SOIRÉES DE MÉDAN (les)

SOIRÉES DE MÉDAN (les), recueil collectif de six nouvelles signées Émile Zola, J.-K. Huysmans, Maupassant, Henry Céard, Léon Hennique et Paul Alexis (1880). Zola vient de faire paraître l'Assommoir et il est le chef de file d'un groupe de jeunes écrivains qu'il réunit chez lui, à Paris et à Médan, dans la propriété qu'il a acquise grâce au succès de son roman. Le recueil, édité chez Charpentier, leur permet « d'affirmer publiquement [leurs] véritables amitiés et, en même temps, [leurs] tendances littéraires ». À ce dernier titre, il peut être considéré comme le manifeste d'une école, la mise en œuvre des théories naturalistes. Une préface-programme précède l'Attaque du moulin de Zola, située en Lorraine, où la guerre vient briser la vie du père Merlier, le meunier d'un joli moulin, position stratégique que Français et Prussiens se disputent. Le futur gendre du père Merlier sera exécuté, lui-même mourra d'une balle perdue et il ne restera du vieux moulin que des « ruines fumantes ». L'histoire de Boule de suif de Maupassant est mieux connue : la prostituée au grand cœur permet à ses compagnons de route de manger et de continuer leur voyage, mais ne récolte en retour que de l'ingratitude et du mépris. Sac au dos de Huysmans raconte les tribulations tragi-comiques d'un soldat malade. Dans la Saignée d'Henry Céard, la maîtresse du gouverneur de Paris pendant le siège se moque de l'inertie de son amant et quitte Paris. Elle y reviendra et incitera le gouverneur à tenter une sortie désastreuse. L Affaire du grand sept de Léon Hennique décrit l'assaut d'une escouade contre une maison de tolérance où l'on a tué un soldat. Enfin, Après la bataille de Paul Alexis relate la rencontre entre une veuve, ramenant de la guerre le corps de son mari, et un soldat blessé qui est aussi un prêtre.

Ces nouvelles ont pour cadre la guerre de 1870, évoquée ici d'une manière surprenante pour l'époque. Pas d'épopée facile dans cette « Invasion comique » (le premier titre envisagé) : avec une certaine audace, les auteurs refusent ce que Maupassant appelle le « chauvinisme à la Déroulède ». Pour autant, « ce ne sera pas antipatriotique, mais simplement vrai » : la guerre telle

qu'elle est, avec ses drames et ses comédies.