LETTRISME

LETTRISME. Créé en 1946 par Isidore Isou, qui le définit comme l'art qui, d'une part, « accepte la matière des lettres réduites et devenues simplement elles-mêmes », et, d'autre part, « les dépasse pour mouler dans leur bloc des œuvres cohérentes », le lettrisme ne souhaite être ni un langage (il efface le signifié au bénéfice du signifiant), ni de la poésie (il compose des « mots » sans signification), ni de la musique (il revendique l'absence de hauteur des sonorités vocales qu'il utilise). Mais, en refusant toute parenté avec les recherches musicales modernes, qui restituent à la notion de hauteur sa place véritable au sein de la dimension plus vaste du timbre, le lettrisme s'est peut-être masqué à lui-même sa réelle appartenance. En s'inscrivant dans la tradition des poèmes futuristes et dadaïstes, il n'a pas seulement exploré « le no man's land entre musique et littérature », il a apporté, fût-ce malgré lui, une contribution effective au développement actuel de l'art des sons.