L'Afrique des Grands Lacs, une crise en voie de régionalisation

LE RWANDA ET LE BURUNDI AU CŒUR DE LA CRISE

Les nouvelles donnes géopolitiques à venir ne peuvent faire oublier la nécessaire reconstruction politique qui s'impose à tous. Un préalable qui est une question d'actualité pour les deux pays aux origines de la crise actuelle, le Rwanda et le Burundi, tous deux dirigés par des gouvernements à dominante tutsie. Cette reconstruction est une nécessité, tant pour le Rwanda, qui, confronté au retour massif des réfugiés, doit entreprendre une difficile réconciliation nationale, que pour le Burundi, dont les nouvelles autorités, issues d'un coup d'État militaire, hésitent entre une issue militaire et une solution politique.

Avec la rébellion des Banyamulenge (des Zaïrois tutsis de souche rwandaise installés avant la colonisation sur les hauteurs du Sud-Kivu), dirigée par Laurent Désiré Kabila et qui s'est étendue du Sud au Nord-Kivu, c'est-à-dire sur la bordure utile du nord-est du Zaïre, la crise dans la région des Grands Lacs a pris une nouvelle dimension régionale. Circonscrit dans un premier temps au Burundi et au Rwanda, réduit à une confrontation politico-ethnique entre Hutus et Tutsis au pouvoir depuis les indépendances - pour les premiers au Rwanda et pour les seconds au Burundi -, le conflit, qui pouvait apparaître spécifique à cette sous-région, embrase désormais directement et indirectement l'Afrique centrale et orientale.