle que soit la foi en question) des incroyants, des calculateurs,des déracinés, de ceux qui se sont détachés de la tradition pour se mettre du côté de l'efficacité technique et sedéclarent prêts à abandonner les valeurs traditionnelles.

[...]Il est vrai que parfois on oppose la communauté comme le bien à la société, incarnation du mal, l'une organique,l'autre artificielle.

En fait, c'est la communauté historique qui a produit la société et, ce qui importe à présent, l'État,lequel, selon ces théories, tombe du côté du mal, du rationnel et du non-vital.

Les communautés modernes sontmodernes parce qu'elles s'organisent consciemment, parce que la raison n'y est pas seulement visible à qui connaîtles résultats de leur évolution, mais est ce qui y veut et y est voulu.

L'État moderne n'en est pas moinscommunauté ; mais il est forme consciente, et ce n'est qu'en lui (dans la tension entre société et communauté qu'ilpense) que la communauté se voit comme communauté.

La critique du concept de communauté du point de vue dela société, critique qui correspond à cette pseudo-critique de la société et de l'État du point de vue de lacommunauté, ne résiste pas mieux que celle-ci.

[...] Reste qu'une tension existe entre société et communauté et,par conséquent, entre la société et l'État, tension non seulement entre des concepts mais entre des aspects réelsde la réalité [...].

Mais une fois de plus, le problème n'est pas résolu quand on en nie l'existence, et c'est ce que l'onfait quand, choisissant entre communauté et société, on opte pour l'une à l'exclusion de l'autre. Avez-vous compris l'essentiel ? 1 Comment s'opposent généralement société et communauté ?2 Pourquoi opter pour l'une à l'exclusion de l'autre ?3 Peut-on réellement opposer la société et l'État à la communauté ? Réponses: 1 - La société est artificielle, créée ainsi que l'État par la raison et la volonté des hommes.

La communauté estnaturelle et organique, soudée par des traditions qu'un peuple partage au cours de son histoire.2 - Du point de vue de la communauté, la société est l'incarnation du mal : l'oubli des valeurs et sentimentscommuns d'un peuple.

Du point de vue de la société, la communauté a le défaut de ne pas être une organisationrationnelle et consciente.3 - Non.

La forme sociale de l'État moderne est un aboutissement historique du développement même de lacommunauté.. »

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