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Zola, Nana, Chapitre 1 (Commentaire composé)

Publié le 05/09/2006

Extrait du document

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"Maintenant, la salle resplendissait. De hautes flammes de gaz allumaient le grand lustre de cristal d'un ruissellement de feux jaunes et roses, qui se brisaient du cintre au parterre en une pluie de clarté. Les velours grenat des sièges se moiraient de laque, tandis que le ors luisaient et que les ornements vert tendre en adoucissaient l'éclat, sous les peintures trop crues du plafond. Haussée, la rampe, dans une nappe brusque de lumière, incendiait le rideau, dont la lourde draperie de pourpre avait une richesse de Palais fabuleux, jurant avec la pauvreté du cadre, où des lézardes montraient le plâtre sous la dorure. Il faisait déjà chaud. A leurs pupitres, les musiciens accordaient leurs instruments, avec des trilles légers de flute, des soupirs étouffes de cor, des voix chantantes de violon, qui ..."

La première moitié de cet extrait donne une impression de luxe qui flamboie ; les couleurs (grenat, vert tendre, or(s), les « feux jaunes et roses «, 1. 3) éclatent en une gerbe triomphante, comme si la salle du Théâtre des Variétés avait été transformée avec « une richesse de palais fabuleux « (l. 8). Mais une antithèse souligne l'aspect artificiel de ce clinquant, qui « jur[e] avec la pauvreté du cadre, où des lézardes montraient le plâtre sous la dorure « (l. 9-10). Cet étalage rutilant n'est qu'un splendide replâtrage, qui sonne faux et paraît de mauvais goût, comme l'annonçaient déjà « les peintures trop crues du plafond « (l. 6). Le « palais fabuleux « n'est qu'un rêve, cachant une réalité probablement sordide.

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« 11-12), ce qui en soi induit quelques notes peu harmonieuses, mais s'oppose surtout àl'indifférence de la foule, fort éloignée des préoccupations artistiques et qui ne songe qu'àprendre d'« assaut » le théâtre, dans un désordre assez peu convenable. Transition Il semble bien, au regard de cette précipitation, qu'on puisse émettre quelques doutes sur lanature du spectacle auquel on se prépare à (assister. II.

Un spectacle douteux 1.

Le mauvais goût quelques fausses notes : « les peintures trop crues du plafond » (l.

6) attirent déjà l'attentionsur des aspects peu distingués du décor.

Le participe Lassé « jurant » (l.

8) souligne les fautesde goût, qui laissent deviner les « lézardes » sous les « dorures ».

Les musiciens accordantleurs instruments participent à leur manière à cette atmosphère douteuse.

un luxe suspect : des couleurs criardes (jaunes et roses, grenat, or(s), vert tendre, pourpre)barbouillent le décor de taches bariolées et sans goût ; l'éclairage « ruisselle » des feuxmodernes du Second Empire (« De hautes flammes de gaz ») ; le replâtrage du décor ensouligne les artifices et le clinquant outrageux. 2.

Un comportement populacier c'est une marée humaine qui monte à l'assaut de ce spectacle : toute la seconde partie dutexte insiste sur l'absence d'éducation et de retenue de l'assistance : le faux éclat du décorreprésente symboliquement la dissonance entre le caractère convenable des représentationshabituelles et la furie du public.

(cf.

le lexique de la violence, qui imprime sa marque au décor : « se brisaient » (l.

3) ; « brusque » (l.

7) ; « incendiait » (l.

7).les spectateurs se conduisent fort mal : tous « se poussaient » (l.

14) ; « la bousculade descouloirs était si rude » (l.

15) ; « lâchait » (l.

15).

Ce dernier verbe paraît fortement décrirel'attitude générale de l'assistance, débridée, prête à tous les excès...

On peut ici analyser lessonorités : allitérations en b, r, s (cf.

aussi l'onomatopée « brouhaha ») qui mettent en relief l'agitation générale. 3.

Une impatience suspecte la scène se déroule au Théâtre des Variétés, c'est-à-dire dans une salle qui peut a prioriaccueillir n'importe quel type de spectacle, et l'on n'a pas l'impression que celui-ci soitparticulièrement guindé ! Nous n'avons pas droit à la description de quelques dames du monde,c'est-à-dire de l'aristocratie ou de la haute bourgeoisie, mais assistons au contraire à unemêlée générale, indescriptible, ayant perdu toute idée de civilité (cf.

« assaut » ou « bousculade », termes qui ne s'appliquent guère à des gens bien élevés).l'impression générale de discordance et de mauvais goût a déjà été évoquée : cacher autantde « lézardes » sous des « dorures » semble particulièrement suspect, à l'image d'un public prêtà tout pour un spectacle dont on ne nous dit rien ici.la précipitation générale laisse en effet au lecteur un sentiment pénible, à l'image de ces portesqui permettent à peine au public de rentrer (l.

15) : pourquoi tant de hâte ? de sauvagerie ?Une réponse est peut-être donnée dans la dernière phrase du passage : « C'étaient des signesd'appel, des froissements d'étoffe...

» : il est clair que ce n'est pas l'aspect le plus positif del'humanité qui nous est ici montré, mais que nous avons affaire à des voyeurs plutôt qu'à desspectateurs, à une populace en quête de divertissements égrillards plutôt qu'à un peupledisposé à la révélation de son être profond.. »

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