PENSÉES de Pascal
Publié le 12/03/2019
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PENSÉES, titre sous lequel ont été publiés, en 1670, par ses amis de Port-Royal, les fragments laissés par Pascal d'une « Apologie de la religion chrétienne ». La genèse des Pensées reste assez mal connue. C'est très probablement au lendemain de la publication des Provinciales, en 1657, que Pascal entreprit de rassembler des matériaux pour cette apologie qui devait démontrer le bien-fondé des opinions jansénistes. Au milieu de l'année 1658, il donna à Port-Royal une conférence sur ce thème. Pour la préparer, il classa ses notes, de longueurs très diverses et rédigées sur de grandes feuilles. Il découpa ces feuilles et assembla les fiches ainsi obtenues en liasses maintenues par des fils. En 1670, ses héritiers (la famille de sa sœur Gilberte Périer) et ses amis (Arnauld, Nicole, le duc de Roannez) publièrent ses manuscrits. Mais ils y opérèrent des suppressions et modifications, pour éviter tout sujet de polémique, et ils classèrent les fragments selon un plan qui leur
parut logique. On se borne à reproduire cette première édition du texte, désormais intitulé Pensées de M. Pascal, jusqu'en 1842, où V. Cousin retrouva les manuscrits et des copies des liasses primitives. Depuis lors, on note deux publications importantes l'édition Brunschvicg (1897) précisa le détail du texte, mais sans chercher à rétablir le plan initial. Au milieu du xxe s., on s’efforça de retrouver celui-ci ; ainsi l'édition Lafuma (1951) suit le classement opéré par Pascal lui-même dans ses liasses. Effort décisif, malgré d'inéluctables incertitudes, car la signification des Pensées dépend de la structure qu’on leur confère (Pascal lui-même y insiste à plusieurs reprises).
Le mouvement général n'est pas celui de la logique formelle, mais une progression souple, en apparence pleine de digressions, en fait ne perdant jamais de vue son but, comme l'indiquent les textes réunis dans la première liasse (et donc édités comme formant le chapitre premier). L'ensemble, à partir de là, s'organise en deux étapes principales.
Dans un premier temps (chap. il à xn), Pascal part du sentiment même de l'existence pour amener l'incrédule à une inquiétude qui ouvrira la voie à l'interrogation sur la foi. Il montre l'homme jouet de forces qui l'égarent : l’imagination, l'amour-propre, la coutume. La coutume est arbitraire, souvent absurde, mais il faut s'y conformer (sauf quand elle tend à instaurer la tyrannie) afin de permettre au corps social de subsister. L'imagination et l'amour-pro-pre poussent l'homme vers des grandeurs illusoires. Pour échapper au sentiment de son néant, il s'étourdit d'action, de « divertissement ». Mais l'illusion se brise devant la conscience de la faiblesse. Pessimisme que vient transformer, en une étape dialectique essentielle, un renversement du raisonnement : que l'homme soit capable d'avoir conscience de sa petitesse prouve sa grandeur.
Le second mouvement s'ouvre par un argument emprunté aux mathématiques, celui du « pari ». D'un côté, pour l'incrédule, les satisfactions terrestres, accessibles, nombreuses, mais limitées.
«
De
l'autre, pour le croyant, l'espoir du
bien divin.
par essence infini.
N'y aurait
il qu'une chance de bénéficier du second
pour mille en faveur des premières, le
raisonnement selon les probabilités
montre qu'une chance d'un gain illimité
offre l'espoir d'un gain ultime supérieur
à mille chances de gains limités.
Dès
lors, « il faut parier >> sur la foi.
Pour accéder à celle-ci, plusieurs
moyens s'appuient les uns les autres.
Pascal se livre alors à l'examen des
preuves de l'existence de Dieu, en parti
culier de la Bible, et il montre qu'il faut
rechercher dans les Testaments Je sens
spirituel sous le sens littéral.
Cependant,
les preuves ne peuvent suffire.
Si la foi
n'est pas antinomique avec la raison, elle
est affaire de cœur et non de rationalité :
il conclut (chap.
XXVII) sur l'élan du
cœur, que seule la grâce produit, grâce
qu'il faut rechercher et mériter pour
espérer son intercession.
Dans , les Pensées, la concision des
sentences, la brièveté des réflexions, la
fulgurance des visages vont souvent de
pair avec une construction paradoxale,
qui emprunte à la maîtrise du raisonne
ment scientifique l'habitude des encha î
nements dialectiques où la contradiction
est marquée et dépassée..
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