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1998 : Le Japon miné par la « dépression complexe »

Publié le 05/12/2018

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Cet échec accule le Premier ministre Ryutaro Hashimoto à la démission. Le PLD le remplace par Keizo Obuchi, que les médias américains jugent «aussi appétissant qu’une pizza froide». L’expression fait fureur dans l’archipel, où le nouveau cabinet est inauguré avec une cote de popularité qui ne dépasse pas 30%. En préférant un politicien chevronné, mais sans charisme, à deux personnalités plus fortes - Seiroku Kajiyama, partisan d’une déréglementation économique vigoureuse, et Junichiro Koizumi, le favori de l’opinion -, le parti gouvernemental confirme sa répugnance traditionnelle à confier le pouvoir à des hommes forts, capables d’imposer leur autorité aux groupes de pression.

 

La crise de l’État est aggravée par les scandales qui minent la haute fonction publique. Au ministère des Finances, bête noire de l’opinion, 1 050 fonctionnaires sont interrogés, 4 mis en examen, 3 se suicident et 112 font l’objet de sanctions internes.

 

Pour essayer de relancer l’économie, le gouvernement injecte 40 000 milliards de yen (1 800 milliards de francs) en travaux publics, remises d’impôts et crédit pour les PME. Ces deux plans (avril, novembre) sont forcément populaires et jouissent d’un large consensus. Par contre, le problème des mauvaises créances bancaires oppose le PLD aux démocrates. Ceux-ci finissent pourtant par admettre qu’il n’y a pas d’autre solution que de recourir à l’argent public. En octobre, ils acceptent de voter un plan de sauvetage de 60000 milliards de yen. Mais ils exigent que l’État force les banques à se restructurer et fasse la lumière sur leurs comptes. Le PLD craint les scandales qui s’ensuivraient. Pour faire voter le plan, il concède la nationalisation temporaire de l’établissement le plus sinistré (Banque de crédit à long terme).

 

Mais, aussitôt après, il se rapproche du Komeito et conclut un accord avec le Parti libéral. En isolant ainsi l’élément le plus dynamique de l’opposition, le gouvernement renforce sensiblement son assise, mais pas forcément sa capacité à accomplir les réformes qui s’imposent.

1998 aura vu le Japon s’enfoncer dans la récession sans que le gouvernement réussisse à inverser le processus, malgré des plans de relance massifs. Le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir semble paralysé par les groupes de pression opposés aux réformes de fond qu’exigerait une crise qui n’est pas seulement conjoncturelle. L’opposition, divisée et hétéroclite, n ’apparaît toujours pas comme une alternative crédible, et le PLD garde l’initiative. Mais il est incapable de surmonter la crise de confiance qui mine l’opinion et nourrit la récession en déprimant la consommation.

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