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le loup et l'agneau

Publié le 25/02/2017

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Le loup et l'agneau La raison du plus fort est toujours la meilleure :Nous l'allons montrer tout à l'heure.Un Agneau se désaltéraitDans le courant d'une onde pure.Un Loup survient à jeun qui cherchait aventure,Et que la faim en ces lieux attirait.Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ?Dit cet animal plein de rage :Tu seras châtié de ta témérité.- Sire, répond l'Agneau, que votre MajestéNe se mette pas en colère ;Mais plutôt qu'elle considèreQue je me vas désaltérantDans le courant,Plus de vingt pas au-dessous d'Elle,Et que par conséquent, en aucune façon,Je ne puis troubler sa boisson.- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,Et je sais que de moi tu médis l'an passé.- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?Reprit l'Agneau, je tette encor ma mère.- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.- Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens :Car vous ne m'épargnez guère,Vous, vos bergers, et vos chiens.On me l'a dit : il faut que je me venge.Là-dessus, au fond des forêtsLe Loup l'emporte, et puis le mange,Sans autre forme de procès. Heizler Analyse(loup et l'agneau) Tout d'abord, La Fontaine place la morale de la fable dès le premier vers "La raison du plus fort est toujours la meilleure". Il annonce directement la raison de l'affrontement entre le loup et l'agneau. Ce "procès" (vers 29) est donc truqué. Le narrateur (objectif) annonce implicitement ce qui doit arriver et le loup va jouer sur sa mauvaise foie tout au long de la fable pour justifier le meurtre de l'agneau qui lui reste naïf et honnête. L'argumentation du loup se fait par la mauvaise foie. C'est un animal qui est montré comme cruel, tyrannique et supérieur, on le voit grâce au champs lexical de la haine: «plein de rage»,«cruelle»,«venge»,«colère»... De plus, le loup symbolise la force et la puissance, il est donc présenté comme royal,«sire»,«majesté» ce qui renforce le côté surpuissant de cet animal. De plus, il parle à sa proie en utilisant la 2eme personne du singulier ce qui montre son manque de respect envers l'agneau. Il reproche un fait matériel à l'agneau, celui de «troubler son breuvage». Il s’approprie donc cette rivière qui n'est pas plus à lui qu'à l'agneau. Le loup utilise la question rhétorique «Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?» car il n'attend pas la réponse de l'agneau, il le condamne directement, comme le marque le futur «tu seras châtié». Tout est joué dès le début dans «ce procès». On remarque aussi que l'auteur a utilisé une asyndète en ne mettant aucun conjonction de coordination dans le vers «Tu seras châtié» ce qui renforce la rapidité de l'action. L'agneau essaye de donner des arguments en sa faveur«Que je me va désaltérant[...]je ne puis troubler sa boisson» mais le loup les balaye et nie l'évidence, il répète seulement «tu la troubles» d'une manière violente qui traduit sa mauvaise foie et sa cruauté. Le loup essaye ensuite de faire paniquer l'agneau en parlant de l'année passée,en effet, il joue sur le mensonge;«Et je sais que de moi tu médis l'an passé.»Pour finir, la féroce bête mange l'agneau en prétextant qu'il se venge de ces chiens et ces bergers (faisant référence à la garde des moutons par ces derniers). Mais en réalité, le loup n'a aucun prétexte, il a juste faim et est plus puissant que l'agneau. Le loup est donc ici montré comme un personnage surpuissant, qui est largement plus fort que l'agneau physiquement mais aussi moralement car l'agneau doit lui obéir. Tout au long de la fable, le loup essaye de cacher le motif de l'exécution de la proie qui est en réalité «la faim». Il renverse donc la situation et se fait passer lui pour la victime «Vous, vos berger, vos chien[...]il faut que je me venge». A l'opposé, nous avons le personnage de l'agneau qui est montré comme doux et innocent mais aussi honnête et respectueux. En effet il emploie la 3eme personne du singulier pour parler au loup «Qu'elle considère» ce qui montre son intimidation et son respect, il n'ose pas lui parler directement. De plus il l'appelle par les mots «Sire» et «majesté» de même que l'on parlerait à un Roi. Même si au nombre de vers l'argumentation de l'agneau équivaut à celle du loup elle n'est en aucun cas répartie de la même manière. Tout d'abord, l'agneau insiste sur le fait qu'il se «désaltère» simplement et non qu'il savoure l'eau. Il vient donc boire ici par question de survie et il n'oserait pas faire plus. Ensuite, l'agneau essaie de répondre de façon pertinente et honnête. Il réfléchie à trois reprises aux attaques du loup; «Que je me vas désaltérant», «Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né?», «Je n'en ai point». On peux néanmoins observer que les répliques de l'agneau sont de plus en plus courtes comme si il savait l'inutilité de ces arguments face à un loup qui va le manger quoi qu'il dise. En effet sa dernière réplique «Je n'en ai point» est formée sur 4 monosyllabes montrant qu'il perd ces moyens face à l'agressivité du loup. L'agneau est donc montré comme un personnage opposé au loup, qui agit en toute honnêteté mais malheureusement aussi en tout naïveté. Cet animal ne peut hélas rien faire contre le loup. Le Loup et l’Agneau est une fable qui évoque les relations humaines et la domination de certains individus sur d’autres. On peut comparer cette fable à la Révolution Française. En effet, la victoire du loup était décisive comme celle de la bourgeoisie sur les deux autres classes qui les dominaient depuis plusieurs siècles (noble et prêtre). Pour conclure, l'auteur ne nous donne aucune morale, il constate juste que «La raison du plus fort est toujours la meilleure.»

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