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LIBERTINS

Publié le 23/01/2019

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LIBERTINS. Le nom de « libertin » est appliqué au xviie s. à tous les esprits qui mettent en doute les vérités révélées et revendiquent, au nom de l'indépendance de la pensée, le droit à l'incrédulité, mais il s'applique plus particulièrement à des écrivains qui se manifestent en France, entre 1610 et 1660. Si on a pu en faire les héritiers des goliards du Moyen Âge, ils se rattachent directement aux pyr-rhoniens du xvie s., comme Montaigne et Charron. Ils s'appuient souvent sur une érudition profonde et une curiosité scientifique hardie : dans ces domaines, leurs maîtres sont Gassendi et Gabriel Naudé. Mais, aux côtés d'écrivains philosophes comme La Mothe Le Vayer, Diodati et, plus tard, Cyrano de Bergerac, qui s'efforcent la plupart du temps de cacher le caractère radical de leur pensée, se développe un libertinage tapageur, qui est moins prise de position doctrinale qu'attitude anticonformiste : c'est le cas de Théophile de Viau et de son groupe, qui seront les cibles du P. Garasse [Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, 1622). Les influences de Lucrèce et des Padouans se mêlent dans l'anonyme Theophrastus redivivus (1659), expression d'un athéisme matérialiste qui transformera l'épicurisme ataraxique de Gassendi en recherche active du plaisir chez un Saint-Évre-mond ou un Vauquelin des Yveteaux. À travers eux, et Fontenelle, le « libertinage érudit » est le précurseur direct du mouvement philosophique du xviiie s. 

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