Anthropologie
Publié le 22/05/2020
Extrait du document
«
permet pas à ses personnages de les voir tels qu’ils sont.
C’est que le poète
obéit à une norme bien attestée dans la culture grecque, selon laquelle les
hommes ne doivent pas voir les dieux tels qu’ils sont.
Ainsi, le poète Callimaque (3 e
s.
av.
J.-C.) raconte comment le devin Tirésias est
devenu aveugle pour avoir vu Athéna en train de se baigner.
Lorsque les hommes craignent de se trouver face à une divinité, ils préfèrent
détourner les yeux.
Dans le registre divin de la narration, leur identité est affirmée et décrite de
manière claire.
Mais dans le registre humain, l’identité du dieu se déploie dans
une pluralité de figures pourvues de visibilité ou d’invisibilité ils connaissent
leur capacité à assumer des apparences multiples et trompeuses et craignent
d’être leurs jouets
Les dieux sont des êtres insaisissables, qui ont tout pouvoir sur les humains,
particulièrement celui de créer l’illusion en leur donnant à voir ce qui n’est pas.
Et seul un dieu peut changer d’apparence scènes mythologiques dans lesquelles
une même divinité est présente deux fois, une fois sous son apparence
habituelle, anthropomorphique, une fois sous la forme d’une statue.
Comme le souligne Maurizio Bettini, « le sens d’un tel dédoublement est tout à
fait clair ; il s’agit de scènes construites autour de la présence d’un dieu qui,
dans une circonstance donnée, intervient ou est évoqué en tant que protecteur
ou justicier.
De ce dieu, cependant, les personnages figurant sur la scène ne
voient qu’une image, à savoir la statue divine, tandis qu’à l’observateur
extérieur est concédée la vision du dieu sous son apparence anthropomorphique
habituelle.
La présence d’une statue à côté de la figuration du dieu a vocation à
souligner l’invisibilité des dieux aux yeux des êtres humains, en l’occurrence
les protagonistes de l’épisode mis en images.
»
La présence d’une statue, dans ces représentations, réaffirme le caractère
inflexible des « lois de Cronos » : Cassandre ne peut pas voir Athéna qui
manifeste sa volonté de la protéger, mais seulement la statue aux pieds de
laquelle elle est agenouillée ; de même, Laocoon ne peut pas voir Apollon qui
ne réagit pas quand ses enfants sont dévorés par le serpent.
Ce genre de composition picturale établit une distinction entre deux manières de
« voir » les dieux qui est analogue à ce qu’on relève chez Homère : les statues
manifestent la présence d’un dieu sans révéler aux acteurs humains de la scène
la « véritable » apparence du dieu.
Les images des dieux sur les vases sont
l’équivalent des descriptions anthropomorphiques des dieux dans le registre
divin de la narration.
Les premières sont réservées au spectateur extérieur qui
contemple le vase, les secondes à l’auditeur et au lecteur des poèmesPour finir,
Maurizio Bettini relève que l’ achlys , l’obscurité qui rend invisible, est
envisagée de deux manières dans les poèmes homériques.
Elle remplit « deux
fonctions complémentaires et inversées : elle peut jouer son rôle du côté de.
»
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