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Anthropologie

Publié le 22/05/2020

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Pourtant, dès l’Antiquité, les philosophes, notamment Platon, ont sévèrement critiqué l’anthropomorphisme des dieux homériques et l’immoralité de leur comportement Les dieux d’Homère « ne sont pas de simples personnages, mais de complexes constructions narratives qui donnent corps et voix à une série de divinités auxquelles les Grecs rendaient un culte dans leurs cités et auxquels ils s’adressaient pour affronter les innombrables défis du quotidien » De ce point de vue, les poèmes homériques offrent l’extraordinaire possibilité de « voir » les dieux en action et en interaction, entre eux et avec les hommes. Dans ces récits, les dieux agissent, adoptent des stratégies, se montrent ou se cachent, sauvent ou perdent des vies humaines. Ils sont concrètement présents dans certaines séquences narratives ou agissent, dans d’autres séquences, en restant invisibles et loin Dans une même séquence narrative (Iliade, XXI, 385 sq.), on voit les dieux lutter avec acharnement entre eux pour soutenir leurs protégés, puis, un instant plus tard, les abandonner à leur destin éphémère : Les hommes, selon les événements, ont la conviction que les dieux s’intéressent à leur sort ou au contraire font le constat qu’ils sont fondamentalement indifférents.voire le combat entre Arès et Athénée. Le premier aspect sera la manière dont les dieux apparaissent aux hommes, le second la manière dont ils communiquent leur volonté ou leurs avertissements aux hommes. Maurizio Bettini signale un fait...

« permet pas à ses personnages de les voir tels qu’ils sont.

C’est que le poète obéit à une norme bien attestée dans la culture grecque, selon laquelle les hommes ne doivent pas voir les dieux tels qu’ils sont. Ainsi, le poète Callimaque (3 e s.

av.

J.-C.) raconte comment le devin Tirésias est devenu aveugle pour avoir vu Athéna en train de se baigner. Lorsque les hommes craignent de se trouver face à une divinité, ils préfèrent détourner les yeux.

Dans le registre divin de la narration, leur identité est affirmée et décrite de manière claire.

Mais dans le registre humain, l’identité du dieu se déploie dans une pluralité de figures pourvues de visibilité ou d’invisibilité ils connaissent leur capacité à assumer des apparences multiples et trompeuses et craignent d’être leurs jouets Les dieux sont des êtres insaisissables, qui ont tout pouvoir sur les humains, particulièrement celui de créer l’illusion en leur donnant à voir ce qui n’est pas.

Et seul un dieu peut changer d’apparence scènes mythologiques dans lesquelles une même divinité est présente deux fois, une fois sous son apparence habituelle, anthropomorphique, une fois sous la forme d’une statue. Comme le souligne Maurizio Bettini, « le sens d’un tel dédoublement est tout à fait clair ; il s’agit de scènes construites autour de la présence d’un dieu qui, dans une circonstance donnée, intervient ou est évoqué en tant que protecteur ou justicier.

De ce dieu, cependant, les personnages figurant sur la scène ne voient qu’une image, à savoir la statue divine, tandis qu’à l’observateur extérieur est concédée la vision du dieu sous son apparence anthropomorphique habituelle.

La présence d’une statue à côté de la figuration du dieu a vocation à souligner l’invisibilité des dieux aux yeux des êtres humains, en l’occurrence les protagonistes de l’épisode mis en images.

» La présence d’une statue, dans ces représentations, réaffirme le caractère inflexible des « lois de Cronos » : Cassandre ne peut pas voir Athéna qui manifeste sa volonté de la protéger, mais seulement la statue aux pieds de laquelle elle est agenouillée ; de même, Laocoon ne peut pas voir Apollon qui ne réagit pas quand ses enfants sont dévorés par le serpent.

Ce genre de composition picturale établit une distinction entre deux manières de « voir » les dieux qui est analogue à ce qu’on relève chez Homère : les statues manifestent la présence d’un dieu sans révéler aux acteurs humains de la scène la « véritable » apparence du dieu.

Les images des dieux sur les vases sont l’équivalent des descriptions anthropomorphiques des dieux dans le registre divin de la narration.

Les premières sont réservées au spectateur extérieur qui contemple le vase, les secondes à l’auditeur et au lecteur des poèmesPour finir, Maurizio Bettini relève que l’ achlys , l’obscurité qui rend invisible, est envisagée de deux manières dans les poèmes homériques.

Elle remplit « deux fonctions complémentaires et inversées : elle peut jouer son rôle du côté de. »

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