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H, roman de Philippe Sollers

Publié le 18/01/2019

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H, roman de Philippe Sollers (1973). Au début de l'Ulysse de Joyce, Stephen se rappelle (il se vouvoie) : « Les livres que vous vouliez écrire avec des lettres pour titres. Avez-vous lu F ? Oh, oui ! mais je préfère Q. Oui, mais W est un chef-d'œuvre. » Si par son titre ce roman renvoie au début d'Ulysse, c'est aux pages finales, celles du monologue de Molly, qu'il le fait par son parti pris typographique d'éliminer toute marque de ponctuation (et toute majuscule). Toutefois, à la différence des rêveries de madame Bloom, ces 149 pages égalisées, bien qu'elles aussi aient une forte teneur sexuelle, ne se réclament pas de ce que les joyciens de Paris appelaient « monologue intérieur » : l'auteur préfère parler de « polylogue extérieur ». Il n'est probablement pas interdit de voir un rapport entre le H du titre, cette lettre qui ne se prononce que si on l'épelle, et l'absence dans le texte des marques muettes de la ponctuation. Entre divers big-bang inaudibles, le livre ménage une part respectable au bruit (qu'aucun auditeur ne serait en état de rapporter) d'une bombe communément désignée par la même initiale. Les Chinois, à l'époque (qui était celle du maoïsme de l'auteur), n'y voyaient d'ailleurs qu'un tigre de papier, matière dont il se trouve que le livre est fait. Mais le nuage en forme de champignon n'est pas l'unique fumée qu'autorise le titre.

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