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PHILIPPE (Charles-Louis)

Publié le 13/03/2019

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PHILIPPE (Charles-Louis), écrivain français (Cérilly, Allier, 1874-Paris, 1909). Fils d'un sabotier dont la maison natale touchait à celle où le jeune Giraudoux prenait ses vacances, il fut le romancier des pauvres : il choisit des personnages dont les uns font souffrir et les autres souffrent. Mais tous restent enveloppés dans une même gangue, celle d'une vie mal dégrossie, tantôt haletante, tantôt languissante, jamais sereine. Le vocabulaire est à la mesure de cet inachèvement : esquissé, tremblant, velléitaire. La sensibilité précise et douloureuse du style fait penser à un naturalisme imprégné de l'atmosphère tolstoïenne. C'est là qu'il excelle, dans cette amertume, dans ces coins d'ombre et de lumière, dans ces personnages sans nécessité suffisante, marionnettes au gros fil que la littérature fait vivre comme ils vivent leur vie : obliquement, comme de passage, sans raison ni déraison (la Mère et l'Enfant, 1900 ; Bubu de Montparnasse, 1901 ; le Père Perdrix, 1902; Marie Donadieu, 1904; Charles Blanchard, 1913). Parfois l'auteur, plus spectaculairement, traduit l'exiguïté et le rétrécissement de ses personnages par une sorte de dilatation qui les rend presque monstrueux (Croquignole, 1906). Philippe reste l'une des figures les plus attachantes du début du xxe s. littéraire. Dans sa vie et dans son oeuvre, il témoigne d'une double volonté : situer dans le monde les pauvres gens et les pauvres choses à la place infinitésimale

 

qu'on leur reconnaît, mais aussi éclairer cette place comme elle le mérite, sans rêverie ni apitoiement, sans mensonge ni grandes orgues.

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