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Adélaïde de Gobineau : Fiche de lecture

Publié le 13/12/2018

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gobineau

Adélaïde

 

Cette nouvelle (écrite en 1869) devait figurer parmi les Souvenirs de voyage. Gobineau renonça à la publier, sans doute parce que, candidat à l’Académie française (où il n’entrera jamais), il craignait de heurter certaines susceptibilités par cette anecdote probablement inspirée de modèles réels. Adélaïde et sa mère se disputent avec âpreté le médiocre Frédéric — conquête enviable dans la seule mesure où il est l’objet des désirs d’une autre. Les deux rivales finiront par laisser choir leur proie, réunies dans la même superbe et un égal mépris. Éblouissante épure psychologique, cruelle étude de mœurs : Gobineau la composa, s’il faut l’en croire, en une seule journée, lors d’un séjour au Brésil. Quelques maladresses d’écriture n’estompent pas la hauteur de l’inspiration.

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)ADtLAlDE.

Nouvelle de Joseph Arthur, co mte de Gobineau (1816- 1 8 8 2), publiée à Pari s chez Gallimard en 1913 .

Gobineau est mini s tre de France au Brésil quand il écrit Adélaïd e, en une seule journée, le 15 déc embre 1869.

La nouvelle ne figurera pa s dans les Souve· nirs de voyage (1872 ), auxqu els elle semblait destiné e, peut- être parce qu'elle s 'in.spiie tro p visib l ement de la vie de Thiers: celui -d , qui avait épousé tli se Do s ne en 1833 après avo ir été protégé par Mme Dosne, c ontinua après son mariage de vivre entr e son épouse et sa belle-m ère.

Adélai'de ne se ra publiée qu'en 1913, par les soins d'André de Hevesy.

Faute de pouvoir s'intégrer à un véritable recueil, elle s era so uvent associée, par le s éditeurs, à Mademoisell e Imois (184 7), comp osée vingt -trots ans plus tôt.

Un baron raconte à u n audito ire choisi l'anec ­ dot e suivante : jeu ne offiCier de vingt ·deux ans.

Frédéric de Rothbanner pla!t à Bisabeth H er ­ mannsburg.

de treize ans son aînée.

au point qu'elle décide de régne r sur son cœur et, bientôt.

de l'épouser.

Frédéric se ~robe pjteusem ent : il a en effet ooe liaison avec la fl'le d'éisabeth.

Adé­ làJOe.

Du moment où il l'avoue, commence.

entre la mère et la fille, une guerre impitoyable dont Frédéric sera l'enje u de plus en p lus déri s oire.

Il va poursuivre une vie m édiocre entre le s deux femm es, unies par un ég al mépris envers cet harrn e sans volonté, dont l'uniqu e ambition se réduit désormais à obtenir une décor.rtion.

Quelques lignes, en guise de concl u­ Sion , traduisent les réactions scandali­ sées ou incrédules de l'auditoire .

Enchâssant son rédt, Gobineau · lui donne une portée satirique : la société artstoc .ratlque se refuse à regarder le miro l.r qu 'on lui tend.

Mats le procédé d 'enchâssemen t, courant chez les nou­ vell1stes du ~ siècle (Nod i er et Barbey d 'Aurevilly , entre autres), offie id une autre vertu : autorisant le t on de la conversation, il absout les nombreu ses n égllgences formelles.

Gobineau, qui a mis à écrire Adélaïde à peine plus de temps qu 'il n' en faut pour la lire , se m o ntre une fois encore causeur plutôt que styUste .

Une énergie digne des plus grands caractères s'est monstrueusement développée, chez le.s deux héroïnes , aux d é pens du cœur.

Le narrateur atte ste qu 'elles aiment Frédéric, preuve que dan s l' œuvre de Gobineau l' amom peu t prendre bien des formes (voir les *PU iad es).

Mais quand U s'identifie à l ' am our des c o mbats, il risque de réduire un partenaire plus faible au r ô le de panti n.

Terrifiantes et admira ­ bles, véritable co uple de la nouve lle, Adélaïde et sa mère défient le jugement moral : d'un mot (ainsi le «Veux-tu que je le chasse ? • adressé à Frédéric pa r Ad élaïde pour désigner un rival) , elles atteignent la grandeur.

" ]e suis de ceux qui mépri sent "• disait Gobinea u.

Dan s cet te épure d'une vingtaine de pages, il se mo ntre au sommet de son art, et peut-être au plus profond de lw-même.. »

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