Devoir de Philosophie

Zola et les personnages dans Germinal

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

zola
Zola excelle à faire vivre sous nos yeux des personnages que la violence révèle à eux-mêmes et, en même temps, métamorphose en bêtes sauvage. Ainsi nous dépeint-il, avec une puissance suggestive inégalable, la foule en furie, lâchée à travers les fosses, dans la cinquième partie, telle que la ressentent les bourgeois apeurés ; il en va de même de Jeanlin, qui semble réunir en sa personne la plupart des traits de l'animalité, alliée à la perversité de l'être humain.
zola

« Une photographie d'insurgé tué en 48.

Aboutissant à mai 71.

»Si le projet n'aboutit pas non plus (mais quelques pages évoquant la Commune, à la fin de La Débâcle, en sont unécho assourdi), Etienne s'intégrera dans l'insurrection des mineurs de Germinal.C'est que Zola est resté profondément marqué par le spectacle de la violence auquel ont donné lieu la Commune deParis et sa répression sauvage par les Versaillais en 1871, notamment au cours de la Semaine sanglante de la finmai.

A l'époque, Zola parcourait Paris, pour nourrir les articles qu'ils destinait au Sémaphore de Marseille.Quand Zola prend tardivement la décision de faire choix d'Etienne comme le représentant des Rougon-Macquartdans Germinal, il prévoit déjà de le faire figurer comme le héros de La Bête humaine :« Enfin le préparer pour le roman sur les chemins defer, où il commettra un crime, et surtout le préparerpour le roman sur la Commune, où je le ferai passer,sans lui donner le livre entier.

»Il n'y aura pas de roman sur la Commune et Jacques Lantier (troisième fils, bien tardif, de Gervaise) fera l'affaire.Après L'Assommoir (1877), quand Zola s'apprête à mettre en chantier son deuxième roman ouvrier, au seuil del'année 1884, il hésite entre un roman sur les chemins de fer et un roman sur la mine, comme en témoigne Edmondde Goncourt, dans son Journal, à la date du 16 janvier 1884 :« Les chemins de fer, son roman sur le mouvement d' une gare et la monographie d'un bonhomme vivant dans cemouvement, avec un drame quelconque, ce roman, il ne le voit pas dans ce moment-ci...

Il serait plus porté à fairequelque chose se rapportant à une grève dans un pays de mine qui débuterait par un bourgeois égorgé à la premièrepage...

Puis le jugement...

Des hommes condamnés à mort, d'autres à la prison...

Et parmi les débats du procès,l'introduction d'une sérieuse et approfondie étude de la question sociale.

» Etienne, personnage central de GerminalDans ses Souvenirs de Paris et de Londres, Edmondo de Amicis rapporte, à cet égard, un précieux témoignagerecueilli auprès de Zola, qui met en lumière le choix primordial du personnage.

Ce représentant de la famille desRougon-Macquart fournit au roman une impulsion originelle, le marque de son empreinte, il en est le principeorganisateur :« Je commence à travailler à mon roman, sans savoir ni quels événements s' y dérouleront, ni quels personnages yprendront part, ni quels en seront le commencement et la fin.

Je connais seulement mon personnage principal, monRougon ou mon Macquart, homme ou femme, c'est une vieille connaissance.

Je m'occupe seulement de lui, je méditesur son tempérament, sur la famille où il est né, sur ses premières impressions et sur la classe où j'ai résolu de lefaire wivre.

»Il faudra qu'Etienne fasse son apprentissage dans le nouveau milieu où il est introduit, se transforme sous l'impulsiondes exigences de l'environnement et de ses propres ambitions d'autodidacte.

La grève apparaît comme une épreuve,grâce à laquelle s'affirme la singularité du héros.

Voici comment Zola, élaborant la fiche de son personnage, confèrepeu à peu à celui-ci l'épaisseur de la vie.

Il le confronte aux circonstances et au milieu de la mine :Le voilà dans la mine, peu à peu cette vie souterraine le révolte, il y voit des abus, il y a tout un soulèvement enlui...

Il se met en avant, il voit au-delà de sa classe : travail sourd de l'idée d'avenir chez un ouvrier intelligent...

ilsent le besoin de l' instruction, il apprend en cachette...

l' état de demi-savant, plein de trous, plein d'affirmation etde doute...

Le voilà donc chef, ne déterminant pas la grève, mais l'acceptant, voulant la diriger d'abord, puisemporté lui-même, puis allant au-delà de ce qu'il a voulu.

» Personnage à part entière, Etienne devient le héros de Germinal :« Tout un personnage central maintenant, beaucoup plus mouvementé ; un héros.

» EtienneVouloir cerner le personnage d'Etienne, c'est d'abord l'impliquer dans une relation collective avec les mineurs et lemilieu de la mine ; c'est aussi le comprendre dans sa relation amoureuse avec Catherine.

Une double intrigue, sociale(conflit des mineurs avec la Compagnie), amoureuse (chaste, Etienne devra disputer Catherine à Chaval), constituela trame du drame d'Etienne.Comme le signale Neide de Faria, l'intrigue amoureuse, ébauchée à la fin du chapitre 4 et au chapitre 5 de lapremière partie, demeure un ressort dramatique latent, jusqu'au dernier chapitre du roman, ou peu s'en faut.Tout commence par l'intervention intempestive, mais décisive, de Chaval, lequel ose embrasser brutalementCatherine alors qu'Etienne s'enhardissait auprès d'elle.

Etranger à la mine (il vient de Lille), plutôt velléitaire et mêmetimoré au début, Etienne se méprend sur les relations entre Catherine et Chaval, il a même du mal, au tout début, àidentifier Catherine (il la prend pour un jeune homme). Etienne : un personnage contradictoireDans le trio constitué par Catherine, Chaval et Etienne, Chaval prend l'initiative et conserve longtemps l'avantage.Par son comportement initial envers Catherine et Chaval, Etienne compromet son succès amoureux jusqu'à la fin.

«Pourquoi n'a-t-il pas osé le premier, ce sera là tout le livre », note Zola dans sa « Fiche personnage ».Etienne ne manque ni de volonté ni de courage et, s'il est intimidé, il n'est pas vraiment timide devant Catherine.

Labagarre avec Chaval (sixième partie, chapitre III), l'affrontement des deux hommes au fond de la mine (septièmepartie, chapitre V) en administrent la preuve. Etienne, en réalité, se montre partagé entre l'engagement révolutionnaire et l'engagement amoureux.

Son audace. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles