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Texte : Nicolas Machiavel, Le Prince, chapitre 18

Publié le 13/12/2020

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Texte : Nicolas Machiavel, Le Prince, chapitre 18

On associe généralement l’État à un ensemble de personnes qui acceptent de se soumettre aux ordres d’un dirigeant sous certaines conditions. Machiavel aborde les notions d’État et de vérité dissimulée, c’est-à dire le mensonge. Dans quelle mesure un prince doit-il tenir sa parole pour être efficace et bien gouverner ? Dans ce texte, Machiavel va montrer qu’un prince, un souverain ne doit pas toujours être franc, et est en droit de tromper, dissimuler la vérité si c’est pour conserver le pouvoir, réussir et maintenir la stabilité de l’État qu’il dirige. Dans un premier temps, Machiavel explique que la ruse est une arme du prince (ligne 1 à 9). Ensuite, dans un second temps, il se demande si un prince doit être ou paraître vertueux (ligne 10 à 17, « … les qualités opposées). Enfin, dans un troisième temps, l’auteur réfléchie sur la réussite, but ultime de l’homme politique, qui fait qu’un prince ne peut pas respecter sa parole (ligne 17 « On doit bien comprendre » à ligne 21).

Dans un premier temps, explique en quoi la ruse est une arme du prince, donc du souverain de la ligne 1 à la ligne 9. En effet, un prince est un homme d’État qui détient le pouvoir et gouverne un État. Il n’est donc censé agir qu’au nom de l’État et non dans un intérêt personnel. Dans le texte, Machiavel indique « un très grand nombre de traités de paix, d’accords » (l. 1-2) qui sont partis en fumée. Un traité de paix est un accord entre deux États adverses qui a pour objectif de faire cesser la guerre. Tant qu’il s’oppose toute forme de brutalité, de violence, l’ordre politique est de l’ordre du contrat, de l’engagement et donc du traité qui sont des principes de confiance et de vérité fondamentaux et essentiels au bon fonctionnement de l’État. Cependant, ici, Machiavel rétablit la vérité concernant la réalité. Effectivement, d’après l’auteur, les princes seraient contraint de vivre dans le mensonge et donc de dissimuler la vérité afin de garder ses sujets de son côté et de réussir mais aussi pour être efficace et ainsi bien gouverner. Il est donc un homme d'État dépourvu de scrupules qui n'hésite pas à employer toutes sortes de ruses, de tromperies pour réaliser ses desseins et servir ses intérêts. La ruse, indispensable au bon gouvernement d’un État, conduit le dirigeant à renier ses engagements. Les « accords » sont alors « vains et inutiles par l’infidélité des Princes qui les avaient conclus ». Afin d’arriver à son objectif, le prince va ruser, « agir en renard » (l.4). Il s’agit ici de l’allégorie du renard qui est un animal qui représente la ruse, c’est-à dire l'habileté d'une personne à agir de façon astucieuse voire fourbe afin de parvenir à ses fins, ou encore l’art de déjouer les pièges et l’habileté à en construire. Nous pouvons aussi définir la ruse comme un stratagème utilisé pour tromper. Tout comme le dirigeant, le renard maîtrise l’art du détournement, il est celui qui promet tout en sachant qu’il ne va pas tenir sa promesse. Le goupil dissimule ces intentions et fait passer la morale au second plan car pour cet animal, tout comme pour le Prince, peu importe le moyen pour y arriver, seul le résultat compte. Enfin, si le prince parvient à tromper les hommes, ses sujets, c’est parce « Les hommes sont si naïfs » (l.7) qu’ils sont facilement manipulables et « qu’un trompeur trouve toujours quelqu’un qui se laisse tromper » (l.8 à 9), comme l’écrit Machiavel. Pour arriver à ses fins, le prince n’étant pas fidèle à ses engagements, utilise le même moyen que les bêtes, ici les renards, qui est la ruse. Donc, la ruse est bien considérée comme une des armes du prince, qui lui permet d’arriver à ses fins.

Dans un second temps, Machiavel se demande si un prince doit être ou paraître vertueux de la ligne 10 à la ligne 17 « … les qualités opposées ». Selon Machiavel, « il n’est pas bien nécessaire qu’un Prince les possède toutes ; mais il faut qu’il paraisse les avoir ». L’auteur explique que le souverain doit ruser en paraissant avoir toutes les vertus, c’est-à dire toutes les qualités du sage, c’est-à dire être « clément, fidèle, humain, religieux, sincère » (l.14-15) ; mais en ne les ayant pas toutes en réalité, car ces vertus pourraient lui jouer des tours. Il doit donc PARAÎTRE posséder toutes les vertus morales mais ne pas ÊTRE véritablement et complètement vertueux. Il explique alors sa réussite par le fait que le peuple ignorant se fie à ce qu’il voit, donc à son apparence (du prince) et non à ce qu’il est. La ruse selon Machiavel, peut donc être vue comme la dissimulation par le prince de sa vraie nature, pour faire croire au peuple qu’il possède de nombreuses et importantes qualités morales, mais ne fait en fait que le tromper. Il n’est donc pas nécessaire à un prince d’être bon et moral, mais il lui suffit de le paraître et de le simuler aux yeux de ses sujets, de son peuple. Machiavel distingue l’être du paraître, et si la politique repose sur le paraître et l’illusion, la tromperie, la simulation, ses effets n’en sont pas moins réels. Donc, un prince doit veiller aux apparences de ses bonnes qualités, donc de ses vertus, mais n’hésitera pas à les rejeter si celles-ci ne lui permettent pas de réussir et d’arriver à ses fins, donc à ses objectifs personnels.

Dans un troisième temps, l’auteur réfléchit sur la réussite, c’est-à dire le but ultime de l’homme politique, qui fait qu’un prince ne peut pas respecter sa parole (ligne 17 « On doit bien comprendre » à ligne 21). Un prince doit comprendre qu’il n’est donc pas possible, notamment pour « un Prince nouveau » (l. 18), « d’observer dans [s]a conduite tout ce qui fait que les hommes sont jugés bons » (l. 18-19). En effet, être vertueux peut lui nuire tandis que le paraître est généralement avantageux pour sa réussite. Cependant, il peut être « obligé, pour maintenir l’État, d’agir contre l’humanité, contre la charité, contre la religion même » ( l. 20-21). Le Prince ne doit donc pas uniquement agir dans son propre intérêt, son intérêt personnel, mais il doit principalement agir dans la réussite de l’État s’il souhaite préserver son pouvoir. Donc, afin de réussir et d’arriver à ses fins, le prince doit tirer des profit de la ruse et en tirer les plus grands avantages, ce qui lui permet de garder le pouvoir, le privilège.

Nous pouvons conclure que selon Machiavel, le Prince doit être pourvu de vertus morales et politiques mais ne doit cependant pas toutes les posséder et ainsi faire croire le contraire au peuple, donc dissimuler sa véritable conduite/morale afin de gouverner de façon durable. Il est malin et rusé, ce qui lui permet de diriger un État et de réussir en politique car pour lui seul le résultat compte et la morale n’est pas nécessaire. Un prince est donc en droit de tromper, mentir, simuler, du moment qu’il le fait pour la stabilité de l’État et non pour son intérêt personnel.

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