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nouvelle.

Publié le 31/10/2013

Extrait du document

nouvelle... par le télégraphe et peine à se retrouver dans le tourbillon des événements. Pour l'heure, à Paris, et dans les grandes villes, tout paraît possible; les échelles de valeurs volent en éclats. Marseille voit arriver à 'étonnement des uns, l'attente fébrile des autres, un préfet de vingt-trois ans, dont on reparlera: il s'appelle mile Ollivier. ar il faut bien assurer la continuité de l'État. Lamartine et le Gouvernement provisoire, c'est certain, auraient souhaité prendre leur temps et laisser aux rançais le soin de choisir un type de régime conforme à leurs voeux. Mais le peuple de Paris, qui a retrouvé le chemin de son Hôtel de Ville, gronde. Karl Marx expliquera plus tard que « la révolution de février était une surprise tentée avec succès contre l'ancienne société et le peuple fit de ce coup de main inespéré un événement historique qui devait ouvrir une ère nouvelle «. Alors, Louis Blanc force la main des indécis: « Le Gouvernement veut la République «... Le gouvernement ne voulait rien du tout... Et pourtant il la proclame, contraint et forcé. ingulier gouvernement. Adrien Dansette nous explique qu'à ce règne de l'illusion, il fallait un gouvernement de la parole: et il est vrai qu'en fait d'exécutif on avait plutôt une «société de pensée et de propagande «. *** De la complexité de la situation, Louis Napoléon n'a pas une exacte idée quand il prend connaissance des événements. Pas plus que les autres, il ne les a vus venir. Mais pour inespérée qu'elle soit, une occasion se présente. Alors, il n'hésite pas un seul instant à la saisir pour repartir à l'assaut de son destin. Admirons la ressource de cet homme de quarante ans, qu'on pourrait croire brisé, physiquement et moralement, par de terribles expériences et de longues années de prison. Qui aurait pu lui reprocher de rester à l'écart? Parfois, d'ailleurs, on a cru discerner chez lui les prémices d'un renoncement. « Ham est mon poison, confiait-il à Londres. Il m'a presque tué. « Il a même envisagé sérieusement de se lancer dans le commerce, et d'importer en Angleterre les produits de la vigne que lui a léguée son père. Le projet n'est pas allé à son terme. On l'a échappé belle! Aurait-on imaginé que, transformé en négociant en vins, il fût encore prétendant? Le voilà donc qui repart au combat. Mais, cette fois, avec des armes radicalement nouvelles. Peut-être se souvient-il des conseils d'Alexandre Dumas? Celui-ci ne s'était pas contenté de prévenir Hortense et la petite cour d'Arenenberg contre les aveuglements et les emballements de l'exil. Il avait aussi cherché à indiquer la seule voie ouverte, à son sens, pour une hypothétique reconquête du pouvoir. A l'intention du prétendant, il avait tracé le chemin, lui recommandant « d'obtenir la radiation de son exil, d'acheter une terre en France, de se faire élire député, de tâcher par son talent de disposer de la majorité de la Chambre et de s'en servir pour déposer Louis-Philippe et se faire élire à sa place «. Sans suivre ces consignes à la lettre, Louis Napoléon va largement s'en inspirer. Politiquement, le choix de Louis Napoléon est d'une parfaite cohérence. Dès lors que la parole va être donnée au peuple, il se doit de prendre sa part au débat. La révolution s'est faite sur la réforme électorale. C'est dire que le suffrage universel sera bientôt rétabli. Il sait que c'est sa chance. Son ultime chance, mais aussi la première qui lui soit réellement offerte. Il doit la saisir. De toute façon, puisque ces règles sont celles qu'il a toujours réclamées, il lui faut jouer le jeu. « J'ai reconnu, rappelle-t-il, le principe de la souveraineté populaire, je m'y soumettrai. Que la France établisse le Gouvernement qui lui conviendra; qu'elle nomme qui bon lui semble comme Empereur ou comme Président [...]. Quoique j'aie des opinions arrêtées sur une forme de Gouvernement, il ne s'ensuit pas que je veuille imposer mes idées à la France. Je veux profiter de l'ascension de mon nom, de la popularité de ma cause, du prestige de mon drapeau pour renverser ce qui existe et pour rétablir un Gouvernement produit de l'élection générale. « Certes, il pressent que les républicains, apparemment maîtres de la place, sont en train de passer de l'état d'alliés de fait à celui de concurrents et, peut-être même, d'adversaires. Pour l'heure, il est néanmoins possible, et même nécessaire, de faire un bout de chemin avec eux. Dans une lettre d'avril 1839 à Étienne Cabet, qui lui faisait l'hommage de ses propres «réflexions politiques «, Louis Napoléon a bien expliqué que cette alliance n'était aucunement exclue: « Je ne refuse pas leur alliance, mais non à la condition de taire mes principes, mes opinions, ma foi politique ...]. Tant que le peuple ne sera pas remis dans le libre exercice de ses droits, je me conduirai comme je me uis conduit, en rappelant que la dernière application de la souveraineté du peuple a été faite en 1804 [...]. Je irai toujours que je préfère l'Empire à la République, parce que je préfère Auguste hypocrite, si vous voulez, à rutus assassin de son bienfaiteur. « 'émeute n'est pas encore apaisée dans la capitale, la situation loin d'y être stabilisée, que déjà Louis Napoléon écide de partir pour Paris. Il l'annonce à sa cousine, la marquise de Douglas: « Je vais à Londres et, de là, à Paris. La République est proclamée, je dois être son maître. « magine-t-il lui-même que cet inimaginable programme, il va le remplir à la lettre? l embarque le 27 février avec deux de ses fidèles, Orsi et Thélin, le jour même où, à Honfleur, Louis-Philippe cherche un bateau pour une traversée en sens inverse. Les trois hommes ont des passeports anglais; à tout hasard -- décidément, on ne se refait pas -- Louis Napoléon s'affuble d'une moustache postiche. A Calais, ils prennent le train, et les voici à Paris où ils s'installent à l'hôtel des Princes, rue de Richelieu. Les autres prisonniers du coup de Boulogne ont été libérés et constituent autour de lui un petit groupe: Vieillard, qui est député de la Manche, est ainsi rejoint par Persigny, le général Piat et le lieutenant Laity. Il faut maintenant se manifester. Louis Napoléon écrit au Gouvernement provisoire pour lui signaler sa présence, déclarer son adhésion à la République et se présenter, humblement, comme un simple citoyen à son service: « Messieurs, le peuple de Paris ayant détruit par son héroïsme les derniers vestiges de l'invasion étrangère, j'accours pour me ranger sous le drapeau de la République que l'on vient de proclamer. Sans autre ambition que celle de servir mon pays, je viens annoncer mon arrivée aux membres du Gouvernement provisoire et les assurer de mon dévouement à la cause qu'ils représentent comme de ma sympathie pour leurs personnes. « Ledit Gouvernement provisoire a alors suffisamment de problèmes, occupé qu'il est à doter d'un semblant d'organisation le nouveau régime et à contenir la pression de la rue, pour accepter que se crée une difficulté supplémentaire avec cet encombrant personnage. Lamartine se dévoue pour le lui signifier et le prier aimablement de retourner d'où il vient; pour le moment du moins. C'est civilement mais fermement dit: « Il n'est nullement dans les intentions du Gouvernement de s'opposer au séjour du Prince en France, mais dans la situation où se trouve le Gouvernement, avec le pouvoir qu'il a, il le prie de quitter Paris jusqu'à ce que Paris soit dans un état plus calme et jusqu'à la réunion de l'Assemblée. « Autour de Louis Napoléon, tout le monde n'est pas d'accord sur l'opportunité d'obtempérer. Persigny, en particulier, est partisan d'un refus qui conduirait le Gouvernement provisoire à une réaction brutale. « Faitesvous expulser par la violence ou emprisonner, conseille-t-il au prince. La violence sera profitable à votre cause: les sympathies vont toujours aux persécutés. « D'expérience, Louis Napoléon est mieux placé que quiconque pour savoir que ce beau principe n'est pas toujours vérifié. Il décide autrement. Le gouvernement veut son départ. Il partira. C'est une manière de prouver la sincérité de sa démarche. Il n'oublie pas non plus que, légalement, il reste un proscrit. Son choix est donc elui de la prudence. Première habileté. l sent bien qu'il n'aurait pas grand-chose à gagner dans la confusion présente : réduit, avec d'autres, au rôle de omparse, sa voix ne porterait guère au milieu du tintamarre. l répond donc qu'il s'exécute : « Messieurs, vous pensez que ma présence est un sujet d'embarras ; je m'éloigne donc momentanément. Vous verrez, dans ce sacrifice, la pureté de mes intentions et de mon patriotisme. « Le 1er mars, il est à Boulogne, le 2 en Angleterre. Une fois rentré à Londres, on l'imagine sans peine en train de piaffer d'impatience. La lecture des journaux anglais et des rapports qu'on lui adresse l'occupe bien un peu ; et il a des lettres à écrire ; mais cela ne suffit visiblement pas à tromper son attente. Alors, à titre de dérivatif, il prend une initiative surprenante dont il ne peut ignorer pourtant qu'elle va susciter à Paris perplexité et sarcasmes: celle de s'engager dans le corps de volontaires -- les special constables -- chargé d'épauler la police locale à l'occasion de manifestations de rues... en faveur du suffrage universel. Louis Napoléon Bonaparte « policeman «, voilà ce qu'on va retenir en France de l'épisode et le portrait déjà peu flatteur qu'on fait de lui ne s'en trouve pas amélioré ; et qu'importe -- une fois encore -- si l'intéressé ne revêtit jamais l'uniforme et si son activité se borna, dit-on, à ramener un jour un ivrogne au poste de police le plus proche. Il ne faut pas se laisser tromper par cette ultime fantaisie. L'homme a mûri. Il a changé, même si cela n'a pas été perceptible de grand monde. Il est prêt pour sa destinée. Ce n'est plus le rêveur idéaliste, le conspirateur romantique, l'activiste maladroit; c'est à présent un politique, dont la profondeur de vues, le sens tactique, l'énergie vont bientôt se révéler d'autant plus irrésistibles qu'ils demeurent insoupçonnés. insi est-on frappé par la lucidité de son analyse de la situation, lorsqu'il jette, à l'époque, les fondements d'une igne de conduite dont, désormais, il ne va plus se départir. Après les affaires de Strasbourg et de Boulogne, la classe pauvre et républicaine m'a témoigné de la ympathie, la classe riche et monarchiste m'a représenté comme un prétendant risible. Or, la République a hangé vis-à-vis de moi non pas les opinions mais les intérêts des deux classes. Les Républicains, n'ayant plus esoin de moi, sont devenus mes ennemis, tout en m'estimant, et les autres sont devenus mes amis tout en doutant de mes chances et de mes capacités. C'est le temps seul qui peut changer cette situation [...]. D'ici là, toute tentative serait ulle et impuissante. Si je restais, de mon gré, en pays étranger, cela pourrait me nuire, mais comme eureusement le Gouvernement provisoire m'y a forcé, je peux me donner l'air de m'être dévoué à la tranquillité ublique et attendre le moment de paraître. « actiquement sa position est excellente. Mais le début du texte doit aussi attirer l'attention. Il décrit pour la remière fois un paradoxe qu'en dépit de ses espoirs le temps ne fera pas disparaître : Louis Napoléon devra e résigner à mettre en oeuvre, seul, des idées que partagent parfois ses adversaires, avec le soutien plus que arcimonieux d'amis qui ne les approuvent que du bout des lèvres. our l'heure, ses partisans restés en France tentent de se regrouper et de s'organiser. Persigny se démène, ême s'il a regretté la décision de son chef et s'il est tenté parfois, par réaction, de jouer les républicains nconditionnels. On déniche un siège rue d'Hauteville, où se retrouvent Ferrère, Piat, Vieillard, Chabrier. Une ecte, dira-t-on, plus qu'un parti... Louis Napoléon est en relation permanente avec cette petite équipe, et 'active. Il se procure de l'argent, prépare des proclamations au peuple, à l'armée, à certaines villes, mais se arde bien de bouger. Il sent confusément que si l'heure n'est pas venue, le temps travaille pour lui... l l'écrira à Vieillard : « Tant que la Société française ne sera pas rassise, tant que la Constitution ne sera pas ixée, je sais que ma position en France sera très difficile et même très dangereuse pour moi. « l décide de ne pas se présenter aux élections d'avril qui vont marquer le triomphe de la bourgeoisie attachée à 'ordre et à la propriété. Trois Bonaparte sont élus: Napoléon Jérôme, le cousin, compagnon de ses bordées nglaises; Pierre Bonaparte, fils de Lucien; et Lucien Murat. Ils siègent -- signe des temps -- à l'extrême auche. En revanche, Persigny et Vaudrey sont battus. Morale de l'histoire : les grands noms semblent faire lus recette que les idées. e pouls de l'opinion ayant ainsi été pris indirectement, Louis Napoléon décide de se porter candidat aux lections qui vont suivre pour compléter la Chambre, le système des candidatures multiples, qu'autorise le code lectoral de l'époque, aboutissant à laisser vacants un certain nombre de postes qu'il convient de pourvoir. es moyens de propagande sont modestes : il investit relativement peu d'argent et, ne disposant d'aucun appui ans la presse, ses partisans doivent le plus souvent se contenter d'apposer ici et là de petites affiches anuscrites. Le fait qu'il dirige sa campagne de Londres paraît enlever encore à ses chances de succès. t pourtant, le 4 juin, il est élu dans quatre départements: l'Yonne, la Charente-Inférieure, la Corse, et surtout aris, où il se retrouve cinquième dans l'ordre des suffrages après des concurrents de choix: Caussidière, hangarnier, Thiers et Victor Hugo. 'est peu dire que la nouvelle fait sensation. L'électorat de Louis Napoléon s'est recruté pour une bonne part à auche. Le journal le Constitutionnel ne s'y trompe pas, qui dénonce les « condottieri de l'émeute «. Comme ar enchantement, un grand mouvement de propagande se met plus ou moins spontanément en marche: ortraits, biographies, articles se multiplient. Quelques journaux, inattendus, apparaissent. es groupes se forment -- c'est presque une manifestation -- dans l'espoir de l'accueillir à son arrivée à la hambre, le jour de sa première réunion. Mais lui n'y paraît pas. Nouvel acte de prudence et nouvelle émonstration d'habileté... Un acte de prudence, car si la loi de bannissement est bien en voie d'être rapportée, ien ne dit que, dans ces circonstances incertaines, il ne viendrait pas à l'idée de quelque membre du gouvernement de l'appliquer quand même, ou à une majorité de l'Assemblée de la rétablir. Une démonstration d'habileté : car il donne une preuve supplémentaire de son désintéressement supposé ; que gagnerait-il à venir se mêler à un débat dont il sait que, fatalement, sans avoir à se déranger, il occupera le centre? Louis Napoléon sera exaucé au-delà de ses espérances les plus folles ; le problème de la validation de son élection va déclencher une très vive polémique et même ébranler la Commission exécutive, avatar du Gouvernement provisoire. Aux yeux de cette Commission, en effet, il ne fait aucun doute que Louis Napoléon est devenu un homme dangereux. On a voté pour lui dans les rangs socialistes, parmi les chômeurs des Ateliers nationaux, et ceux du Luxembourg. Dans la rue, on l'acclame aussi fort que Barbès et Louis Blanc. Compte tenu de ce qu'il a écrit et de ce que l'on en sait, il pourrait s'imposer comme le porte-drapeau de cette démocratie sociale qu'on redoute, voire comme le chef de l'insurrection qui menace. Rémusat l'écrira plus tard : « Ses liaisons étaient plus dans le parti ultra-démocratique que dans le nôtre. « Et comment observer sans appréhension ces cortèges qui allaient et venaient aux cris de « nous l'aurons, nous l'aurons ! Poléon! la Sociale! « L'amalgame socialo-bonapartiste est une éventualité qui ne peut être acceptée. Ce serait un désastre...

« Paris. LaRépublique estproclamée, jedois êtresonmaître.

» Imagine-t-il lui-mêmequecetinimaginable programme,ilva leremplir àla lettre? Il embarque le27 février avecdeux deses fidèles, OrsietThélin, lejour même où,àHonfleur, Louis-Philippe cherche unbateau pourunetraversée ensens inverse.

Lestrois hommes ont des passeports anglais;àtout hasard —décidément, onneserefait pas—Louis Napoléon s'affubled'une moustache postiche.ACalais, ilsprennent letrain, etles voici àParis oùilss'installent àl'hôtel desPrinces, rue de Richelieu.

Lesautres prisonniers ducoup deBoulogne ontétélibérés etconstituent autourdeluiun petit groupe: Vieillard, quiestdéputé delaManche, estainsi rejoint parPersigny, legénéral Piatetlelieutenant Laity. Il faut maintenant semanifester.

LouisNapoléon écritauGouvernement provisoirepourluisignaler sa présence, déclarersonadhésion àla République etse présenter, humblement, commeunsimple citoyen àson service: «Messieurs, lepeuple deParis ayant détruit parson héroïsme lesderniers vestiges del'invasion étrangère, j'accourspourmeranger sousledrapeau delaRépublique quel'onvient deproclamer.

Sansautre ambition quecelle deservir monpays, jeviens annoncer monarrivée auxmembres duGouvernement provisoire etles assurer demon dévouement àla cause qu'ilsreprésentent commedema sympathie pourleurs personnes.

» Ledit Gouvernement provisoireaalors suffisamment deproblèmes, occupéqu'ilestàdoter d'unsemblant d'organisation lenouveau régimeetàcontenir lapression delarue, pour accepter quesecrée unedifficulté supplémentaire aveccetencombrant personnage.

Lamartinesedévoue pourlelui signifier etleprier aimablement deretourner d'oùilvient; pourlemoment dumoins.

C'estcivilement maisfermement dit:«Iln'est nullement danslesintentions duGouvernement des'opposer auséjour duPrince enFrance, maisdans la situation oùsetrouve leGouvernement, aveclepouvoir qu'ila,ille prie dequitter Parisjusqu'à ceque Paris soit dans unétat plus calme etjusqu'à laréunion del'Assemblée.

» Autour deLouis Napoléon, toutlemonde n'estpasd'accord surl'opportunité d'obtempérer.

Persigny,en particulier, estpartisan d'unrefus quiconduirait leGouvernement provisoireàune réaction brutale.«Faites- vous expulser parlaviolence ouemprisonner, conseille-t-ilauprince.

Laviolence seraprofitable àvotre cause: les sympathies vonttoujours auxpersécutés.

» D'expérience, LouisNapoléon estmieux placéquequiconque poursavoir quecebeau principe n'estpas toujours vérifié.Ildécide autrement.

Legouvernement veutsondépart.

Ilpartira.

C'estunemanière deprouver la sincérité desadémarche.

Iln'oublie pasnon plus que, légalement, ilreste unproscrit.

Sonchoix estdonc celui delaprudence.

Premièrehabileté. Il sent bien qu'iln'aurait pasgrand-chose àgagner danslaconfusion présente:réduit, avecd'autres, aurôle de comparse, savoix neporterait guèreaumilieu dutintamarre. Il répond doncqu'ils'exécute :« Messieurs, vouspensez quemaprésence estunsujet d'embarras ;je m'éloigne doncmomentanément.

Vousverrez, danscesacrifice, lapureté demes intentions etde mon patriotisme.

» Le 1er mars, ilest àBoulogne, le2en Angleterre.

Unefoisrentré àLondres, onl'imagine sanspeine entrain de piaffer d'impatience.

Lalecture desjournaux anglaisetdes rapports qu'onluiadresse l'occupe bienunpeu ;et il a des lettres àécrire ;mais celanesuffit visiblement pasàtromper sonattente. Alors, àtitre dedérivatif, ilprend uneinitiative surprenante dontilne peut ignorer pourtant qu'ellevasusciter à Paris perplexité etsarcasmes: celledes'engager danslecorps devolontaires —les special constables — chargé d'épauler lapolice localeàl'occasion demanifestations derues...

enfaveur dusuffrage universel.

Louis Napoléon Bonaparte «policeman »,voilà cequ'on varetenir enFrance del'épisode etleportrait déjàpeu flatteur qu'onfaitdeluine s'en trouve pasamélioré ;et qu'importe —une foisencore —sil'intéressé nerevêtit jamais l'uniforme etsison activité seborna, dit-on,àramener unjour univrogne auposte depolice leplus proche. Il ne faut passelaisser tromper parcette ultime fantaisie.

L'homme amûri.

Ila changé, mêmesicela n'apas été perceptible degrand monde.

Ilest prêt pour sadestinée.

Cen'est pluslerêveur idéaliste, leconspirateur romantique, l'activistemaladroit; c'estàprésent unpolitique, dontlaprofondeur devues, lesens tactique, l'énergie vontbientôt serévéler d'autant plusirrésistibles qu'ilsdemeurent insoupçonnés. Ainsi est-on frappé parlalucidité deson analyse delasituation, lorsqu'iljette,àl'époque, lesfondements d'une ligne deconduite dont,désormais, ilne vaplus sedépartir. « Après lesaffaires deStrasbourg etde Boulogne, laclasse pauvre etrépublicaine m'atémoigné dela sympathie, laclasse richeetmonarchiste m'areprésenté commeunprétendant risible.Or,laRépublique a changé vis-à-vis demoi non paslesopinions maislesintérêts desdeux classes.

LesRépublicains, n'ayantplus besoin demoi, sont devenus mesennemis, toutenm'estimant, etles autres sontdevenus mesamis touten. »

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