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Les DIEUX ont SOIF. Roman d'Anatole France (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)

Publié le 24/10/2018

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Les DIEUX ont SOIF. Roman d'Anatole France, pseudonyme d'Anatole François Thibault (1844-1924), publié en feuilleton dans la Revue de Paris du 1S octobre 1911 au 15 janvier 1912, et en volume chez Calmann-Lévy en 1912.
Salué par un immense succès, ce livre va être considéré comme le chef-d'œuvre d'un écrivain qui ne publiera plus aucun texte majeur jusqu'à sa mort. Anatole France est alors universellement reconnu comme un symbole vivant de l'humanisme républicain et socialiste. On peut s'étonner de le voir, dans ce roman, jeter un regard critique et désabusé sur la Révolution française, mythe fondateur de la IIIe République, exalté par l'école laïque et l'historiographie de gauche.
Le peintre Évariste Gamelin est un artiste médiocre mais un homme passionné et intransigeant Il est ardemment attaché aux idéaux révolutionnaires et admire sans réserve Marat et Robespierre qui, à la faveur des terribles événements du printemps 1793, prennent de plus en plus d’influence. Il aime Élodie Blaise, fille du marchand d’estampes qui lui paie, chichement, ses œuvres. Mais il conçoit une haine féroce pour le séducteur dont elle avoue avoir été victime autrefois, et qui, dans la ferveur révolutionnaire d’Évariste, ne saurait être qu’un aristocrate (chap. I -5). Ni l’affection naïve de sa mère ni la sagesse aimable et souriante du vieux libre penseur Brotteaux des Mettes, ancien « traitant » ruiné, ne peuvent adoucir le sombre caractère du jeune homme. Mme de Rochemaure, ancienne maîtresse de Brotteaux, intrigue avec des émigrés et des financiers sans scrupules. Elle fait nommer Évariste juré au Tribunal révolutionnaire, dans l'espoir de pouvoir lui faire servir ses intérêts.
Elle doit vite déchanter : dans le climat pesant de la Terreur, Évariste va se montrer de plus en plus impitoyable (6-11). Il envoie à la guillotine le malheureux Brotteaux, coupable d’avoir hébergé, par compassion, un prêtre réfractaire et une prostituée. Il charge un innocent qu’il prend à tort pour le suborneur d'Élodie. Il refuse toute indulgence pour Fortuné Chassagne, l’amant de sa sœur Julie à qui il ne pardonne pas de s'être enfuie avec ce « ci-devant noble et officier». Le régime semble pris d’une folie sanguinaire ; selon la formule de Camille Desmoulins qui inspire le titre du roman, « les dieux avaient soif ». Évariste n’est plus que l'instrument froid et implacable de cette violence d’État (12-15).
Il a donc lié son destin à celui de Robespierre et tombe avec lui en thermidor 1794. Après l'avoir idolâtré, Élodie le remplace dans son cœur par le graveur Desmahis, jouisseur sans idéal, dont l’opportunisme est tout le contraire de la raideur morale incarnée par Évariste Gamelin (16-29).
 
L'Éducation sentimentale de Flaubert avait, un demi-siècle plus tôt, remis en cause le genre du roman historique dans sa forme et ses mythes. Le souvenir de 1789 n'était, pour les héros, qu'un amas de stéréotypes et l'occasion d'un malentendu fondamental : confondre un passé glorieux avec un présent irrémédiablement médiocre ne pouvait suffire à rendre ce dernier moins insignifiant. Le romantisme tardif du Quatrevingt-Treize de Victor Hugo (1874) restaurait malgré tout l'image exemplaire d'une Histoire héroïque, d'une épopée où passion et idéal justifiaient la violence et l'excès.

« et en volume chez Calmann-Lévy en 1912.

Salué par un immense succès, ce livre va être considéré comme le chef­ d'œuvre d'un écrivain qui ne publiera plus aucun texte majeur jusqu'à sa mort.

Anatole France est alors .

univer­ sellement reconnu comme un symbole vivant de l'humanisme républicain et socialiste.

On peut s'étonner de le voir, dans ce roman, jeter un regard critique et désabusé sur la Révolution française, mythe fondateur de la me République, exalté par l'école laïque et l'historio­ graphie de gauche.

Le peintre Évariste Gamelin est un artiste médiocre mais un homme passionné et intransi­ geant.

Il est ardemment attaché aux idéaux révo­ lutionnaires et admire sans réserve Marat et Robespierre qui, à la faveur des terribles événe­ ments du printemps 1793, prennent de plus en plus d'influence.

Il aime Élodie Blaise, fille du mar­ chand d'estampes qui lui paie, chichement, ses œuvres.

Mais il conçoit une haine féroce pour le séducteur dont elle avoue avoir été victime autrefois, et qui, dans la ferveur révolutionnaire d'Évariste, ne saurait être qu'un aristocrate (chap.

1-5).

Ni l'affection na:lve de sa mère ni la sagesse aimable et souriante du vieux libre pen­ seur Brotteaux des llettes, ancien «traitant» ruiné, ne pewent adoucir le sombre caractère du jeune homme.

Mme de Rochemaure, ancienne ma"rtresse de Brotteaux, intrigue avec des émigrés et des financiers sans scrupules.

Elle fait nommer Évariste juré au Tribunal révolutionnaire, dans l'espoir de pouvoir lui faire servir ses intérêts.

Elle doit vite déchanter : dans le climat pesant de la Terreur, Évariste va se montrer de plus en plus impitoyable (6-11).11 envoie à la guillotine le malheureux Brotteaux, coupable d'avoir hébergé, par compassion, un prêtre réfractaire et une prostituée.

Il charge un innocent qu'il prend à tort pour le suborneur d'Élodie.

Il refuse toute indul­ gence pour Fortuné Chassagne, l'amant de sa sœur Julie à qui il ne pardonne pas de s'être enfuie avec ce « ci-devant noble et officier».

Le régime semble pris d'une folie sanguinaire ; selon la formule de Camille Desmoulins qui inspire le titre du roman, « les dieux avaient soif».

Évariste n'est plus que l'instrument froid et implacable de cette violence d'État ( 12-15).

Il a donc lié son destin à celui de Robespierre et tombe avec, lui en thermidor 1794.

Après l'avoir idolâtré, Elodie le remplace dans son cœur par le graveur Desmahis, jouisseur sans idéal, dont l'opportunisme est tout le contraire de la raideur morale incarnée par Évariste Gamelin (16-29).

L'*Éducation sentimentale de Flaubert avait, un demi-siècle plus tôt, remis en cause le genre du roman historique dans sa forme et ses mythes.

Le souve­ nir de 1789 n'était, pour les héros, qu'un amas de stéréotypes et l'occa­ sion d'un malentendu fondamental : confondre un passé glorieux avec un présent irrémédiablement médiocre ne pouvait suffire à rendre ce dernier moins insignifiant.

Le romantisme tar­ dif du *Quatrevingt-Treize de Victor Hugo (1874) restaurait malgré tout l'image exemplaire d'une Histoire héroïque, d'une épopée où passion et idéal justifiaient la violence et l'excès.

Anatole France, dans Les dieux ont soif, tire lui aussi l'élément dramatique essentiel de son roman du caractère impérieux des faits, de l'urgence d'une époque où s'affirment de tragiques nécessités.

Ainsi, le narrateur, loin d'adopter une neutralité prudente, n'hésite pas à renchérir sur l'image que les personnages croient percevoir de leur temps.

Quand le citoyen Trubert, fonctionnaire exemplaire de la Répu­ blique, dit tranquillement à Gamelin : "La situation est toujours la même», il corrige aussitôt ces paroles .

sereines d'un commentaire sans nuances : « La situation était effroyable» (chap.

1), Quelques phrases elliptiques et ha­ chées dressent alors dans leur séche­ resse un décor qui impose de lui-même un climat lourdement tragique : « Paris sous les canons autrichiens, sans argent, sans pain» (ibid.).

La signification générale du roman doit beaucoup au poids que les fonds exercent sur les premiers plans de. »

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