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VOLUPTÉ, de Sainte-Beuve

Publié le 23/05/2019

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VOLUPTÉ, roman de Sainte-Beuve (1834). Renouant avec un procédé déjà mis à contribution avec Joseph Delorme, Sainte-Beuve livre dans Volupté la « confession » d'Amaury : en route vers

 

l'Amérique, celui-ci est retenu par la tempête dans un monastère portugais, d'où il entreprend, à l'intention d'un jeune ami, la relation de sa destinée. Les premiers chapitres sont consacrés à l'évocation de son adolescence bretonne, où s'atteste l'influence de René (« J'ai lu René et j'ai frémi », chap. xii) : amours platoniques pour Amélie de Liniers, puis pour de Couaën, à laquelle le lie du reste son estime pour le marquis, son époux, qui, conspirateur (c'est l'époque du complot de Cadoudal), puis suspect, est incarcéré à Paris, où Amaury suit le couple ; partagé entre son amour pour Mme de Couaën et une sensualité impérieuse contre laquelle il se cabre, il mène là une existence tumultueuse : contradiction qui trouvera sa solution dans la conversion, non sans qu auparavant ne soit intervenue une autre figure féminine, R., une amie de de Couaën. Ainsi que l'annonce la Préface, Volupté est consacré à « l'analyse d'un penchant, d'une pas sion, d'un vice même » ; événements et personnages y sont annexés à un modèle économique des passions dans lequel les « chastes années » de l'enfance constituent « comme une solide épargne », dont l’âge d'homme, dominé par ce qu'il y a en nous de « monstrueusement contradictoire » (i), inaugure la dissipation en un mouvement alterné de reprises et de rechutes ; ainsi Amauiy est il pris dans ce jeu de bascule : « Vie double », « Jeu double » (x) renvoient à ce passage du « souci moral » à la « diversion sensuelle » (vu), dont seule la conversion brisera le ballet. Volupté et humiliation, triomphe sur la volupté et orgueil s'entraînant mutuellement, la charité ne déracinera pas ces « passions invétérées » (xx), mais les modifiera : « La miséricorde (...) est l'orgueil dompté, l’amour est la volupté rectifiée » (xx) ; ce sont la Grâce et la volonté conjuguées qui, « comme deux ailes immuables » (vu, xv), disposeront à la conversion. Une fois recouvré le « foyer persistant et vivant » de son individualité, Amaury est rendu au temps : converti, ordonné prêtre, il voit une dernière fois Mme de Couaën pour lui

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« donner les derniers sacrements.

Œuvre pessimiste et qui fait écho aux préoc ­ cupations religieuses de l'auteur (c'est l'époque d'une certaine proximité spiri­ tuelle avec Lamennais) et à ses propres échecs, Volupté vaut surtout par ses qualit�s d'introspection, mais laisse une impression mélangée due au ressasse­ ment d'une problématique vieillie, à une certaine fadeur, à l'omniprésence d'une complaisance sans issue ; l'œuvre aura du moins le mérite d'une brillante posté­ rité : Balzac et Flaubert « referont » Vol upté; ce seront le Lys dans la Vallée et l'Éducation sentimentale.. »

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