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Willy 1er

Publié le 12/05/2017

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Willy 1er Réalisation : Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier, Hugo P. Thomas Interprétation : Daniel Vannet (Willy et Michel), Noémie Lvovsky (Catherine), Romain Léger (Willy, le collègue), Robert Follet (le père de Willy et Michel) Willy 1er est un projet qui sème le trouble et nous laisse un léger malaise qui pousse à se questionner sur l’intention de départ. Daniel Vannet, quinquagénaire devenu acteur assez tard , porte entièrement le film sur les épaules à un point qu'il arrive à incarner deux frères jumeaux (l’un se suicidant, l’autre tentant de surmonter ce deuil), avant tout il ya une histoire, un physique et un retard intellectuel qui le distingue. C’est justement dans le cadre d’une association luttant contre l’illettrisme que les réalisateurs ont fait sa recontre puis ont pris la décision de lui consacrer un premier court-métrage, Perrault, La Fontaine, mon cul !, qui démontrait déjà l’engagement qui montrait que l'acteur pouvait faire preuve de compétente pour incarner un personnage si proche de lui. Heureusement, ce jeu sibyllin entre composition et réalité, fiction et approche du documentaire qui se solde ici par un regard plutôt bienveillant de la part des quatre réalisateurs, généralement à juste hauteur de leur acteur pour ne pas être pris en train de s’amuser de sa différence, accompagnant même avec une certaine déclamation la manière dont son personnage conquiert sa liberté. C’est par ailleurs ce mouvement qui constitue la partie la plus intéressante du film : d’un deuil si difficile à surmonter qui entraine l’isolement encore un peu plus au sein de son village du nord de la France, Willy va chercher en lui la force de trouver du travail et de prendre un appartement dans la petite ville d’à côté.Comme si vivre à quelques kilomètres de là où on a passé sa vie montrait un point de rupture et qui pourrait signifier un dépassement de soi.Dans le film il y a des scènes comiques en nouvelles rencontres qui sont plus ou moins bonnes, notre personnage va ainsi explorer de nouveaux territoires pour mieux revenir vers la figure de son frère décédé qui lui manque tant. Le parcours pourrait émouvoir et l’émotion parfois émerge, notamment lorsqu’une amitié improbable avec un jeune collègue homosexuel et transformiste l’amène à évoquer les disparus. On nage dans un plein entre-deux où les cadres, les axes de caméra et le découpage sentent bon le compromis alors que les réalisateurs disent avoir tout fait à quatre, privant le film d’une vraie vision sur le sujet. Pourtant, on ne cessera de répéter que Daniel Vannet, avec sa pleine spontanéité, offrait un potentiel intéressant : une présence qui attrape la lumière, un corps rond capable d'être empli une violence inquiétante (notamment lors d’une scène qui l’oppose à sa tutrice incarnée par Noémie Lvovsky). Mais pour toucher à la vérité de ce personnage, il aurait fallu que les réalisateurs donnent moins l’impression d’avoir soupçonné le bon coup marketing et ne se limitent pas qu’à la seule présence de leur acteur pour justifier l’existence de leur film.

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