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FAUSSES CONFIDENCES (Les) de MARIVAUX (résumé & analyse)

Publié le 10/10/2018

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Le mécanisme dramatique des Fausses Confidences illustre le «double registre» décelé par Jean Rousset chez Marivaux: d’un côté la cécité d’Araminte, une jeune et riche veuve éprise sans le savoir et sans le vouloir — car son amour-propre l’empêche d’avouer son penchant — de Dorante, un bourgeois ruiné qu’elle a engagé comme intendant; de l’autre, la clairvoyance démasquante d'un «personnage spectateur» omniscient, le valet Dubois. Son ingéniosité et ses fausses confidences, qui sont des révélations calculées pour atteindre un résultat inverse de celui que Dubois paraît vouloir tout d’abord obtenir, conduisent Araminte à surmonter les préjugés sociaux et à avouer courageusement son amour pour Dorante. L’intrigue fonctionne donc à la façon d’un piège qui mène les deux héros à leur bonheur.

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)Familier des brillants salons de Mme de Lambert, Mme de Tencin et Mme Geoffrin, Marivaux, ruiné par la banqueroute de Law, va tenterde vivre de sa plume.

Romancier et journaliste, il est connu surtout grâce à son œuvre dramatique, une trentaine de pièces, légères etélégantes comédies écrites principalement de 1722 (La Surprise de l'amour) à 1746 (Le Préjugé vaincu).Les Fausses Confidences, comédie en trois actes, fut représentée au Théâtre-Italien le 16 mars 1737 avec un succès fort mitigé, septans après Le Jeu de l'amour et du hasard.

Avec cette dernière, elle est considérée comme un des chefs-d'œuvre de Marivaux et a uneplace de choix dans le répertoire de la Comédie-Française. Un habile valet parvient par de subtils mensonges à rendre amoureuse de son maître une jeune et riche veuve. Un intrus chez Araminte Dorante, un jeune homme qui n'a point de bien, est amoureux de la riche veuve Araminte.

Conseillé par son valet Dubois, il se faitengager comme secrétaire par cette femme malgré l'opposition de la mère de celle-ci, Mme Argante.

Dubois commence à intriguerauprès d'Araminte en lui recommandant de se débarrasser de Dorante, follement amoureux d'elle.

Araminte va devoir lutter entre sacompassion pour Dorante qui, à son insu se transforme en amour, et ses intérêts qui l'invitent à suivre l'avis de sa mère.

Un portraitd'Araminte, mis exprès chez Dorante et prétendument découvert par Dubois, instruit tout le monde de l'amour de Dorante.

Araminte seplaint à Dubois de son zèle mais est obligée de prendre une décision, car elle ne peut garder un secrétaire amoureux.

Pressée par cescirconstances artificiellement créées, irritée des instances de sa mère, qui envisageait pour elle un mariage brillant, elle se décide à «faire la fortune » de Dorante en l'épousant malgré leur différence sociale. Une comédie légèrement grinçante Cette pièce très subtile offre deux intérêts majeurs : le premier ressortit au thème si souvent traité de la « surprise de l'amour ».

Onsuit, pas à pas, l'évolution de la jeune veuve Araminte, que Dubois oblige quasiment à tomber amoureuse.

Le rôle de Dubois est loin d'être innocent : il use avec jubilation de son intuition psychologique et de son pouvoir de persuasion.

Sous couvert d'aider Araminte deses avis, il la pousse par ses « fausses confidences » dans ses derniers retranchements.

Dorante, complice de Dubois, pourrait êtreconfondu avec un simple coureur de dot si ses inquiétudes et l'aveu final qu'il fait à Araminte de leur supercherie ne le lavaient de cesoupçon.

Le second intérêt de la pièce relève d'une étude des mœurs d*une société en mutation, étude non dénuée d'une certainesatire.

Nous sommes chez une femme riche qui envisage de se marier pour éviter un procès.

Chacun songe à soi.

Marion, la soubrettesacrifiée, doit renoncer avec le sourire à son beau rêve d'épouser Dorante pour rie pas perdre sa place.

L'intérêt personnel régit tousles actes. 1 • LE CONTEXTE Les personnages des Fêtes galantes de Watteau, aériens, chatoyants, ont été comparés, en dépit de leur extrême humanité, à desinsectes éphémères, mus par des instincts cruels qui les dépassent.

Même ambiguïté chez Marivaux, qui dépeint une société aimable,raffinée, passée maîtresse dans l'art de la conversation, mais aussi féroce et sans illusions sur les rapports humains.

Les comédiensitaliens fournissent à Marivaux mieux que des interprètes : des inspirateurs.

Quand il leur fait jouer Les Fausses Confidences, comédieen trois actes, il a déjà écrit plus de vingt pièces qui, pour la plupart, étudient la naissance et l'aveu de l'amour. 2 • LE TEXTE Dorante, pauvre, mais sincère, aime Araminte, jeune bourgeoise veuve, riche et belle.

Sur le conseil de son ancien valet Dubois, passéau service d'Araminte, il s'introduit chez elle comme intendant.

Dès lors, Dubois ourdit une machination pour rendre sa maîtresseamoureuse de Dorante.

Son système repose sur les « fausses confidences » dont usent également les autres personnages : tous, à desdegrés divers, y compris Araminte, plaident le faux pour savoir le vrai et parvenir à leurs fins.

Dorante, homme d'honneur, finit parrévéler la vérité à Araminte.

Conquise, comme l'avait prévu Dubois, la belle veuve lui pardonne et ils se marient. 3 • LES THÈMES MAJEURS * Une interrogation pessimiste sur l'amourL'être humain n'est pas maître de ses sentiments, nés de mécanismes obscurs et implacables.

Araminte se ment à elle-même enhabillant son inclination du masque de la compassion ou de la prudence.

Son pardon même est-il autre chose que la conséquenceinéluctable de l'état où l'ont mise les manoeuvres de Dubois ?Loyal et sincère, Dorante incarne la « bonne image » de l'amour, quitriomphe à la fin, à côté de Dubois, calculateur froid et efficace.

Mais un amoureux n'est-il pas toujours à la fois Dorante et Dubois ?Le vrai et le fauxPourquoi faut-il que l'amour avance masqué ? Pourquoi faut-il prêcher le faux pour que le vrai ose se déclarer ? Le « peintre del'amour-mystère » laisse ces questions sans réponses.

Mais ce jeu entre illusion et vérité trouve sa traduction dans sa dramaturgie : àla machination répond la machine théâtrale, et, sous la baguette du grand ordonnateur Dubois, la pièce avance vers son dénouement,aussi nécessairement que l'amour dans le coeur d'Araminte. 4 • L'ÉCRITURE Le « marivaudage »Un style parlé, spontané, gracieux, rebondissant : l'improvisation italienne « polie » par le goût français.

Dans le feu des répliques, lessentiments finissent par se dévoiler.

Araminte : « Vous donner mon portrait ! Songez-vous que ce serait avouer que je vous aime ? »Dorante : « Que vous m'aimez, madame ! Quelle idée ! Qui pourrait se l'imaginer ? » Araminte : « Et voilà pourtant ce qui m'arrive ! » Le comiqueDe la comédie italienne subsiste Arlequin, dont les contorsions verbales sont calquées sur les contorsions corporelles du modèle.

Ilforme avec Dubois, personnage plus réaliste et inquiétant, un couple de valets rivaux et querelleurs.

Les formules paradoxales deDubois font également rire, mais ce sont pures et simples vérités : « Voulez-vous qu'elle soit de bonne humeur avec un homme qu'ilfaut qu'elle aime en dépit d'elle ? Cela est-il agréable ? Vous vous emparez de son bien, de son coeur, et cette femme ne criera pas ?. »

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