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La guerre russo-finlandaise

Publié le 10/11/2018

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DEUX GUERRES EN UNE

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la Finlande se retrouve par deux fois en guerre contre l'URSS. La première campagne, provoquée par l'attaque soviétique, est connue sous le nom de « guerre d'hiver » et dure de novembre 1939 à mars 1940. Vaincue, malgré l'aide matérielle de plusieurs pays étrangers, la Finlande est contrainte à d'importantes concessions territoriales. Lors de la seconde campagne, ou « guerre de continuation », qui débute en juin 1941, la Finlande tente de récupérer les territoires perdus, avec l'appui de l'Allemagne nazie. Le traité de paix de septembre 1944 lui redonne ses frontières de mars 1940.

UN LOURD CONTENTIEUX HISTORIQUE

La « guerre d'hiver » est la conséquence directe de la signature du pacte germano-soviétique d'août 1939 - Moscou entend s'assurer des bases stratégiques en Finlande pour consolider la défense de Leningrad (auj. Saint-Pétersbourg). Elle s'inscrit toutefois dans un contexte historique russo-finlandais lourd de tensions.

En décembre 1917, le régime bolchevique reconnaît l'indépendance de la Finlande. En janvier 1918, la tentative des communistes finlandais, aidés par Moscou, d'instaurer une république populaire provoque une guerre civile. Le gouvernement bourgeois soutenu par la Suède et l'Allemagne écrase la révolte communiste dont les chefs s'exilent en URSS. Au cours de la guerre civile russe, le gouvernement finlandais avait aussi appuyé les activités contre-révolutionnaires de l'Allemagne. Une absence totale de confiance préside donc aux relations entre les deux pays.

Après que l'Armée rouge a envahi la Pologne orientale en septembre 1939, en application du pacte germano-soviétique, Moscou veut se garantir contre toute menace susceptible de venir de pays situés au nord-ouest de l'URSS.

Entre le 28 septembre et le 11 octobre 1939, les républiques Baltes se voient contraintes de signer des traités d'assistance mutuelle qui permettent à l’URSS d'installer des garnisons et des bases sur leurs territoires. L'étape suivante consiste pour Moscou à conclure un accord similaire avec Helsinki.

Attaque de la Finlande par l'URSS Exclusion de l'URSS de la SDN Victoire finlandaise à Suomussalmi Grande offensive russe dans l’isthme de Carélie Traité de Moscou et fin de la «guerre d'hiver» Début de la « guerre de continuation » Prise de Vyborg par les Soviétiques Mannerheim, président de la République Traité de paix avec l'URSS

LA LIGNE MANNERHEIM

 

C'est ainsi que se nomme la ligne fortifiée construite par les Finlandais en travers de l'isthme de Carélie, entre Koïvisto, sur le golfe de Finlande, et Taipale, sur le lac Ladoga. Cette ligne fortifiée s'étend sur une centaine de kilomètres, à quelques dizaines de kilomètres

 

de la frontière soviétique.

 

Partout où n'existe aucun obstacle naturel, tel que lacs et marais, de larges fossés camouflés, des barrages de mines, des chicanes de blocs de rocher enfoncés dans le sol visent

 

à interdire la progression de blindés.

 

L'attaque soviétique de décembre 1939 bute dans un premier temps contre cet obstacle. Celui-ci disparait toutefois dès lors que le golfe de Finlande et le lac Ladoga sont pris par les glaces, permettant aux Soviétiques de déborder

 

la ligne Mannerheim par des mouvements enveloppants.

 

De plus, à partir de février 1940, l'emploi massif de l'artillerie lourde par les Soviétiques aboutit à percer une brèche dans la ligne Mannerheim dans la région

 

de Summa.

 

Les Finlandais se replient alors sur une deuxième ligne beaucoup moins organisée à quelques kilomètres en arrière.

« • l'offensive généra le des jours suiva nts contre la ligne de défense principale se solde par un échec.

Les attaques partielles renouvelées jusqu'à la fin du mois restent aussi infructueuses.

Il en est de même d'une oction novole entrep rise contre le port de Hanko , à l'entrée de golfe de Finlande .

• Au nord du lac Ladoga, les unités soviétiques empruntent les axes routiers que les chars ne peuvent quitter en raison de la forêt environnante.

En revanche , le couvert des arbres permet aux Finlandais d'attaquer avec succès les flancs des colonnes ennemies.

• Plus au nord , les Soviétiques entreprennent de couper le pays en deux en tentant de rejoindre le golfe de Botnie .

Leurs divisions se heurtent à des unités finlondoises légères à skis : une division est repoussée à Salla les 20 et 21 décembre , deux autres sont détruites à Suomussalmi les 30 et 31 décembre.

• Dans la région de Petsamo , les Soviétiques sont également contraints de reculer sous la pression des Finlandais.

LA DEUXIÈME PHASE (1~ JANVIER-10 FÉVRIER 1940) • Le front étant stabilisé, la nuit polaire et le froid intense poussent les Soviétiques à rechercher la décision au nord du lac Ladoga.

• Ils subissent deux nouveaux revers, l'un à Pitkaranta le 15 janvier, l'autre à Siskijarvi, plus au nord , où une de leurs divisions , encerclée, résiste plus d 'un mois avant de céder, le 10 février , aux assauts des Finlandais .

• De son côté, l'Allemagne nazie conclut des difficultés rencontrées par les Soviétiques en Finlande que l'Armée rouge ne constitue pas une menace redoutable.

LA TROISIÈME PHASE (10 FÉVRIER-20 MARS 1940) • Les derniers combats de la guerre d'hiver se jouent dans l'isthme de Carélie .

Les Soviétiques , qui ont pris la mesure de leur adversaire, y relancent leurs attaques avec plus de méthode et, surtout, avec des moyens plus étoffés, notamment en artillerie lourd e.

• Le 11 février, le général Timochenko , qui dirige les opérations en Finlande, lance une grande offensive contre un adversaire à présent épuisé.

À la poussée frontale , qui fait brèche à Summa, s'ajoutent deux actions débordantes sur les glaces du golfe de Finlande et du lac Ladoga .

La contre-attaque des hommes de Mannerheim, menée les jours suivants, est impuissante à ébranler un adversaire renforcé .

Les Finlandais sont contraints de se replier vers l 'ouest, tandis que les Soviétiques accentuent leur pression .

• Début mars , les Soviétiques traversent le golfe de Vyborg et prennent à revers la ville du même nom qu'ils atteignent le 2 mars.

La guerre est désormais perdue pour les troupes du général Mannerheim .

• Le 12 mars, les négociateurs finlandais, envoyés à Moscou à la suite d'une médiation germano-suédoise, acceptent les conditions de paix du gouvernement soviétique.

LE TRAITÉ DE MOSCOU (13 MARS 1940) • Le traité de Moscou signé le 13 mars 1940 prive la Finlande de la presqu71e des Pêcheurs et de la région de Salla et de Kuusamo et, surtout, de l'isthme de Carélie et de la rive nord du lac Ladoga .

Helsinki obtient un bail de trente ans sur la presqu71e de Hanko qu'elle perd également.

• Le bilan humain aussi est lourd .

La Finlande a perdu 24 900 hommes et compte quelque 45 000 blessés .

li lui faut en outre reloger environ 500 000 réfugiés chassés de Carélie .

Les pertes soviétiques -jamais officiellement confirmées - s'élèveraient à 200 000 tués.

LA RÉORGANISATION DE J.' ARMÉE FINLANDAISE • Au lendemain du traité de Moscou, le gouvernement finlandais met en œuvre une profonde réorganisation des forces armées.

portée à deux ans.

Un rédécoupage territorial est entrepris afin de pouvoir mobiliser seize divisions.

Des troupes d'élite- chasseurs et cavaliers- sont créées.

Les motérie/s sont modernisés et des dépôts sont mis en place de façon à améliorer leur disponibilité.

LE RAPPROCHEMENT AVEC L'ALLEMAGNE • En avril1940, alors que la Finlande réorganise ses forces armées, l'Allemagne envahit et occupe la Norvège voisine.

• Soucieux d'assurer l'entretien de ses effectifs désormais déployés sur le sol norvégien, Berlin sollicite du gouvernement finlandai s, alors dirigé par Risto Heikki Ryti, ainsi que du gouverneme nt suédois l'autorisation de laisser transiter par leurs territoires respectifs malades et permissionnaires allemands .

Le 17 août 1940, la Finlande accepte, après la Suède , la requête de Berlin , en échange de la livraison d'armes et de matériels modernes .

• De son côté, l'URSS, en dépit des avantages obtenus lors du traité de Moscou , ne relâche pas sa pression sur la Finlande, notamment après l'invasion des pays baltes par l'Armée rouge, en juin 1940 , et leur rattachement en août à l'URSS en tant que « républiques socialistes soviétiques » .

• La permanence de la menace soviétique et le désir de revanche après les pertes territoriales de la « guerre d'hiver n incitent la Finlande à renforcer ses liens avec l'Allemagne.

Dès janvier 1941, des liaisons d'état-major sont établies entre les deux pays.

Bientôt, la tension entre l 'Allemagne et l'URSS parait suffisamment inquiétante pour que les Finlandais procèdent.

l e 9 juin, au rappel des réservistes.

Le 17 juin, bien que Berlin n 'ait pas informé Helsinki de son projet d'invasion de l'URSS -l'opération Barbarossa -, la Finlande décrète la mobilisation générale.

• Le 22 juin, alors que les blindés allemands franchissent la frontière de l'URSS, plusieurs villes de Finlande sont bombardées par les Soviétiques.

Quatre jours plus tard , la Finlande est de nouveau en guerre contre I'U RSS.

C'est encore au maréchal Mannerheim qu'il revient de conduire les opérations militaires .

LA RECONQUhE DES TERRITOIRES PERDUS (JUILLET-DÉCEMBRE 1941) • Le maréchal Mannerheim tente de profiter de la désorganisation de l 'Armée rouge face à la ruée des blindés allemands.

• Le 10 juillet.

il engage l'armée de Carélie en direction du lac Ladoga et de l'isthme d 'Aunus.

où celle-ci se heurte toutefoi s à une vive résistance soviétique.

Seule l'intervention de divisions allemandes permet d'emporter la décision au nord­ est du lac Ladoga , puis dans la partie orientale de l'isthme de Carélie .

• Entre le 23 et le 29 août, Vyborg est reprise au terme de violents combats.

Les troupes finlandaises prennent position sur les fortification s sovié tique s qui font barrage devant l'isthme de Carélie.

En dépit des demande s répétées de Berlin , le gouvernement finlandais refuse toutefois de pousser ses armées en direction de Leningrad .

·L'armée de Carélie envahit l'isthme d 'Aunus , franchissant la frontière de 1939 en direction du Svir et occupant la ville russe de Petrozovodsk.

Les Finlandais s'installent défensivement sur la rive sud du fleuve et achèvent le nettoyage de la rive est du lac Ladoga .

• Les rigueurs de l'hiver et la lassitude des soldats finlandais, qui se traduit par plusieurs cas de désobéissance collective , ont pour effet de faire durer les combats d'octobre à décembre .

À cette date, la voie ferrée Mourmansk-Leningrad est coupée .

Toutefois , les Finlandais rejettent de nouveau les injonctions allemandes de poursuivre plus avant.

• Dans la nuit du 2 au 3 décembre, les Soviétiques évacuent Hanko.

Estimant leurs positions défensives suffisamment établies, les Finlandais commencent à dissoudre plusieurs unités et à libérer les classes les plus âgées.

• Le 6 décembre, la Grande -Bretagne déclare la guerre à la Finlande .

lA GUERRE EN SOMMEIL (JANVIER 1942-JUIN 1944) • Alors qu'en URSS , la guerre entre l'Armée rouge et la Wehrmacht fait rage, les deux années qui suivent ne sont marquées par aucune opération d 'envergure sur le front finlandais .

• En janvier 1942 , les troupes de Mannerheim reprennent toutefois 171e Suu rsaari, dans le golfe de Finlande .

À la même époque, les Soviétiques lancent de nouvelles attaques le long du Svir.

• Dans le même temps , les relations germano-finnoises sont marquées par une intense activité diplomatique qui culmine le 4 juin 1942 avec la rencontre entre lemorécho/ Monnerheim et le chancelier AdoH Hitler.

Des contacts ne peut prétendre imposer une solution militaire pour mettre fin au conflit avec l'UR SS.

De nouveau , la diplomatie reprend ses droits .

• Le 1" août.

le président Ryti démissionne au profit d u maréchal Mannerheim en vue de faciliter les négociations .

• Un trait é de paix provisoire est signé le 19 septembre.

Ses disposit ions prévoient le retour de la Finlande sur ses front ières de 1940 , le paiement d'une indemnité de guerre, la perte de la région de Petsamo -qui prive la Finlan de de son accès à la mer de Baren ts-, le prêt de la presqu71e de Porkk ala, aux portes d'Helsinki , et la rupture avec le Ill' Reich .

• Confronté à la défect ion de la Finlande , l'Allemag n e déclenche aussitôt l'opération Birke :les forces allemandes présente s en Finlande sont repliées sur la frontiè re norvégienne tout en gardant le contrôle du port de Petsamo.

Cette opératio n vise à raccourcir le front défendu par les forces allemandes et à l 'adosser à la Norvège, alliée du Reich.

• Les Finlandais se retournent alors contre l'ancien allié allemand, mais c'est à l'Armée rouge que revient le mérite de chasser les Allemands de Petsamo et de les repousser en Norvège .

• La guerre se termine donc pour la Finlan de qui, après avoir perdu 55 000 h ommes supplémentaires au cours de la « guerre de continuation >>, n'est pas parvenue à reconquérir les territoires cédés en mars 1940.

• L'épura tion exigée par l'URSS s'effectue avec moins de dureté en Finlande que dans les autres pays vaincus.

Le maréchal Mannerheim sont également est toute fois contraint de démissionner établis avec les le 4 mar s 1946 .

Soviétiques par l'intermédiaire ~-------------! de la Suède.

Président depuis décembre 1940 , Risto Heikki Ryti négoc ie en mars 1943 un armistice avec les Soviétiques, qui est rejeté par le Parlement.

• En janvier 1944 , alors que les Finlandais organisent de nouvelles lignes défensives dans les isthmes de Carélie et d 'Aunu s, leurs dernières troup es qui se trouvaient encore subordo nnées aux Allemand s repas sent sous commandement finlandais .

LE RETOURNEMENT CONTRE L'ALLEMAGNE (JUIN 1944-IANVIER 1945) • Depu is la reddition en janvier 1943 de l'armée du général von Paulus assiégée dans Stalingrad, l'avantage repasse aux Soviétiques dont les Finlandai s considèrent avec inquiétude la progre ssion rapide malgré la résistance acharnée des Allemands .

• Dès le mois de mai, l 'Armée rouge masse des troupes sur le front de Carélie dans le but évident de ramener la Finlande sur ses frontières de 1940 .

• Le 9 juin, au terme d'une intense préparation d'artillerie, les Soviétique s attaquent les positions finlandaise s.

Afin de déga ger des renforts , Mannerheim donne l'ordre d'évacue r la Carélie soviétique.

Le 20 juin, Vyborg tombe quasiment sans résistance aux mains de l 'Armée rouge qui déborde la ville et lance une puissante attaque dans le secteur de Tali, théâtre de violents combats de chars entre le 26 et le 30 juin.

• Même si les forces finlandaises parviennent à se ressaisir quelque peu au cours du mois de juillet, le gouvernement est conscient qu'il LE MARÉCHAL MANNERHEIM (1867-1951) • Issu d'une vieille famille suédoise établie en Finlande au XVIII' siècle, Ctn1GIISin Mo8ft111e/m suit la formation de l'école de cavalerie russe et est affecté en 1890 au régiment des chevaliers­ gardes du tsar.

• Il gagn e un immense prestige lors de la guerre russe-japonaise à laquelle il participe .

Nommé général en 1910, puis aide de camp du tsar en 19t2, il exerce divers commandements lors de la Première Guerre mondiale .

Il quitte la Russie au moment de la révolution de 1917.

• Rentré dans son pays d'origine , qui proclame son indépendance la même année, il combat les commun istes et met fin à la guerre civile en Finlande.

• Nomm é régent, il échoue en 1919 à la prés idence de la République et se consacre dès lors à la réorganisation de l'armée, faisant édifier la ligne de fortifications qui porte son nom .

• Il assure le commandement en chef des armées lors de la « guerre d'hiver» puis pendant la « guerre de continuation ».

• Il démissionne en 1946 et se retire en Suisse où il meurt en 1951.. »

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