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La relation entre les maîtres et les esclaves

Publié le 23/05/2017

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Nom du professeur correcteur : Note : Observations générales du correcteur : 1 Question du corpus: La relation entre les maîtres et les esclaves est un thème qui a souvent été traité dans la littérature et plus particulièrement au théâtre, de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Le corpus que nous allons étudier rassemble trois extraits de pièces de théâtre qui abordent précisément ce sujet. Il est composé d’un extrait de La Marmite de Plaute, d’un extrait de L’île des esclaves de Marivaux (écrit au Siècle des Lumières) et d’un extrait d’En attendant Godot de Samuel Beckett (théâtre de l’absurde du XXème siècle). Dans ces trois extraits il y a une confrontation entre les maitres et les valets : qu’est-ce qui caractérise leur relation? Nous verrons que la violence, physique et verbale, imprègne les échanges dans les trois textes. Aussi, nous verrons que les auteurs critiquent le comportement du maître par le biais du personnage de l’esclave. La domination du maître sur l’esclave est présente dans les trois extraits du corpus. Elle est caractérisée tout d’abord par une violence physique que les maîtres adressent à leurs esclaves. L’insulte est le mode de communication le plus fréquent. Ainsi, dans l'extrait de La Marmite, Staphylla est l'esclave d'Euclion. Ce dernier semble avoir sur elle tous les droits, notamment celui de l'insulter : \"sortiras-tu, espion, avec tes yeux fureteurs ?\", \"une misérable de ton espèce\", \"scélérate\", \"méchante bête ». Dans L'île des esclaves, Arlequin est l’esclave de son maître Iphicrate qui l’insulte également : \"Esclave insolent !\", \"Misérable !\". Enfin, dans En attendant Godot, Pozzo et Lucky apparaissent sur scène liés par une corde symbolisant leur relation. Pozzo est le maître et Lucky l'esclave. Pozzo se permet de maltraiter Lucky : il le traite comme un \"vieux chien\". La violence physique caractérise également les relations entre les personnages : chez Plaute, Euclion veut battre sa servante: « si je prends tout à l'heure un bâton ou un nerf de bœuf, je te ferai allonger ton pas de tortue » et même la mettre à mort : \"je te ferai mettre en croix pour t'apprendre à vivre ». De même, Iphicrate a plusieurs fois utilisé la violence physique contre son ancien esclave : \"Vous avez continué de m'en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là\" et le menace de mort : \"Misérable ! Tu ne mérites pas de vivre\". Enfin, Chez Beckett, Pozzo, qui considère Lucky comme une chose, constate que « Pour bien faire, il faudrait les tuer » (en parlant des « êtres » semblables à Lucky). Nous pouvons noter que dans chacun des textes, les auteurs critiquent les maitres par le biais du valet. Dans l’extrait de la Marmite, Plaute critique l’avarice d’Euclion par les mots de Staphylla (elle parle de la « fièvre », du « vertige »). Dans l’Ile des esclaves, Marivaux montre la fragilité du pouvoir et « l’inter-dépendance » entre le maître et l’esclave. Iphicrate perd son statut sur l’île, Arlequin ne lui obéît plus : « Doucement ; tes forces sont bien diminuées, car je ne t’obéis plus, prends-y garde ». Enfin, dans le texte de Beckett, l’auteur dénonce le manque d’humanité des maitres : Pozzo traite Lucky comme un moins que rien, il renie ses sentiments, il dit que même « un chien aurait plus de dignité » que Lucky. De plus, c’est dans ce texte que Pozzo remarque la fragilité de sa position : il constate que Lucky aurait pu être à sa place (….. citaError: Mismatch between font type and embedded font file Error: Mismatch between font type and embedded font file Error: Mismatch between font type and embedded font file Error: Mismatch between font type and embedded font file tion). Dans le texte de Marivaux, ce dernier en est même à placé le maitre dans une situation d’esclave pour qu’il juge de lui-même de la façon honteuse et violente dont il traite son valet. 2 A travers les siècles, le statut de l’esclave a changé dans la littérature. Les textes du corpus ont été écrits à des différentes époques (de l’Antiquité jusqu’à nos jours) mais présentent néanmoins des points communs. En effet, la violence physique et verbale caractérise les relations entre les maîtres et leurs esclaves quel que soit l’époque. Même si ce n’est qu’à partir des Lumières que le valet s’émancipe et devient une sorte de porte-parole pour dénoncer la hiérarchie sociale, on peut constater dans les trois textes la critique du maître à travers le personnage de l’esclave. Quel que soit les époques, le maitre à toujours une position de domination à son valet qui s’exprime de manière plus ou moins violente physiquement et verbalement. Dans ces extraits, la vision des maitres envers leurs esclaves ne met en valeur aucune notions d’aide et de soutien alors que le valet par définition est bien au service de son maitre. Commentaire de texte : La hiérarchie sociale est souvent dénoncée dans les écrits du Siècle des Lumières. La pièce « L’île des Esclaves » de Marivaux (1725) aborde ce sujet à travers une intrigue insolite. Les personnages, après un naufrage, échouent sur une île où la hiérarchie est inversée : les maitres deviennent des esclaves et les esclaves prennent le pouvoir. L’extrait étudié se situe après le naufrage d’Iphicrate et d’Arlequin, deux Athéniens (Arlequin est l’esclave d’Iphicrate) et dévoile un dialogue entre plusieurs personnages. Comment Marivaux montre dans cet extrait de l’Ile des esclaves que les humains, quel qu’ils soient, ont tous la même attitude face à la prise du pouvoir ? Nous allons en premier lieu étudier les attitudes des personnages et notamment les changements qui interviennent après l’arrivée sur l’île. Cela nous permettra de nous poser la question si la prise de pouvoir peut rendre les insurgés aussi méchants que leurs oppresseurs auparavant. Les attitudes des personnages changent à leur arrivée sur l’île : Iphicrate, qui a compris sur quelle île il avait fait naufrage, semble vouloir se faire pardonner auprès d’Arlequin pour son mauvais traitement : « Eh ne sais-tu pas que je t’aime ?». Arlequin quant à lui, renie ces marques d’attention et commence désobéir à Iphicrate. Nous pouvons remarquer le détachement d’Arlequin lors de leurs échanges : « chacun a ses affaires, que je ne vous dérange pas ! ». Arlequin est indifférent face aux demandes d’Iphicrate : « - Iphicrate : j’ai besoin d’eux moi ! - Arlequin : Oh ! Cela se peut bien ! » Arlequin se moque aussi d’Iphicrate puisqu’on peut voir dans la didascalie qu’il rit et ironise : « Arlequin, riant. − Ah ! ah ! vous parlez la langue d’Athènes » (la langue 3 d’Athènes désignant les coups). Iphicrate est désespéré : « Iphicrate, au désespoir, courant après lui, l’épée à la main. » Nous pouvons voir qu’il y a dans cette scène, un comique de situation. L’inversement des rôles valet-maitre donne un aspect comique puisque le personnage d’Arlequin nous fait rire, par le bais d’un langage moqueur envers Iphicrate : « Oh, oh, que nous allons rire ! Seigneur Hé ! ». De plus, nous pouvons noter le comique du langage : Arlequin désigne ironiquement les coups que lui donnait autrefois Iphicrate comme des compliments : « Mon cher patron, vos compliments me charment ; vous avez coutume de m’en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là » (le pronom personnel « en » désigne les coups). Ces différents types de comique donnent un ton léger à la scène et permettent un changement progressif dans les rapports de pouvoir entre les personnages. Iphicrate n’appelle jamais son esclave par son nom bien que ce dernier se nomme Arlequin. Il préfère l’apError: Mismatch between font type and embedded font file peler par l’interjection « hé », si bien que l’esclave perd son identité. En effet, cette interjection peut s’adresser aussi bien à un inconnu qu’à un animal et marque le peu de respect qu’Iphicrate éprouve envers son esclave. Arlequin montre sa souffrance par son habitude de ne plus porter de nom : « Trivelin. − Comment vous appelez-vous ? Arlequin. − Est-ce mon nom que vous demandez ? Trivelin. − Oui vraiment. Arlequin. − Je n’en ai point, mon camarade. » Sur cette île les rôles sont inversés, les esclaves deviennent maitres et les maitres deviennent esclaves. Comme nous avons pu le voir, lorsqu’Arlequin était esclave, il a été déshumanisé et a souffert ; mais maintenant que c’est lui le maitre, vat-il faire subir le même sort à Iphicrate ? La possession du pouvoir peut changer l’attitude des humains. Dans l’extrait étudié nous constatons que plus Arlequin acquiert de pouvoir sur Iphicrate, plus son attitude devient nonchalante. Un changement très symbolique va se produire durant cette scène, une didascalie explique que Trivelin doit désarmer Iphicrate, pour ensuite la donner à Arlequin. L’épée symbolise le pouvoir, Arlequin l’ayant donc en sa possession, il possède donc le pouvoir. Maintenant qu’Arlequin est devenu un « camarade » avec du pouvoir, il ne s’empêche pas de le faire remarquer, il répétera ce terme trois fois pour désigner son « camarade » Trivelin. Arlequin domine Iphicrate dans cet extrait : comme nous avons pu le voir, il se fait remettre l’épée, mais il a aussi plus de temps de parole et se déplace beaucoup, contrairement à Iphicrate (qui, en revanche, lui court après « courant après lui, l’épée à la main »). Arlequin est-il plus juste ou tout aussi injuste qu’Iphicrate auparavant ? Grâce à la didascalie, nous remarquons qu’Arlequin est tout d’un coup plus sérieux à la ligne 12 : « Arlequin, se reculant d’un air sérieux ». Nous pouvons voir que lors de la tirade qui suit, Arlequin cherche à se venger d’Iphicrate, il veut lui rendre la monnaie de sa pièce : « j’étais ton esclave ; tu me traitais comme un pauvre animal, et tu disais que cela était juste, parce que tu étais le plus fort. Eh bien ! Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ; on va te faire esclave à ton tour ». Le mot « souffrir » apparait deux fois dans la réplique d’Arlequin en faisant référence à ses souffrances passées. Mais Trivelin met en garde Arlequin par rapport à sa soif de vengeance : « Souvenez-vous en prenant son nom, mon cher ami, qu’on vous le donne bien moins pour réjouir votre vanité, que pour le corriger de son orgueil. ». Cette soif de 4 vengeance est exprimée avec encore plus de vigueur par Cléanthis (la servante d’Euphrosine, le couple maitre/esclave féminin de la pièce) dans la scène suivante. C’est Trivelin qui est finalement garant d’équilibre et de justice sociale dans la pièce. Nous l’avons constaté, le pouvoir donne de la puissance aux personnages de Marivaux. Mais peut-il rendre méchant ? En étudiant de plus près le pouvoir qu’exerce Arlequin sur Iphicrate, nous constatons que ce dernier est particulièrement affaiblit puisqu’Arlequin ne lui obéit plus. Marivaux a dénoncé par le biais du comique la hiérarchie sociale de l’époque qui mettait en valeur les maitres et maltraitaient les valets. Iphicrate n’a pour ainsi dire jamais appelé Arlequin par son nom. Et maintenant que les rôles sont inversés, c’est Arlequin qui appelle Iphicrate par l’interjection « Hé ! ». Arlequin est devenu nonchalant et il n’est plus docile envers Iphicrate, son attitude est clairement devenue comme celle de son maitre, orgueilleuse, autoritaire… En conclusion nous pouvons dire qu’effectivement, par la prise du pouvoir, même un ancien esclave peut avoir à son tour, une mauvaise attitude. 5

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