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La déroute d'Eurotunnel

Publié le 05/12/2018

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la guerre des prix engagée par les compagnies de ferries, la société Eurotunnel a fixé les tarifs à un niveau plus bas que prévu. Ainsi, sur les six premiers mois de 1995, son chiffre d'affaires n'a pas dépassé 806 millions de francs, et, sur l'ensemble de l'année, il n'excéderait pas 2,15 milliards. De quoi expliquer les pertes abyssales pronostiquées. Après avoir perdu 3,66 milliards de francs au premier semestre, le concessionnaire du tunnel sous la Manche affichera vraisemblablement un déficit de l'ordre de 6 milliards. Pour sauver la société, ses dirigeants ont donc décidé d'en appeler à tous les partenaires impliqués dans le dossier : les chemins de fer, les constructeurs, les banquiers, les États, voire les petits actionnaires. Mais, sur ce plan, les déconvenues sont également manifestes. Certaines banques sont accusées d'avoir gagné de l'argent sur le marché au détriment de leur client et des actionnaires. De plus, la société, qui voulait renégocier la convention 

Né de la volonté de François Mitterrand et de Margaret Thatcher, Eurotunnel devait être l'un des plus grands chantiers du siècle à financement privé. Au bout du compte, c'est un échec retentissant pour tous les participants, notamment pour les 720 000 petits porteurs appâtés par la campagne publicitaire en vue de l'introduction du titre en Bourse.

 

Le projet a triomphé de tous les obstacles techniques mais au prix d'un doublement du coût du chantier, conduisant à une dette record de 75 milliards de francs. Une situation d'autant plus catastrophique que les performances commerciales du tunnel sont décevantes. Alors que la France et la Grande-Bretagne rejettent toute solution politique, la menace d'une restructuration financière sauvage se profile.

 

Les banques devront sacrifier certains de leurs intérêts, mais les petits porteurs resteront sans doute les grands perdants.

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