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Colline inspirée (La). Roman de Maurice Barrés (analyse détaillée)

Publié le 22/10/2018

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Colline inspirée (La). Roman de Maurice Barrés (1862-1923), publié à Paris chez Émile-Paul en 1913.

Sur la colline de Sion-Vaudémont, en Lorraine, trois prêtres, les frères Baillard, commencent en 1837 une entreprise de restauration des monuments comme de la vie spirituelle locale. L’énergie de l'aîné, Léopold. les place rapidement à la tête d'un véritable empire religieux, qui déplaît à la hiérarchie : après une longue lutte, l’évêque de Nancy parvient à les faire céder (chap. I -3). Léopold tombe alors aux mains d'un illuminé, Vintras (4) : de retour à Sion, il fonde une communauté au mysticisme frôlant l'hérésie. Avec l'interdiction de l'évêque (5-7) et l’arrivée d'un nouveau curé (8) commence une longue lutte inégale : excommuniés, ruinés, les anciens seigneurs spirituels devenus chefs de secte doivent quitter séparément leur terre (9-14). Ils referont cependant une tentative, vite avortée, avec leur dernier camé de fidèles ( 15). François mort Quirin l'ayant quitté, Léopold reste seul, prophète flamboyant et dérisoire qui réintégrera juste avant sa mort le sein de l'Église (16-19).

« Il est des lieux où souffle l'esprit » : le très célèbre titre du chapitre 1 fait de la colline adorée par Barrés (voir « le 2 Novembre en Lorraine » dans Amori et Dolori sacrum, 1903) le centre du roman, et son véritable héros. La Colline inspirée ne constitue cependant pas une énième version du culte barrésien pour le sol natal (voir l'Appel au soldat, 1900 ; et la trilogie les Bastions de l’Est, 1905, 1909 et 1921) : malgré le titre, l'intrigue du roman historique l'emporte ici sur la description, jusqu'à ce que l'épilogue tire les leçons du long conflit de la terre et de la hiérarchie (« Qu'est-ce qu'un enthousiasme qui demeure une fantaisie individuelle ? Qu'est-ce qu'un ordre qu'aucun enthousiasme ne vient plus animer ? »). Éternel dialogue, chez Barrés,

« de la passion et de l'intelli gence, de la perte et de la maîtrise de sol, qui relie le ro ma n à tou te l'œuvre -même au *Cult e du moi de sa jeunesse auquel il semble ré pondre dans le choix résolu d'une disciplin e alimentée par l'enthou siasme.

Triomphe final de l'ordre , donc, mais qui montre aussi les pièges d'u n enracinement (voir les *D éradnés) : retrouva nt l'esprit lorrain, renouant avec l es siècles, Léopold Bail­ lard s'effo ndre faute de savoir maîtriser so n héritage spirituel.

Dès qu'elle quitt e l'idéo logie pour la littérature, la « leçon " de Barrès paraît ainsi plus problématique -plus intéressa nte.

L 'absenc e de toute thèse préétablie fait alors la grande réussite du roman, où Léopold demeure jusqu'à la fin splen­ dide et clownesque, prenant curieuse­ ment aujou rd'hui un e dimension de héros mode rne, don Quichotte d'une inaccessib le saintet é.

Portée par une écriture dépouillée de sa précio sité par­ fois facile, la Colline inspirée est aussi une rem arquable chronique paysanne, où l'âpreté des personnages et des rela­ tions préfigure presque Giono : c'es t lei qu'on peut croire à l'authenticité d'un " sentiment du sol ,.

trop souvent c han té s ur un mode éthéré, et comme «urbain "··· La postérité ne s'y est d'ail­ le urs pas trompée, qui délaisse les débordements chauvins de Barrès en retenant plutôt ce roman où le « ter­ roir ,.

est re ndu à la vér ité de ses splen­ deurs et de ses mesquineries.. »

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