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Blanche ou l'Oubli : un roman du roman (résumé) d’Aragon

Publié le 14/11/2018

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Blanche ou l'Oubli : un roman du roman
 
Ce roman complexe, irritant et admirable, forme avec la Mise à mort (1965), qui le précède, un miroir à deux faces, où se reflètent les deux angoisses d’Aragon : l’angoisse du temps, de sa discontinuité, devant l’étrangeté de notre passé individuel, dans le premier; dans le second, Blanche... l’angoisse de la communication, l’étrangeté de l'Autre, et de celui-là ou celle-là d’abord qui nous paraissent les plus proches : ceux que nous aimons.
 
Le personnage principal, qui dit je (la plupart du temps, car parfois c’est « il »), est un linguiste, Geoffroy Gaiffier, spécialiste de malais, né le même jour qu’Aragon et ayant rencontré la femme qu’il aime la même année : 1928. Aragon lui aussi, vers 1927, avait appris à l’école Berlitz... le malais, pour la beauté du geste. L’analogie anecdotique s’arrête là, car Geoffroy, lui, a été abandonné par sa femme il y a dix-huit ans (le roman, écrit en 1965-1966, est daté par des collages historiques). Geoffroy essaie de comprendre les raisons de cette fuite alors inexpliquée et, incapable d’oublier, il rêve en linguiste sur l’oubli, en homme qui — comme Aragon autrefois — a lu Arsène Darmesteter, la Vie des mots

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)BLANCHE OU L'OUBU LoUIS ARAGON.

Roman, 1967.

Geoffroy Gaiffier, le n arra teur, tente de retrouver le souvenir de sa femme Blanche qui l'a abandonné il y a dix­ huit ans.

Pour retrouver la vérité de Blanche, celle qu'il n'a pas su voir, évanescente, oubliée et oublieuse, Geoffroy s'abandonne lui-même à l'ou­ bli et réinvente Blanche: en effet, le linguiste qu'est Geoffroy sait que l'ou­ bli, qui est consta mment à l'œuvre dans la vie des mots, est bien ce prin­ cipe fondamental d'absorption et d'ou­ verture, qui pen11 et tous les change­ ments de sens.

Il cré e alors le personnage de Marie-Noire, double anti thétique de sa femm e, figure même de la mémoire, et reconstitue ainsi, trop tard, après le temps de l'indif­ férence et de l'aveuglement, le vrai roman de Blanche.

Ainsi s'enchâsse, à l'intérieur du roman d'Aragon, un second roman, celui de Geoffroy, dédoublement qui exhibe les modes d'él aboration de toute création roma-.

nesque et en dévoile, aux yeux du lec­ teur, le caractère purement fictif.

Dans un ultime retour, Blanche apparaît à Geoffroy, déso11nais recueilli dans le monde intérieur de ses intuitions, et lui tend, telle la Madame Arnoux de L'Éducation sentimentale*.

une mèche de cheveux blancs, fragtnent du réel, la seule certitude désorttlais, à partir de quoi «reconstruire le monde •.

t Blanche ou l'oubli appartient, avec La Mise à mort*, à ce que r on poUITai t appe­ ler une seconde période d'Aragon (1897- 1982): au cycle du Monde réel. »

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