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LA monologue harpagon

Publié le 17/01/2016

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De l’avarice à la folie Molière, L’Avare (1668) ? Objectif : analyser l’irruption du registre tragique au sein d’une scène comique et la portée métathéâtrale de la scène. Proposition de plan détaillé de la lecture analytique I. La détresse d’un fou A. Une scène au rythme enlevé - La scène est rythmée par les mouvements désordonnés du personnage, qui crie avant d’entrer sur scène et ne respecte pas les règles : il vient «sans chapeau ». Cette didascalie souligne la rupture avec la bienséance attendue par le public de l’époque - Le personnage attrape son propre bras, ce qui relève du comique de gestes, hérité de la farce médiévale : « A lui-même, se prenant par le bras ». Ce geste joué par l’acteur, comme l'indique la didascalie, montre le paroxysme de la détresse d’Harpagon qui s’en prend à lui-même. - Les phrases sont brèves, la ponctuation expressive, ce qui contribue au rythme enlevé de la scène : « Qui peut-ce être ? […] Qui est-ce ? ». La succession des dix questions montrent bien que son obsession pour l’argent va jusqu’à la folie. B. La personnification de l’argent - Harpagon considère son argent comme un être humain, puisqu’il le personnifie en l’appelant « mon cher ami » (l. 9). L'affection attendue pour un être humain est ici déplacée sur un objet inerte. - Lorsque le vieil avare s'interroge en se demandant : « Où se cache-t-il ? ». Le spectateur est surpris par la syntaxe de la phrase. On s'attendrait à où l'a-t-on caché ?. Or, Harpagon semble considérer son argent comme une personne qui aurait la possibilité de se cacher. - Enfin, l'argent est confondu avec une bien-aimée. Lorsque Harpagon interpelle son argent (« puisque tu m'es enlevé »), il fait écho au discours de Roméo s'adressant à Juliette : « puisque tu m'es ravie... ». C. Des accusations délirantes (à compléter par les secondes 6) II. Un monologue à la fois tragique et comique Si la folie d’Harpagon et l’amour qu’il porte à sa cassette relèvent d’un comique de caractère quasi farcesque, la détresse de ce personnage fait sourdre un ton plus tragique. A. L’expression d’un désespoir tragique - Le personnage de Molière est proche d’un héros tragique. Sa folie et ses menaces suscitent la crainte, son immense douleur peut susciter la pitié : « tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde : sans toi, il m’est impossible de vivre. » L’outrance d’Harpagon rappelle la démesure dont sont capables les personnages tragiques. - Le désespoir de l’avare, dû à un sentiment d’injustice, rappelle le désespoir amoureux : il parle de son argent de la même manière qu’un héros tragique parlerait de la perte de sa bien-aimée : « On m 'a privé de toi […] J’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ». Cette douleur, exprimée par le rythme ternaire des métaphores, rappelle le désespoir amoureux. - La souffrance d’Harpagon suscite une forme de malaise chez le spectateur parce qu'elle déborde de l'espace scénique : «Ils me regardent tous, et se mettent à rire.» Le public est alors impliqué dans la scène. Le quatrième mur fictif, qui sépare le comédien des spectateurs, est levé. Du fait, on a soudain l'impression de rire aux dépens d'un vieillard souffrant : le public est inclus dans l'intrigue. B. De ridicules exagérations - Le registre tragique est cependant tourné en dérision par les nombreux procédés d’exagération, qui caricaturent les paroles d’Harpagon. On peut ainsi relever des gradations, Harpagon criant au vol puis au meurtre : « A u voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! » (l. 1-2). Harpagon donne à l’événement une gravité hors de propos. - On peut constater des répétitions et des redondances qui rendent également le discours de l’avare ridicule : « Justice, juste ciel ! Je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge » (l. 2-3) ou « Je me meurs, je suis mort, je suis enterré » (l. 13-14). - Le discours d’Harpagon semble tourner en rond, le personnage s’enivrant de son propre désespoir. Le ton plaintif est également exagéré par des répétitions, des exclamations, des interjections : « Hélas ! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! » (l. 9). Tous ces procédés ont un effet comique qui annule le registre tragique. C. Une prise à partie comique des spectateurs (à compléter par les secondes 11).

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