Grèce de 1900 à 1909 : Histoire
Publié le 30/12/2018
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La réalisation de la Grande Idée, c’est-à-dire la libération des terres grecques occupées par les Turcs, joue dans la vie politique de la Grèce un rôle essentiel en ce début de XXe siècle. Si la carrière du Premier ministre Charilaos Tricoupis, qui gouvernait le pays presque sans interruption depuis 1875, s’est achevée au lendemain de son échec électoral de 1895, c’est moins à cause de l’établissement d’une fiscalité fondée sur des impôts indirects que de sa volonté de rapprochement avec l’Empire ottoman, pour faire face au danger slave. La Grande Idée oriente également toutes les menées diplomatiques helléniques. Deux territoires, la Crète et la Macédoine, faisaient l’objet des principales revendications des nationalistes grecs. La Société nationale avait été fondée par quelques officiers subalternes dans le but d’aider leurs compatriotes placés sous domination étrangère. Elle avait organisé des groupes armés qui, dès 1896, s’étaient rendus dans ces deux régions. De plus, à la suite d’une émeute antigrecque à La Canée, en Crète, le gouvernement dirigé par le successeur de Tricoupis, Déligianis, poussé par la Société nationale et l’opinion publique, avait envoyé un corps expéditionnaire de mille cinq cents hommes dans l’île. La guerre contre l’Empire ottoman éclate le 5 avril 1897. Mal préparés, les militaires helléniques se trouvent confrontés aux forces turques, que les Allemands ont équipées et entraînées. La défaite de la Grèce, que consacre la paix du 4 décembre, l’oblige à verser une importante indemnité au vainqueur et à renoncer du même coup, pour plusieurs années, à la poursuite de la
«
cette
province.
Depuis 1896, la chute
des cours du raisin de Corinthe
provoque un profond marasme dans
l'agriculture, accentué par les
difficultés liées à un système de
propriété foncière reposant pour
l'essentiel sur de grands domaines
latifundiaires.
De 1905 à 1910,
plusieurs révoltes de paysans réclamant
une réforme agraire sont réprimées
dans le sang.
En fait, cette phase de
récession, que la mise en avant de la
Grande Idée permet en partie de
masquer, touche à la fois l'ensemble du
pays et tous les secteurs de l'économie.
Survenue dès 1895, elle marque
l'essoufflement des efforts de
modernisation entrepris par Tricoupis
depuis une vingtaine d'années pour
faire entrer la Grèce dans l'ère
industrielle.
Dans un climat de
dépression qui persiste jusqu'en 1907,
le gouvernement se révèle incapable de
résoudre le problème de la dette
extérieure.
Mais cette crise
conjoncturelle se double d'une autre
crise, structurelle et sociale.
Le
percement du canal de Corinthe, le
développement sans précédent du réseau
routier et ferré ainsi que d'une
marine marchande, qui place la Grèce
au dixième rang mondial en 1910, ont
permis la naissance d'une bourgeoisie
qui rêve d'asseoir son pouvoir
économique sur une nouvelle
organisation politique.
Dans son désir
de changement, elle se heurte à
l'aristocratie qui, ne voulant rien céder
de ses privilèges, trouve dans la
monarchie une puissante alliée.
Le
divorce au sein de la société
s'accentue.
Un courant antiroyaliste
apparaît dans l'armée, regroupant ceux
qui rendent le roi et la cour
responsables de la défaite de 1897.
Ce
sentiment se renforce encore lors des
événements qui surviennent en Crète à
partir de 1905.
En 1898, sous la
pression des grandes puissances, l'île
est devenue autonome.
Le prince
Georges, fils cadet du roi de Grèce, y a
été nommé haut commissaire.
Mais,
trop autoritaire et soumis aux intérêts
britanniques, il s'aliène le soutien des
Cr�tois qui rejoignent le parti
d'Eleuthérios Yénizélos.
Ce dernier
fonde une Assemblée nationale
provisoire et obtient la démission du prince
Georges, remplacé par
Alexandre Zaïmis.
Cependant, les
tergiversations de la monarchie, qui
hésite à reconnaître l'union de fait,
amènent les Crétois à déclarer eux
mêmes Je rattachement de l'île à la
Grèce le 15 octobre 1908 et
provoquent la chute du gouvernement
trop timoré.
Encouragés par le succès
des Jeunes-Turcs, des officiers
membres de la Ligue militaire
renversent le gouvernement en place le
15 août 1909.
Ils réclament, soutenus
par la population, la condamnation de
l'usure, l'instauration d'un impôt sur le
revenu égalitaire, la fin de la
corruption et une réforme agraire.
Mais leur chef Nicolas Zorbas est
incapable de mener à bien ce
programme.
Il fait appel à Yénizélos,
alors Premier ministre de Crète.
Sous
son impulsion, un important
renouveau s'amorce en Grèce au cours
de la décennie suivante, qui verra
également se résoudre les problèmes
crétois et macédonien lors de la guerre
balkanique de 1912-1913.
Carl AoERHOLD.
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