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Le Chevalier à la charrette de Chrétien: Fiche de lecture

Publié le 18/11/2018

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Le Chevalier à la charrette

 

Les prologues de Chrétien sont en effet souvent, sinon trompeurs du moins ambigus. Celui du Chevalier à la charrette ne brille pas par sa clarté. Le poète y déclare qu’il doit à Marie de Champagne la matière et le sens de son livre et que lui-même s’est contenté d’y mettre son attention et sa peine. A la lettre, cela signifie que le poème est un ouvrage de commande, sur un sujet imposé, et au service d’idées qui sont celles de la comtesse : jusqu’à quel point Chrétien lui-même souscrit-il à cette doctrine? Mais inversement, en réclamant pour lui, sous des termes voilés, la gloire de la mise en forme, le poète revendique les mérites essentiels de la création littéraire telle qu’on la concevait de son temps : la qualité d’un grand texte réside alors moins dans son invention (on ne croit guère à l’originalité) que dans l’exécution du détail, et d’abord dans la perfection de l’écriture. Esthétique d’artisan, de maître qui connaît les techniques... Quant au fond, et à l’adhésion du poète au « sens » de ce qu’il écrit, le problème est beaucoup plus complexe. Le Chevalier à la charrette fait, en effet, de la fin’amors portée à ses conséquences extrêmes une apologie pour ainsi dire inconditionnelle, et c’est peut-être la raison pour laquelle Chrétien n’achève pas son roman, dont il confie le dénouement à un tâcheron — qui est peut-être son élève —, Godefroi de Lagny.

 

Synopsis. — Un mystérieux chevalier a ravi la reine Gue-nièvre. Le sénéchal Keu s'est lancé à la poursuite du ravisseur, mais, vaincu et blessé par lui, il est devenu son captif. Gauvain entreprend la quête de la reine, ainsi qu'un autre chevalier dont la présentation est fracassante : il vient de massacrer tout un groupe d'adversaires; puis il s'élance à la poursuite de l'outrageux intrus et crève sous lui son cheval. Commence alors un long cheminement qui le mène, à travers une longue série d’aventures, jusqu'au royaume de Gorre, dont le roi Baudemagus, ennemi d'Arthur, est le souverain : c'est lui le père du ravisseur, qui s'appelle Méléagant.

 

Dès le début de leur quête, Gauvain et le chevalier ont le choix de leur itinéraire; Gauvain choisit celui qui passe par le pont « évage » (immergé), et l'autre choisit la voie la plus périlleuse, celle qui emprunte le pont de l'épée.

 

Le chevalier ne tarde pas à rencontrer un nain, qui lui impose, s'il veut trouver la bonne route, de monter sur une charrette d'infamie, destinée à conduire au pilori les malfaiteurs. Il hésite un instant avant d’accepter : dans son cœur. Amour le pousse à bondir dans la charrette, mais Raison lui oppose son probable déshonneur et le retient. Finalement, il obéit au nain et traverse toute une ville sous les huées. Partout où il passera désormais, il sera précédé par la douloureuse nouvelle : pour tous, le voici devenu le Chevalier à la charrette, celui qui s'est à tout jamais honni.

 

D'autres épreuves l'attendent. La quête devient initiation, avec ses demoiselles tentatrices et ses passages périlleux. Le chevalier arrive enfin dans un cimetière, à la frontière de l'Autre Monde, où il réussit à soulever la pierre d’un tombeau (son propre tombeau futur) : une inscription l'y désigne comme le libérateur des captifs au royaume de Gorre; dès lors, sa mission prend un caractère quasi messianique, et le pont de l'épée rappelle le pont étroit que, dans mainte mythologie, doivent franchir les justes pour traverser un fleuve infernal.

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« de fait dont souffre l'ouvrage appelle toute une littérature ultérieure sur Lancelot, personnage exemplaire et fasci­ nant auquel les romans en prose du XIII e siècle vont accor­ der une place de choix dans 1' organisation de leurs aventures.

BIBLIOGRAPHIE A.

H.

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24-36 (article repris dans ArJhurian Literature.

Seven Essays, D.D.R.

Owen éd., Londres et Edimbourg, Scottish Aca­ demy Press, 1970); D.C.

Fowler, « l'Amour dans le Lancelot de Chrétien>>, in Romania, 91, 1970, pp.

378 sqq; J.

Frappier, , ibid., 93, 1972, pp.

96-108 (discute les thèses énoncées par Jean Rychner dans des travaux antérieurs); J.

Kooijman, , in Romanische Forschungen, 87, 1975, pp.

342-349; du même,. »

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